Se Nourrir Ne Peut En Aucun Cas Être Une Affaire Personnelle

ividu semble plus manipulé que jamais. Il recherche plus d’authenticité dans les aliments qu’il consommera. Visé par la publicité stimulant ses émotions pour lui vendre des produits soi-disant « traditionnels », « naturels », « vrais », le consommateur accepte passivement l’ « étiquette », l’ « appellation », et achète selon les impératifs des tendances. Cette même « mode » formée à travers certaines émissions de cuisine, certains jeux télévisés, nous fait sentir et goûter de loin, nous fait avoir une idée standardisée de ce qu’on appelle « la grande cuisine ».

Les tendances du marché imposées à la société actuelle deviennent encore plus pesantes en cette période de crise que nous traversons. Consommer fait plaisir et fait oublier les problèmes mais préférer les hypermarchés et le hard-discount signifie aussi se livrer à la consommation de masse ; ce qui signifie également dépenser moins pour que chacun puisse savourer et apprécier les mêmes produits que les autre.

On pourrait aussi également se référer aux achats sur Internet, également source d’uniformisation. Uniformiser le mode d’achat signifie aussi uniformiser les goûts, standardiser l’esthétique. Et à partir du besoin d’imitation et celui de reconnaissance nous sommes amenés à reconnaître l’importance des facteurs sociologiques qui président nos choix culinaires et autres. Ces mêmes qui nous distinguent en tant que membre d’un groupe auquel nous pouvons nous identifier.

Cette appartenance à un groupe national avec des connotations d’importance majeure a été reconnue dans le cas des Français, avec le classement de la gastronomie française au patrimoine mondial de l’Unesco. Cet honneur ressenti par chaque Français renvoie à l’uniformisation non seulement des préférences mais aussi à celle des sentiments partagés par toute une nation qui sera ainsi plus facilement incitée à goûter les mêmes plats avec la même fierté. L’individu aspire à un héritage culturel commun qui le détermine et le maintient pour toujours dépendant du groupe.

En aucun cas, l’alimentation n’est une affaire personnelle ! L’organisation économique et la hiérarchie sociale des pays occidentaux, le mode de vie contemporaine et les comportements adoptés par les citoyens de ces pays envers le phénomène des habitudes alimentaires démontrent que nos choix culinaires sont en grande partie dictés par la société à laquelle nous appartenons.