L'Allemagne Dans l'Affrontement Américano-Soviétique De 1945 à 1991.

ation. L'Allemagne est humiliée à l'occasion du procès de Nuremberg (1945-1946) où les nazis ont été jugés pour crimes contre l'humanité.

Le déséquilibre des forces (prépondérance américaine), le changement des responsables politiques (Truman aux États-Unis et Attlee en Grande Bretagne), l'antagonisme des systèmes et les idéologies multiplient les frictions et les oppositions : suspension de l'aide américaine à l'URSS (1945), le discours de Fulton (1946) dans lequel Churchill dénonce un « rideau de fer » qui s'abat sur l'Europe dans certaines zones périphériques (Grèce, Turquie, Iran).

La Grande-alliance ne résiste pas au retour de la paix et très vite la Guerre Froide apparaît : ces tensions conduisent en 1947, à la rupture entre les deux Grands en raison des divergences. Truman dénonce en mars 1947 l'expansion soviétique et énonce la doctrine du containment suivie par l'annonce du plan Marshall en juin de la même année qui propose une aide matérielle aux pays qui le désirent pour assurer leur reconstruction. L'URSS refuse et contraint ses alliés à faire de même et manifeste sa volonté d'étendre son influence sur toute l'Europe orientale. Dès septembre 1947, la doctrine « Jdanov » est proposée par les soviétiques avec la constitution du Kominform, bureau d'informations qui réunit les principaux partis communiste européens.

Les occidentaux décident de reconstituer un État allemand: réunification des zones et création d' une nouvelle monnaie: le Deutschmark.

La première crise de la Guerre Froide a lieu en Europe: Berlin se trouve au cœur du conflit. L'évolution des trois zones occidentales vers un État indépendant (réforme monétaire, mise en place d'une constituante) conduit Staline à organiser le blocus de Berlin en juin 1948: les routes et les voies ferroviaires qui relient la ville à l'Allemagne de l'Ouest sont bloquées. Pour y remédier, les américains organisent un pont aérien afin de ravitailler les berlinois. Staline renonce à son projet quand il obtient la séparation de l'Allemagne en deux États dont l'un est contrôlé par l'URSS.

Ainsi, née la République Fédérale d'Allemagne (RFA),le 23 mai 1949. Le système politique est calqué sur le système américain. Konrad Adenaur devient le premier Chancelier. L'URSS réplique en créant sa propre zone la République Démocratique d'Allemagne (RDA). Les alliés de la moitié Ouest, conscients que leur solidarité leur a permis de mettre fin au blocus de 1948 créent l'OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord) en 1949. Il s'agit d'une organisation politico-militaire rassemblant les pays occidentaux. La division de l'Allemagne en deux marque la rupture entre les deux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, il s'agit d'un symbole très fort concernant la Guerre Froide.

Le cas de Berlin est révélateur: cette ville, ancienne capitale du Reich, est soumise aux décisions des quatre vainqueurs qui occupent chacun une partie (moitié Est : soviétiques et moitié Ouest : français, anglais, américains). Son sort et son avenir dépendent de l'entente entre les quatre puissances occupantes. Ainsi, le blocus de Berlin définit clairement le principe de la Guerre Froide qui est d'accepter l'épreuve de force sans provoquer un conflit militaire ouvert : Berlin est au cœur de la mise en place d'un monde bipolaire entre les américains et les soviétiques.

Rapidement, un fossé se creuse entre les deux Allemagne: la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) fondée en 1951 a pour but de réconcilier l'Allemagne de l'Ouest à la France ( éviter une nouvelle guerre entre les deux pays).La RDA connait de forts tourments populaires, lors de la révolte ouvrière de 1957. Preuve évidente d' une période difficile où chaque « Allemagne » doit s'adapter à un modèle institutionnel et politique imposé par son propre bloc. En RDA, un parti unique communiste, avec peu d'opposition, à contrario, en RFA les américains instaurent le pluralisme des partis, entrainant des conflits inter-partis. Le gouvernement totalitaire de la zone soviétique instaure une interdiction de voyager à l'Ouest, la propriété collective, les kolkhozes et les sovkhozes, détermine les salaires des citoyens et contrôle l'économie (économie planifiée), ainsi qu'une concurrence inexistante. Plus démocratique, la RFA est malgré tout encadrée par des lois avec un régime économique libéral, favorisant la propriété privée, la concurrence est nationale et internationale. Toutes ces différences ont poussé plus de 3 millions d'Allemands à fuir de l'Est vers l'Ouest depuis 1943. Berlin est à la fois libérée et occupée.

La mort de Staline, le 5 mars 1953 inaugure une période de « dégel » entre les deux blocs. A la fois interne, dénonciation des crimes de Staline et du culte de la personnalité par Nikita Khrouchtchev ( nouveau premier ministre) lors du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en 1956.Ouverture à l'Est avec la proposition, la même année d'une « coexistence pacifique » entre les soviétiques et les américains, en conséquence le Kominform est dissous. Moscou et Washington deviennent alors « adversaires-partenaires »: chacun est libre dans son camp. En 1958, la question berlinoise ressurgit quand Khrouchtchev veut mettre fin à la fuite des habitants de la RDA vers la RFA et déclare en novembre que Berlin-Ouest doit être rattachée à la RDA et gérée par l'ONU. Trois ans de négociations inabouties, engendrent la construction d'un mur dans la nuit du 12 au 13 aout 1961 à l'initiative des autorités Est-allemandes afin de stopper l'hémorragie de la population. Ce mur coupant Berlin en deux matérialise le « rideau de fer » évoqué et critiqué par Churchill en 1946.

C'est en Europe, qu'une politique de rapprochement a lieu. Willy Brandt, Chancelier de la RFA de 1969 à 1974, cherche à établir de nouvelles relations diplomatiques (Ostpolitik) avec ses voisins. Cette politique normalise les relations avec la Pologne et l'URSS (1970), avec la RDA (traité fondamental 1972). La RFA reconnaît les réalités territoriales et politiques issues de la Seconde Guerre mondiale. La conférence d'Helsinki (1973-1975)