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Philo la liberté

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Par   •  2 Décembre 2022  •  Cours  •  6 383 Mots (26 Pages)  •  279 Vues

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VOICI LE DEBUT DU COURS SUR LA NOTION DE LIBERTE :

INTRODUCTION  ( où il s’agit de définir et de problématiser la notion ) :

Nous remarquons tous tôt ou tard les limites de notre liberté.

D’ailleurs, nous remarquons généralement ces limites très rapidement dans le cours de notre existence, et nous les déplorons .

Nous déplorons également la contradiction inhérente à l’idée de liberté.

Quelle est cette contradiction?

D’un côté, la liberté est ce qui me permet de faire ce que je veux, elle m’ouvre

l’infinité des possibles: et en effet, très logiquement, il n’est de liberté que absolue. MAIS cette conception courante de la liberté, d’après laquelle être libre, c’est faire ce que je veux, ce qui me plaît, s’avère assez rapidement insatisfaisante. Pourquoi? Parce que la liberté est alors souvent comprise comme liberté de faire n’importe quoi. Or, on sait très bien que la liberté admet des obstacles, des limites, et que l’on ne peut comprendre la liberté que dans le cadre du rapport à ses limites, à ses contraires: la liberté qui était au départ

pensée comme absolue, devient à présent relative, quitte à ce que l’idée d’une liberté limitée apparaisse comme une contradiction dans les termes.

LA LIBERTE EST-ELLE ABSOLUE OU RELATIVE ?

La liberté serait d’abord opposable à la détermination, et l’homme est au coeur de cette opposition: en effet, on peut comprendre l’homme comme déterminé à la fois par des lois naturelles qui le dominent et par des règles culturelles qui le brident.

Les lois naturelles qui dominent l’homme, quelles sont-elles?

On peut parler ici des déterminismes biologiques, physiologiques, génétiques, psychologiques, morphologiques, kinesthésiques, etc…

Les règles culturelles qui brident l’homme, quelles sont-elles?

On peut parler ici des déterminismes culturels ( d’appartenance ), moraux, juridiques, économiques, socio-économiques et socio-professionnels, historiques, géographiques, éducationnels, religieux, etc…

Qu’est-ce que le déterminisme, ou qu’est-ce qu’un déterminisme ?

On peut tout d’abord répondre d’un point de vue philosophique en affirmant qu’il s’agit d’une doctrine selon laquelle l’ensemble du réel est un système de causes et d’effets nécessaires, y compris en ce qui concerne les choses, ou les événements ou les phénomènes qui paraissent relever de la liberté, de la volonté ou même du hasard, mais cette apparence de liberté, de volonté , de hasard, n’est qu’illusoire: c’est une tromperie aussi bien sur soi-même que sur le monde qui nous entoure.

Le déterminisme ne doit pas être confondu avec la simple causalité.

La causalité établit aussi un lien entre deux événements, le premier produisant le second, sans pour autant que cette relation soit présentée comme nécessaire ( la même cause aurait pu produire un autre effet:

certes, la cause A a produit l’effet B , mais il aurait tout aussi bien pu se faire que cette cause A puisse produire un effet C , un effet D , un effet E…

Dans tout déterminisme, au contraire, la relation de causalité est présentée comme nécessaire.

Le déterminisme s’oppose donc aux relations de causalité dues au hasard ou à la liberté ( cf. l’expression: “les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets” ) .Et contrairement au fatalisme ou à l’idée de destin, le déterminisme ne suppose pas une providence, il est complètement “ aveugle”.

MAIS  on verra plus loin que l’idée du déterminisme ne s’oppose pas nécessairement à l’existence de la liberté: 

d’après le philosophe ALAIN , alias de Emile Chartier ( 1868-1951 ),

on pourrait dire que le déterminisme est à la liberté ce que l’eau est au nageur.

MAIS pour l’instant,le déterminisme apparaît comme incompatible avec la liberté, qui consiste à être soi même la cause de ses actes. Bien entendu, si l’on affirme que l’homme est entièrement  déterminé ( et d’un point de vue naturel, et d’un point de vue culturel ), cela contredit la conception courante selon laquelle la liberté est l’essence de l’homme.D’ailleurs, on parle là aussi de la conception dite “humaniste”.

L’homme est-il vraiment libre, ou bien ce que nous appelons la liberté n’est-elle que notre refus d’un déterminisme que nous n’admettons pas?

LES HOMMES SONT-ILS FONDAMENTALEMENT LIBRES OU DETERMINES ?

Nous venons de voir que la liberté se heurte à des obstacles, qu’ils soient biologiques, ou dérivés de la vie en société.

On peut donc se demander si la liberté est autre chose qu’une abstraction:

par exemple, que signifie encore cette notion si l’on est handicapé, prisonnier ou dans la misère?

La liberté est-elle de droit ou de fait, est-elle un concept théorique ou pratique? La question se pose surtout si les contraintes sociales ou morales imposées par la société sont une entrave à la liberté; mais on peut tout aussi bien comprendre ces contraintes comme ce dont la liberté se nourrit

( cf. l’image de ALAIN ).

La liberté est-elle un droit absolu immédiat, ou est-elle au contraire quelque  chose à conquérir, à cultiver? Autrement dit, est-ce qu’elle se mérite?

EST-ELLE QUELQUE CHOSE DE DONNE, OU FAUT-IL LA CONSTRUIRE ?

PREMIERE PARTIE : LA LIBERTE EST AVANT TOUT UN POUVOIR DE SE DETERMINER,

                                         DE S’AUTO-DETERMINER .

A - LA QUESTION DU LIBRE-ARBITRE.

La tradition moderne issue de la pensée cartésienne comprend la liberté comme libre-arbitre, c’est-à-dire comme une liberté de la volonté.

Il n’y a que la volonté pour être absolument libre, et d’ailleurs cette liberté de la volonté se présente d’emblée comme une donnée évidente et absolue.

Pour illustrer cela, il n’est que de citer DESCARTES, dans LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE , §39 (1644 ) :  “la liberté de notre volonté se connaît sans preuves,

par la seule expérience que nous en avons”.

Pour DESCARTES, je peux littéralement vouloir à l’infini, ou en tout cas indéfiniment, tout simplement parce que l’ensemble des objets possibles de la volonté est infini, ou indéfini. Or je peux tout vouloir, rien ne m’en empêche,

et je suis aussi libre qu’il y a d’objets possibles de la volonté. 

La volonté de l’homme est infinie ( faculté de dire oui ou non, de décider le pour et le contre ) : elle est illimitée, et c’est elle qui nous fait ressembler à Dieu;

le problème, c’est que l’intelligence humaine , elle, est tout à fait limitée et restreinte, dans la mesure où personne ( hormis Dieu lui-même ) ne peut prétendre  détenir un savoir absolu.

C’est précisément ce décalage en l’homme entre une volonté infinie et un entendement fini ( pouvoir de compréhension ), qui permet de comprendre le phénomène de l’erreur: dans l’acte de se décider , ou de se prononcer ou de juger, la volonté qui est naturellement supérieure à l’intellect, aura toujours tendance  à le devancer dans son travail pour distinguer le vrai du faux, et à se prononcer avant que l’intellect n’ait terminé son travail de distinction.

Revenons au problème de la liberté: si je dis que ma liberté consiste à porter ma volonté sur un objet plutôt que sur un autre, cela revient à dire que la décision devient le prototype même de la liberté: la décision, quelle qu’elle soit, est à la fois le modèle et la preuve même de la liberté.

Mon pouvoir de décision, mon pouvoir de choisir est bien une preuve de liberté, mais il se révèle également comme une véritable épreuve pour la liberté. Il s’agit d’une véritable épreuve, parce que tout choix a ceci de cruel qu’il consiste avant tout à exclure : choisir, c’est d’abord dire NON , c’est renoncer à quelque chose d’autre. Or, il faudrait toujours pouvoir choisir en connaissance de cause, ce qui n’est pas toujours possible : ce qui est rarement possible en fait. Voire , jamais possible, car pour pouvoir prendre une bonne décision, il faudrait au préalable en connaître tous les effets.

Le philosophe américain JOHN RAWLS (né en 1921 ) nous le dit dans son ouvrage paru en 1971 , THEORIE DE LA JUSTICE : “le meilleur projet pour un individu est celui qu’il adopterait s’il possédait une information complète” ( § 63 ).

Le problème, c’est que nous n’en avons pas le temps : à chaque décision son délai, faute de quoi c’est la vie qui choisira pour nous, à notre place.

Dans cette optique du choix, de la décision, de la détermination ( de l’auto-détermination ) , ma liberté s’exerce à mesure que je fais des choix et ici, j’utilise le verbe “s’exercer” au double sens où elle s’entraîne ( à être une meilleure liberté, elle s’essaye, elle tente des coups ) , et où elle s’applique.

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