Lettres Persanes
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Du pamflet des mœurs Montesquieu passe à la satire sociale, religieuse et politique. Outre ce plan directeur, le livre présente le contexte: les événements et les intrigues du harem du Usbek Persique, l'occasion de l'auteur pour faire face à deux civilisations différentes.
Se distinguent par leur valeur: lettres satiriques (environ 68) appartenant à Rika et Usbek et la politique de ciblage, et les mœurs et les institutions occidentales, en particulier les lettres françaises et philosophiques entre Rika, Usbek et leurs correspondants, dans lesquelles ils traitent des questions de droit, de morale, de justice, de religion et de politique, des lettres où Usbek veut s`assurer de la fidélité de ses femmes pendant son absence.
Lettres persanes est une image complèxe et colorée de la vie sociale du XVIIIe siècle en France.
On va s`occuper de la dernière lettre du roman,la lettre CLXI dans laquelle Montesquieu critique l`Orient, bien qu`avant il a critiqué toujours la France. On assiste a une epreuve d`émancipation de la femme, une idée totalement nouvelle au XVIIIe siècle. On a 4 grands points sur lesquelles on va faire des commentaires.
« Lettre CLXI
Roxanne a Usbek, a Paris.
Oui, je t'ai trompé; j'ai séduit tes eunuques; je me suis jouée de ta jalousie; et j'ai su de ton affreux sérail faire un lieu de délices et de plaisirs.
Je vais mourir; le poison va couler dans mes veines: car que ferais-je ici, puisque le seul homme qui me retenait à la vie n'est plus? Je meurs; mais mon ombre s'envole bien accompagnée: je viens d'envoyer devant moi ces gardiens sacrilèges, qui ont répandu le plus beau sang du monde.
Comment as-tu pensé que je fusse assez crédule, pour m'imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices? que, pendant que tu te permets tout, tu eusses le droit d'affliger tous mes désirs? Non: j'ai pu vivre dans la servitude; mais j'ai toujours été libre: j'ai réformé tes lois sur celles de la nature; et mon esprit s'est toujours tenu dans l'indépendance.
Tu devrais me rendre grâces encore du sacrifice que je t'ai fait; de ce que je me suis abaissée jusqu'à te paraître fidèle; de ce que j'ai lâchement gardé dans mon coeur ce que j'aurais dû faire paraître à toute la terre; enfin de ce que j'ai profané la vertu en souffrant qu'on appelât de ce nom ma soumission à tes fantaisies.
Tu étais étonné de ne point trouver en moi les transports de l'amour: si tu m'avais bien connue, tu y aurais trouvé toute la violence de la haine.
Mais tu as eu longtemps l'avantage de croire qu'un coeur comme le mien t'était soumis. Nous étions tous deux heureux; tu me croyais trompée, et je te trompais.
Ce langage, sans doute, te paraît nouveau. Serait-il possible qu'après t'avoir accablé de douleurs, je te forçasse encore d'admirer mon courage? Mais c'en est fait, le poison me consume, ma force m'abandonne; la plume me tombe des mains; je sens affaiblir jusqu'à ma haine; je me meurs. »
Du sérail d'Ispahan, le 8 de la lune de Rebiab 1, 1720.
1. Feminin vs. masculin
La dernière lettre du roman est mis en place par une rethorique de l`antithèse. On a ,parmi autres, l`opposition masculin-feminin.
Usbek est un symbole de la toute puissance masculine et les femmes du Harem lui appartiennent. Pour lui, une femme est un objet qui doit obéir.
De l`autre coté on a Roxanne, la femme incapable de soumission, mais capable de vangeance, la femme libérée par la mort. Donc, on a ici une revolte du femme qui ne peut pas accomplir son destin et pour laquelle la mort représente la liberté absolute. Les jeux de repétitions ,les inversions et les simétries ont le role de montrer où Roxanne met l`accent. Elle met en scene la repétition obsedante je et tu «tu me croyais trompée, et je te trompais»-actif-passif ,ou le je est toujours sujet, objet ou complement «je t`ai trompé» , «je vais mourir», mais tu ,a la fin, est seulement objet et complement «t'avoir accablé», donc on peut dire que Roxanne devient maitresse de son destin, elle est responsable pour ses actes, elle sait que ,après cette lettre, elle va etre libre.
On a aussi affaire a une heroisme du suicide du femme, ou l`homme reste sans espoir et sans pouvoir donner une reponse, ce qui est surprenant pour le XVIIIe siècle. Roxanne a sauvé toujours les apparences,elle a pu pas etre soumise «te paraître fidèle». La rethorique de l`antithèse fait partie de celle de la passion, de l`amour de Roxanne pour Usbek, amour qui a été trahi parce`qu`elle n`a pas pu etre libre : «non: j'ai pu vivre dans la servitude».
2. Le tragisme de la lettre-la mort de Roxanne
Prémierement le temps de recit se confond avec celui de l`agonie, entre le moment où elle vient d`avaler le poison «le poison va couler dans mes veines» et celui où il produit son effet «je sens affaiblir jusqu'à ma haine; je me meurs. » On retrouve le champ lexical de la mort : mourir, le poison, répandre le sang, je meurs.
L`effet dramatique est produit aussi par l`idée que Roxanne est meurt quand Usbek lit la lettre. On a le langage tragique qui met en evidence cet aspect: «tu m`avais bien connue», la hyperbole «le plus beau sang du monde », l`interrogation oratoire «que ferais-je ici […] ? » Les dernières mots de Roxanne renforcent l`effet de dramatiser l`action «je me meurs».
«Car que ferais-je ici, puisque le seul homme qui me retenait à la vie n'est plus? » relève le désir du Roxanne de ne fait plus partie du monde . Le poison qui tue Roxanne est corelé avec celui de la verité qui tue, dans quelque sorte, Usbek, quand il voit la lettre. L`idée du dernièr parole de Roxanne, qui personne ne pourra jamais corregir ou inflechir, comme Madame de Chartres dans La Princesse de Cléves, c`est que c`est vrai, que Roxanne dit tout ce qu`elle croit et ce qu`elle veut. Elle veut mourir tranquille, en savoir qu`elle a fait tout pour devenir libre. Bien que Roxane reconnaisse ses fautes dans l’amorce de la lettre, elle se donne elle-même la mort : elle échappe ainsi à la loi masculine, sa mort n’est pas un châtiment.
On voit dans le texte que les deux premiers paragraphes s’opposent : dans l’un la jeune femme décrit ses actes selon le vocabulaire de la loi masculine - trompé/séduit ; dans l’autre, elle en formule la vérité intime, profonde.
Le second paragraphe met l’accent sur la raison profonde de sa mort. Roxane meurt par amour. Outre qu’elle héroïse son amant «le seul homme»,Roxane présente la cause de sa mort comme une évidence intime, redoublement du lien logique car/puisque et connotation particulière de puisque. L’homme aimé, l’amour revêtent une dimension vitale nettement supérieure à la loi d’Usbek.
Le roman epistolaire joue entre lecture et écriture. Roxanne meurt de desespoir, son suicide est son dernier moyen de protestation, d`affirmation de sa liberté, conforme a ce qui Usbek lui-meme proclame.
L`ironie est toujours présente dans les paroles de Roxanne, elle utilise l`antiphrase : «tu devrais me rendre grâces encore», «nous etions tous deux heureux», cela etant une preuve de la liberté du Roxanne, qui utilise les memes moyens pour retournir contre Usbek ses propres armes «tu me croyais trompée, et je te trompais». Roxanne evoque sur le mode tragique ce que Anais evoquait sur un ton libertin et plaisant. Cette lettre va a la fin du roman parce`qu`elle après elle on peut seulement attendre le silence de la mort.
3.Vérité et illusions
Roxane, dans cette lettre, lève les masques et assume une parole de vérité. Elle manifeste d’ailleurs à l’égard de son maître sa supériorité.Son ton est ferme et catégorique, ses phrases sont brèves et assertives. L’énumération des verbes dont elle est le sujet la montre agissante: trompé, séduit, jouée, faire,je viens d’envoyer, j’ai réforme, j’ai profané, je te trompais ". A l’inverse, Usbek apparaît comme un être passif - le " tu ", qui le désigne, n’apparaît que dans des adjectifs ou pronoms compléments : je t’ai trompé... j’ai séduit tes eunuques, ou comme sujet de verbes de sentiments ou de croyance : as-tu pensé, tu étais étonné . Usbek est/était dans
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