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Dissertation sur la science constitue-t-elle toujours un progrès ?

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e éblouis par la vérité qu'on les obligerait à contempler. Cette illustration montre que l'homme a peur de voir ces croyances anéanties, quand bien même on lui montre la vérité. Le progrès scientifique et technique risque de la même manière de mettre à mal ce qu'on tenait pour vrai en affirmant de nouvelles thèses, et changer ainsi une certaine vision du monde chez les individus, qui sont déstabilisés. Platon met en garde contre cette attitude renfermée qui consiste à se satisfaire des opinions que l'on s'est approprié au détriment de la vérité. Il ne faut donc pas avoir peur d'être « secoué » dans ses certitudes, donc ne pas craindre le progrès, car il est porteur de vérité, et nous élève.

On ne doit donc en aucun cas avoir peur du progrès scientifique, mais il est humain de redouter le bouleversement qu'il va produire et la difficulté que l'on risque d'avoir à l'accepter. En effet, Galilée n'a pas réussi à faire admettre par l'opinion publique, comme Copernic avant lui, que la terre tourne autour du soleil et qu'elle n'est pas le centre de l'univers, car cette découverte opérait une véritable révolution dans la vision ethnocentriste des hommes du 16ème siècle. Pour progresser, il faut donc accepter d'être perturbé et de remettre en cause ces certitudes donc ne pas avoir peur du changement.

2ème partie : Mais le danger réside dans l'utilisation que l'on fait du progrès scientifique.

« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », disait déjà Rabelais en son temps. En effet, si le progrès à d'emblée une connotation positive, tous dépend ensuite de l'utilisation que l'on fait de la science acquise, et de l'exploitation des nouvelles découvertes. La peur du progrès scientifique peut alors s'inscrire dans une méfiance à l'égard des savants eux-mêmes, ou de puissants qui se réapproprieraient les nouvelles découvertes à des fins néfastes ou immorales. On voit par exemple ce qu'a donné la découverte de l'énergie atomique quand elle est utilisée à des fins guerrières et destructrices.

En effet, le progrès incessant dont témoigne l'évolution des techniques et des sciences jusqu'à ce jour peut procurer à l'homme une sensation de toute puissance, et un désir de s'améliorer toujours plus, et d'accroître sa force toujours davantage. Cette dérive entraîne l'homme au vice, c'est-à-dire à l'excès dans la recherche inassouvie de bien et de puissance. Parce qu'il sait que le progrès scientifique est possible, alors plus rien ne résiste au désir de l'homme, qui laisse aller à rechercher l'inaccessible, et révèlent ses penchants les plus vils, tels que le désir de domination. Platon explique ainsi au livre II de La République, à travers le mythe de l'anneau de Gygès qui rend son porteur invisible, qu'un homme qui aurait la puissance de faire ce qu'il veut en étant garanti de son impunité ne se priverait pas de faire le mal. Le progrès scientifique, tout comme l'anneau de Gygès, peut parfois jouer ce rôle de puissance capable de répondre à tout problème, et c'est parce que l'homme a une puissance absolue et aveugle dans la puissance du progrès scientifique, qu'il ne se limite plus dans ses désirs et sombre dans le vice.

Ainsi, la confiance absolue dans le progrès peu porter préjudice au progrès lui-même, et c'est alors l'absence de rigueur scientifique qu'il faut redouter. En effet, persuadés que le progrès scientifique ne peut être qu'amélioration, les hommes en oublient les considérations morales et les problèmes éthiques que les avancées scientifiques peuvent susciter. Ainsi, ce n'est pas parce que l'on connaît le moyen de cloner un humain qu'il faut le faire pour autant. Ce dont il faut avoir peur dans le progrès scientifique, c'est donc de son application, et de son appropriation par les hommes dans le domaine pratique. Le progrès scientifique ne doit jamais se départir d'une réflexion et d'une considération morale sur ces enjeux et ses conséquences dans toutes les sphères possibles de son application.

3ème partie : Craindre le progrès scientifique serait ne pas estimer l'homme.

Avoir peur du progrès technique et scientifique, c'est avoir peur de la puissance humaine, de sa capacité à développer son savoir-faire et à accroître ses connaissances. Il peut alors paraître absurde de craindre l'action de l'homme, car cela signifierait en définitive que l'on ne fait pas confiance à l'homme, et à son humanité, donc son bon sens et sa raison.

En outre, une telle crainte suppose que l'homme puisse se laisser dépasser par sa propre création, et confère une réalité propre et autonome au « progrès scientifique », qui apparaît comme une menace indépendante des hommes dont il est pourtant issu.

Par ailleurs, en restant dans la peur du progrès, on s'expose à l'immobilisme, et à la stagnation scientifique. Craindre le progrès, c'est préférer s'en tenir aux découvertes acquises, et refuser le développement des techniques et l'accroissement du savoir. Le philosophe Pascal critique cette attitude qui consiste, dans le domaine des sciences, à se soumettre aux autorités, c'est-à-dire aux savants qui nous ont précédé, sans chercher à dépasser leur théorie en les passant au crible de la critique, mais en acceptant leurs thèses comme admises une fois pour toute. Pour Pascal, cette « soumission aux anciens » n'est

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