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Le gai savoir

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Par   •  5 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 884 Mots (8 Pages)  •  663 Vues

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En quoi la science repose-t-elle sur l’hypothèse d’un univers ordonné ? Quel(s) problème(s) cette hypothèse soulève-t-elle ?

Nietzsche rejette deux modèles de description de l’univers : à la fois la description de celui-ci comme un organisme, et comme une machine. Nous tendons à supposer que le mouvement de tous les astres est aussi bien réglé que celui des étoiles les plus proches de nous, mais l’ordre que nous constatons, selon Nietzsche, doit plutôt être vu comme une exception que comme une règle. De même, l’organique est « l’exception des exceptions ». Si l’univers est chaotique, ce n’est pas en tant qu’il est contingent, mais en tant qu’il n’y a pas en lui l’ordre que nous désirons y voir. Nous appliquons à l’univers des critères moraux et esthétiques, en le décrivant comme parfait ou beau : il s’agit là d’anthropomorphisme. De même qu’il n’y a pas de buts dans l’univers (c’est-à-dire, pas de finalité), il n’y a pas non plus de hasard : ce terme n’aurait de sens que relativement à des buts. Or, dans un univers sans but, tout est et n’est pas hasard.

La démarche de la science est-elle explicative ?

« Nous décrivons mieux — nous expliquons tout aussi peu que nos prédécesseurs. » Ce qui nous empêche d’expliquer les phénomènes naturels, c’est que nous utilisons dans nos explications des abstractions qui n’existent pas dans le monde. Nous transformons en images les objets que nous observons, nous en retirons les particularités pour les décrire par des modèles, mais nous nous retrouvons à schématiser des choses (lignes, formes, atomes, « temps divisibles ») qui n’existent pas. Nous n’expliquons pas le réel, nous l’illustrons et nous le décrivons.

Si nous ne pouvons pas expliquer les phénomènes, c’est également parce que la séparation de la cause et de l’effet est artificielle : nous imposons de la discontinuité à un enchaînement d’événements continus. Nietzsche prend l’exemple du mouvement, que nous décrivons par un ensemble de « points isolés » : il s’agit d’« une représentation figée » d’un objet qui ne l’est pas. Non seulement nous n’accédons pas à l’explication, mais la description est, elle aussi, inadaptée au réel.

Existe-t-il une norme pour définir ce qu’est la santé ?

Nietzsche clarifie le concept de « santé ». Celle-ci n’est pas le contraire de la maladie. La santé n’est pas un état figé ; il s’agit, selon Nietzsche, d’un processus de dépassement, qui n’exclut pas la maladie. La santé est une façon de répondre à la maladie, et non l’état d’un corps qui serait à l’abri de toute maladie.

Chercher à éradiquer la maladie, selon Nietzsche, est un non-sens ; il énonce d’ailleurs dans le livre V « une santé que l’on ne se contente pas d’avoir, mais que l’on conquiert encore et doit conquérir continuellement ». La santé n’est donc pas conçue comme une norme du corps que l’on dirait « sain ». Il n’y a pas un seul modèle de santé, mais plusieurs « santés », propres à différents corps. Nietzsche considère qu’il n’y a pas de santé « en soi » : « il importe de connaître ton but, ton horizon, tes forces, tes impulsions, tes erreurs et surtout l’idéal et les fantômes de ton âme pour déterminer ce que signifie la santé, même pour ton corps. Il existe donc d’innombrables santés du corps ». Ibid.

Ici, nous pouvons envisager la lecture d’un extrait de l’ouvrage Le Normal et le pathologique, de George Canguilhem, pour travailler la notion de maladie, et l’impossibilité de s’appuyer sur le seul écart à une norme supposée ou statistique pour déclarer un patient malade.

« Ultime scepticisme - Que sont donc en fin de compte les vérités de l’homme ? Ce sont les erreurs irréfutables de l’homme »

Nietzsche rapproche la vérité de son antonyme, l’erreur. Nous considérons que les deux termes sont opposés, mais ce que nous appelons des vérités ne sont peut-être que des assertions que nous ne parvenons pas à réfuter, c’est-à-dire, dont nous ne parvenons pas à démontrer la fausseté. Cette citation est cohérente avec la conception nietzschéenne de la vérité que nous retrouvons dans son Livre du philosophe : « les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont ». Il n’y a pas de vérité autre qu’humaine. Toutefois, le perspectivisme nietzschéen ne conduit pas à l’affirmation que tous les points de vue se valent.

En quoi l’affirmation « pas d’effet sans cause » provient-elle de la croyance en une volonté ?

Spontanément, selon Nietzsche, nous croyons que la volonté explique l’action : je lève le bras lorsque je veux le lever. L’action est donc perçue comme le résultat (l’effet) d’une volonté (cause), et nous appliquons cette même relation à tous les phénomènes que nous observons. Nous ne supposons pas nécessairement l’intentionnalité (le fait que ces phénomènes soient le produit d’une volonté), mais nous supposons qu’ils sont des effets, produits par des causes.

Ici, Nietzsche s’oppose au concept de « vouloir-vivre » qu’il trouve chez Schopenhauer. Selon ce dernier, l’origine du mouvement de tous les êtres est le vouloir-vivre. Nietzsche lui répond que la volonté n’est présente que chez les « êtres intellectuels », et que celle-ci n’est pas première : elle n’apparaît qu’en présence d’une « représentation de plaisir ou de déplaisir ».

Ainsi, contrairement à Schopenhauer, Nietzsche considère que la représentation précède la volonté.

En quoi la science repose-t-elle sur l’hypothèse d’un univers ordonné ? Quel(s) problème(s) cette hypothèse soulève-t-elle ?

Nietzsche rejette deux modèles de description de l’univers : à la fois la description de celui-ci comme un organisme, et comme une machine. Nous tendons à supposer que le mouvement de tous les astres est aussi bien réglé que celui des étoiles les plus proches de nous, mais l’ordre que nous constatons, selon Nietzsche, doit plutôt être vu comme une exception que comme une règle. De même, l’organique est « l’exception des exceptions ». Si l’univers est chaotique, ce n’est pas en tant qu’il est contingent, mais en tant qu’il n’y a pas en lui l’ordre que nous désirons y voir. Nous appliquons à l’univers des critères moraux et esthétiques, en le décrivant comme parfait ou beau : il s’agit là d’anthropomorphisme. De même qu’il n’y a pas de buts dans l’univers (c’est-à-dire, pas de finalité), il n’y a pas non plus de hasard : ce terme n’aurait de sens que relativement à des buts. Or, dans un univers sans but, tout est et n’est pas hasard.

La démarche de la science est-elle explicative ?

« Nous décrivons mieux — nous expliquons tout aussi peu que nos prédécesseurs. » Ce qui nous empêche d’expliquer les phénomènes naturels, c’est que nous utilisons dans nos explications des abstractions qui n’existent pas dans le monde. Nous transformons en images les objets que nous observons, nous en retirons les particularités pour les décrire par des modèles, mais nous nous retrouvons à schématiser des choses (lignes, formes, atomes, « temps divisibles

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