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La Beauté Existe-T-Elle?

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t la vie des individus d’une certaine manière de penser, d’agir, d’apprécier certaines choses plutôt que d’autres, durant le processus de socialisation. Ce qui remet en cause la dimension universelle de la beauté étant donné que le jugement esthétique serait entièrement guidé par l’effet de société mais la beauté n’est-elle pas particulière uniquement lors de son passage à l’acte ? La beauté n’est-elle pas par définition universelle et suivie d’une dimension empirique ? D’où l’intérêt de se demander si la beauté relève uniquement de l’esthétique. Pour tenter de répondre à cette question, il semble légitime d’éclaircir le possible lien entre la beauté et l’art, un domaine privilégié de l’esthétique. Peut-on définir la beauté à travers l’art ?

En effet, la notion d'art appelle immédiatement celle de beauté, au point que l'on pourrait se demander si l'art ne serait pas, à défaut d'en être le domaine exclusif, le lieu d'origine de la beauté. La beauté existe-t-elle par elle-même ou n'est-elle qu'un fait culturel produit par une activité spécifique ? L'art et la beauté semblent fortement liés, en effet, la beauté peut être considérée comme l’art comme « une finalité sans fin » (Kant) puisque tous deux n’ont pas d’utilité, de fin externe mais une fin interne, c’est-à-dire que le jugement esthétique est nécessairement lié à la perception d'une relation finale. Est beau ce qui donne l'impression d'avoir été réalisé ou produit en fonction d'une intention. Toutefois, il n'est pas possible de définir ou de préciser le but ou la fin visés : est beau ce qui apparaît comme le résultat incompréhensible d'une combinaison de moyens, qui donnent l'apparence d'être intentionnels, sans qu'il soit possible de définir ou de préciser le but ou la fin visés. Un artiste ne pourra jamais expliquer le but clair de son œuvre, ou alors, ce n'est pas un artiste mais un artisan.

Mais il existe aussi une contradiction entre ces deux notions. En effet, l'art ne semble pas être la condition d'existence de la beauté puisque l'art peut avoir d'autres buts que la simple beauté et celle-ci peut aussi exister indépendamment de l'art.

Il n’y a donc pas de définition universelle de la beauté mais est-il possible de prendre conscience qu’il existe bel est bien une beauté universelle ? Pour cela il semblerait nécessaire de se détourner du regard quotidien, de l’opinion commune.

L’existence de la beauté ne va pas de soi mais il est possible de passer par delà les multiples sensations, être en quête d'une unité, unité entre la raison et la sensibilité, qui est le fruit d'une conversion du regard.

C’est ce qu’a montré Platon dans Le Banquet où le beau est associé au vrai et au bien comme une des idées les plus élevées. En effet, l’élévation vers la beauté en soi est supérieure à la beauté du monde sensible, soit le plaisir provoqué par les beaux corps. Platon montre donc dans son ouvrage, au travers de Socrate qui aurait été initié par la prêtresse Diotime aux mystères relatifs à Eros, le dieu grec de l’amour, comment on peut passer du désir des beaux corps à l’amour des belles âmes pour parvenir à la « révélation suprême » : la contemplation de la beauté en soi. Par le biais de l’amour des belles choses du monde sensible, l’homme s’élève vers l’Idée de la Beauté, soit vers le Bien et la Vérité.

Tous les êtres cherchent à se reproduire, exprimant ainsi leur désir d’immortalité. L’enfantement de « beaux discours » entre hommes est, dans Le Banquet, présenté comme la forme la plus haute de l’amour ne visant donc pas seulement le corps, la beauté physique passe au second plan, voire disparaît. Platon montre ici que la beauté n’est pas la beauté physique mais plutôt le fait de se rapprocher du vrai. C’est pourquoi, Eros est ici présenté comme un « daïmon », un intermédiaire entre les hommes et les dieux, il ne dispose donc pas des qualités qu'on lui attribut dans les éloges précédents où il est défini comme un dieu à part entière, mais ici il n’est ni beau ni laid, ni sage ni ignorant mais en quête de ces qualités.

Leo Strauss dans Sur Le Banquet de Platon, explique l’existence même

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