L'isolement relationel
Rapport de stage : L'isolement relationel. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar sassa27 • 30 Avril 2016 • Rapport de stage • 4 690 Mots (19 Pages) • 1 287 Vues
INTRODUCTION
Plus de dix mille morts en moins d’un mois, au cours de cet été 2003, une vraie hécatombe en temps de paix. La question de l’isolement des personnes âgées devient prépondérante lors de cette canicule. Cette dernière cause « 15 000 décès, essentiellement chez les personnes âgées de 75 ans ou plus ». Le vieillissement attendu de la population conduit à faire de l’isolement relationnel des personnes âgées un enjeu de société.
L’opinion publique prend alors conscience d’un échec national car elle réalise que « nous laissons collectivement nos parents, grands-parents, seuls, isolés, n’ayant personne sur qui compter. L’isolement est identifié comme un des facteurs essentiels de risque qui a provoqué ce drame ». Les personnes âgées de plus de 75 ans ont été les principales victimes de cette canicule, mais le nombre de morts aurait pu être moindre si les proches de ces personnes âgées avaient été présents.
La solitude et l’isolement deviennent une problématique reconnue par l’Etat français si bien qu’en 2004 un « plan canicule » est mis en place, préconisant une prévention de l’isolement et de la solitude, et deviennent une préoccupation des institutions publiques et des associations. En 2011 est lancée comme grande cause nationale « lutte contre la solitude », plusieurs associations ont lancé des campagnes de sensibilisation afin de mieux appréhender ce phénomène. Force est de constater, que le nombre de personnes âgées isolées ne cesse de croître. En effet, selon l’étude de la Fondation de France effectué en juillet 2010 « une personne sur quatre de plus de 75 ans n’a pas plus de trois discussions par an. Par ailleurs, selon la même étude effectuée en juin 2013 « la part des personnes âgées isolées augmente de manière aigue ».
Le constat est relativement similaire dans le territoire sur lequel j’ai effectué deux stages d’une durée de six et huit semaines au Centre Communal d’Action Sociale du Service Social des Personnes Agées. Ce dernier est exclusivement dédié à l’accompagnement au quotidien des personnes âgées pour leur maintien à domicile et à la prévention de leur isolement devenu une problématique grandissante.
Au terme d’échanges avec les usagers, en parallèle du maintien à leur domicile, est apparue une problématique sous-jacente en l’occurrence l’isolement relationnel.
C’est pourquoi, il m’a semblé important de comprendre les raisons pour lesquelles les personnes âgées accompagnées sont donc confrontées à ce phénomène.
Le questionnement qui en découle est le suivant : en quoi l’isolement relationnel des personnes âgées est un phénomène à multiples facettes ?
Cette analyse débutera par une présentation institutionnelle et juridique du terrain de stage. Elle s’attachera, dans un second temps, à comprendre les facteurs aggravants de l’isolement relationnel des personnes âgées. Elle présentera, les différents dispositifs créés pour lutter contre l’isolement des personnes âgées. Elle s’intéressera également au positionnement des travailleurs sociaux face à cette problématique.
a)Le cadre institutionnel et législatif
Le Centre Communal d’Action Sociale :
Avant d’étudier les services proposés par le Service Social Personnes Agées du CCAS, il me semble judicieux de définir l’identité d’un CCAS ; établissement public communal dont l’organisation, le fonctionnement et les compétences sont régis par des textes législatifs. Le CCAS est dirigé par un Conseil d’Administration présidé par le Maire. Il lui incombe de désigner des professionnels qualifiés parmi lesquels doivent figurer un représentant des associations familiales, un représentant des associations de personnes handicapées, un représentant des associations de retraités et de personnes âgées et un représentant des associations œuvrant dans le domaine de la lutte contre l’exclusion. Ce sont ces représentants, associés au Conseil Municipal, qui auront la charge d’élire les personnes locales qui constitueront le Conseil d’Administration du CCAS.
Le cadre législatif
Selon l'article L 123-4 du code l'action sociale et des familles (CASF), le CCAS existe de plein droit dans chaque commune.
Le CCAS est une personne morale de droit public à compétence spécialisée (il ne s’occupe que de l’action sociale), qui s’exerce sur le territoire communal. En tant qu’établissement public, il a une existence juridique autonome, distincte de la commune. Il a un budget et un patrimoine propres, la capacité de passer des actes administratifs et de conclure des contrats administratifs. Il peut agir en justice. Le CCAS développe des activités et missions (dans le cadre légal et facultatif), visant à assister et soutenir les populations concernées telles que les personnes handicapées, les familles en difficulté ou les personnes âgées, en gérant des services utiles, comme des crèches, des centres aérés ou des maisons de retraites. Dans le cadre de missions sociales légales, le CCAS s’investit dans des demandes d’Aide sociale et les transmets aux autorités ayant en charge de prendre ces décisions. Dans le cadre de l’aide sociale facultative, le CCAS s’occupe de dispositifs tels que les secours d’urgence, les colis alimentaires ou encore les chèques d’accompagnement personnalisé. Son personnel est constitué de fonctionnaires de la Fonction Publique Territoriale qu’il recrute et gère seul (loi n°84-53 du 26 janvier 1984).
En ce qui concerne les ressources financières, le CCAS est financé principalement par la Ville de G., la CAF[1], la CARSAT[2], l’Agence Régionale de la Santé, le Conseil Général au titre de l’Aide Sociale à la personne et de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie et enfin la participation des usagers. Se rajoutent tous types de financeurs en fonction des projets notamment en investissement. Exemple : la Caisse Nationale de Solidarité pour L’Autonomie finance une partie d’un véhicule pour le portage des repas (section investissement), et participe au financement du projet lecture à domicile (section fonctionnement).
Le CCAS de la Ville de G. s’est organisé en huit pôles de directions dont la Direction de l’Intervention et l’Observation Sociales qui gère, en autres le Service de l’Orientation et de l’Insertion Sociale. Ce service permet de favoriser l’accès aux droits sociaux, l’accompagnement des personnes en grandes difficultés vers le logement et l’autonomie, pour toutes les personnes qui ne disposent pas d’une stabilité suffisante pour déclarer une adresse personnelle à une administration. Le pôle du Service d’Aides Sociales et Politiques Redistributives est une plateforme de conseils budgétaires, de lutte contre la précarité énergétique et de « mobilité emploi ». Leurs sont complémentaires d’autres formes d’accès aux droits, valorisés par les Maisons Des Habitants.
Un autre pôle de la DIOS est la sous-direction des Personnes Agées et service à la personne.
Il comprend quatre services dont :
- le Service Soins à Domicile (SSIAD et Centre de Soins Infirmiers), qui a pour mission d’appliquer des traitements médicaux, sous l’autorité du médecin, de répondre aux besoins sous formes de soins infirmiers, de prévention. Il assure, en lien avec le Service Social, la coordination entre les différents intervenants pour permettre le maintien à domicile des personnes âgées en évitant certaines hospitalisations ou placements.
- le Service de Restauration à Domicile qui permet de maintenir le lien social et faciliter la vie quotidienne, ce sont des Agents Sociaux de Restaurations qui livrent des repas à domicile pour les personnes retraitées en situation de fragilité ou dans l’incapacité de préparer leurs repas.
- le Pôle de Prévention Primaire où intervient une psychologue sur les 6 secteurs de l’agglomération. Les missions de ce service s’orientent vers des situations complexes à domicile. La majorité de ces situations sont suivies par les services de la DIOS (Direction de l’Intervention et l’Observation Sociale), SSPA, SSIAD, CSI (Centre de Soins Infirmiers), RAD, le Logement Foyer personnes âgées. A travers ces accompagnements, on permet à la personne soutenue de préserver son indépendance et son autonomie.
- Le Service Social Personnes Agées est un service social polyvalent de catégorie, chargé de l’accompagnement social des personnes âgées de plus de 75 ans et de leurs aidants, ainsi que des personnes relevant du dispositif APA[3], sans condition d’âge. Le
SSPA a pour mission l’accès aux droits, l’organisation et la coordination du soutien à domicile, le développement ou le maintien de liens sociaux, l’aide aux aidants, la protection de la personne âgée vulnérable, dans le cadre du maintien à domicile, jusqu’à l’accompagnement à l’entrée en établissement. Par convention avec le Conseil Général, le SSPA réalise pour le compte de ce dernier : l’instruction médico-sociale des demandes d’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), la mise en œuvre et le suivi du plan d’aide pour révision ou renouvellement et l’accompagnement des personnes âgées. L’APA est une prestation versée par le Conseil Général visant à améliorer et élargir la prise en charge de la perte d’autonomie physique et/ou psychique des personnes âgées tant à domicile qu’en établissement.
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