Peut-on penser seul ?
Dissertation : Peut-on penser seul ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Raion04 • 31 Janvier 2022 • Dissertation • 3 316 Mots (14 Pages) • 953 Vues
Bouillaud Mercredi 25 Janvier 2022
Alexis Terminale 3
Examen blanc de Philosophie
4 heures
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Vous rendrez le sujet et vos brouillons avec votre copie.
Vous traiterai au choix l’un des sujets suivants :
Sujet 1: Doutez est-ce renoncer à la vérité ?
Sujet 2: Peut-on penser seul ?
Sujet 3: Expliquez le texte suivant.
« Nous sommes conscients de notre liberté si nous reconnaissons que certaines exigences nous concernent. Il dépend de nous de les satisfaire ou de nous y dérober. Nous ne pouvons pas sincèrement contester le fait que nous prenons des décisions et que par là nous décidons de nous-mêmes, nous sommes responsables.
Celui qui tente de le nier doit s’interdire, s’il est conséquent*, toute exigence à l’égard d’autres hommes. Un accusé voulut un jour plaider innocence devant le tribunal ; il allégua* qu’il était né avec des dispositions qui l’avaient entraîné au mal et que, ne pouvant agir différemment, il ne devait pas être tenu pour responsable. Le juge répondit avec esprit que la même raison justifiait également sa conduite à lui, juge; il ne pouvait pas non plus faire autrement que de condamner, étant ce qu’il était et forcé par là d’agir selon les lois données. »
Karl Jaspers, Introduction à la philosophie,
chapitre VI, L’homme (1950), trad. J Hersch, Plon, 1951.
Conséquent = logique avec lui-même
Alléguer = affirmer, prétendre
Remarques :
Pour les trois sujets, exploitez au mieux vos connaissances (définitions, références) toujours en établissant scrupuleusement le lien avec votre propos.
Pour les dissertations, ne vous limitez surtout pas à une sorte de récitation du cours, construisez votre propre réflexion et « nourrissez là » ensuite de vos connaissances.
Pour le texte qui est relativement bref, soyez très minutieux dans vos explications, tous les termes doivent vous donner matière à analyse.
Plan:
I. Existe-il une pensée autonome, indépendante d’autrui ?
II. Pouvons-nous déterminer librement nos pensées ? Quelle est l’influence des préceptes inculqués ou acquis par expérience sur notre pensée propre ?
III. Comment concevoir alors des possibilités de libération de l’esprit, d’affranchissement de l’opinion d’autrui ?
Dès le IVème siècle avant J-C, les grecs sages et savants, qu’ils soient stoïciens ou épicuriens, avaient pour but de créer ensemble une société parfaite, et donc lucide, qui devait recentrer la conduite de l’Homme sur la maîtrise de la pensée. Un projet qui en plus d’être ambitieux relevé d’une conception totalement idyllique de l’homme. En effet, ce concept supposait que chaque individu avait la possibilité de régler lui-même ses pensées, d’y répondre sans aucune intervention d’autrui. Platon lui affirmait, que ce qui en nous s’affirme comme pouvoir de réflexion et de conscience est notre âme. Et âmes et penser ont toujours eu un lien dans la littérature, Victor Hugo a dit: « Penser, voilà le triomphe vrai de l’âme ». On peut donc se demander si la grandeur de l’Homme est formé par une autonomie parfaite de sa pensée ? Mais peut-on réellement penser seul ? Effectivement, sans autrui nous ne serions rien, nous n’aurions pas tout cet héritage culturel, nous n’aurions pas de language, alors est-ce qu’une pensée peut-elle réellement se constituer ? Peut-être pourrions nous différencier penser « par soi-même » et penser « tout seul » ? Dans le langage courant « penser », c'est démontrer son entendement, sa raison pour comprendre ce qui constitue la matière de la connaissance ; cela va plus loin que la perception, la mémoire ou encore l'imagination. L’expression "Penser par soi-même", signifie-t-elle penser tout seul, penser "sans" ou penser "contre" les autres, ou bien encore exercer son esprit critique, faire preuve d'indépendance et d’originalité, se démarquer d’autrui ? Est-il possible de penser par soi-même, et si oui, comment ? A-t-on le droit de penser par soi-même ? Est-il légitime de le faire ? Finalement si les réponses à ces questions sont non n'est-ce pas l’aveux que l’on ne peut déjouer les conditionnements idéologiques à l’image de la publicité ou encore la propagande. N’est-ce pas un aveu de faiblesse, capituler sans s’être battu contre l'idolâtrie de l'opinion ? La possibilité ou l'impossibilité d'une pensée personnelle fait écho à une réflexion sur de nombreuses notions comme la liberté, la vérité, la question d'autrui. Renoncer à penser par soi-même, et à se laisser manipuler par la pensée d’autrui n'est-ce pas finalement renoncer à nous-mêmes ? Afin de répondre à cette question il nous faudra tout d’abord définir si il existe une pensée autonome, puis si l’Homme peut déterminer une pensée autonome. Enfin, nous verrons comment nous pouvons essayer de s’affranchir de l’opinion d’autrui.
Jankélévitch à reformuler en quelque sorte, le célèbre Cogite ergo sum de René Descartes: « Par la pensée nous prenons conscience de l'être, mais inversement il faut déjà exister pour penser ». Tout être vivant de par son existence est amené à penser, « j’existe parce que je pense » de Sartre ou « je pense donc j’existe » de Descartes. Contrairement aux animaux, pour qui la faculté de penser n’a pas été démontré, et pour qui la capacité de mettre en œuvre leur conscience est impossible. L’Homme dès sa naissance est apte à réfléchir.. Mais comment pouvons nous définir clairement le fait même de penser ? De nombreuses traces écrites ont été retrouvées à ce sujet et celles-ci témoignent d’une véritable concordance de points de vue. Pour Antoine Destutt de Tracy, politologue et philosophe français du XVIIIe, la faculté de penser pourrait être résumé par le seul terme de « sentir », car pour lui penser c’est sentir des sensations, des souvenirs, des rapports, et des désirs. Autre exemple, Condillac, philosophe et écrivain du XVIIIe, pour lui, la pensée regroupe toutes les facultés de l'entendement et de la volonté. En résumé pour lui penser, c'est sentir, juger, comparer, imaginer, réfléchir, désirer, raisonner, avoir des passions, espérer etc…». Toutes choses que l’on peut démontrer et imaginer. De plus, l’essence même de la pensée serait la réflexion, donc le fonctionnement de notre conscience. Maintenant que l’on en sait d’avantage sur le fait même de penser, peut surgir une question, existe-il une pensée autonome, une pensée totalement indépendante d’autrui ?
Tout d’abord, il existe une pensée spontanée qui, finalement pourrait tout de même s’apparenter à une pensée irréfléchie, une pensée automatique. Nous pourrions prendre l’exemple d’un petit enfant de deux ans à peine, celui-ci n’a pas une faculté de réflexion aussi poussée qu’un adulte. Cependant, si celui-ci mais sa main sous un robinet d’eau bouillante, il la retirera sans qu’on est besoin de lui demander. Pourtant on ne peut affirmer que dans son cerveau se soit déroulé un circuit de réflexions long et réfléchis. Finalement, la douleur l’aura subitement rendu autonome par la pensée. Et c’est le même principe pour un enfant ne maitrisant pas encore ses jambes assez frêles, qui tombera et pleurera à coup sur. Finalement, on se rend compte qu’il est plus concret et simple de représenter l’existence le pensée innées avec l’exemple de l’enfant. On peut déduire de ces exemples que les sensations ont un lien avec la pensée, et donc seront un premier mécanisme cérébral de la pensée autonome, de la pensée sans l’intrusion d’une tierce personne.
Cependant il n’existe pas un seul et unique degrés de pensée. A l’instant nous venons d’expliquer le principe de la pensée spontanée, mais l’on pourrait également distinguer une « pensée réfléchie », même si effectivement nous pourrions apprendre cela à un pléonasme. Cette « pensée réfléchie » serait le degré le plus élevé de la pensée, puisqu’elle quitterait le domaine des seules sensations, de l’instinctif. L’animal lui ressent, et agit seulement par instinct. Cependant, l’homme n’est pas un animal, il possède un équipement psychique lui permettant la réflexion. Si l’on regarde l'évolution de la lignée humaine, les scientifiques peuvent prouver que l’homme actuel est constitué, fait de sorte à pouvoir user de toutes ses facultés attribuées, qu’elles soient corporelles ou psychologiques. Mais une question ce pose, l’homme est-il capable d’entretenir seul cet équipement psychique ? Ne lui faut-il pas une intervention extérieur pour le bon fonctionnement de celui-ci ? La société à l’habitude de représenter le poète seul, inaccessible, plongé
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