Phèdre Acte 1 Scène 3
Note de Recherches : Phèdre Acte 1 Scène 3. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresssion donne au sentiment amoureux l'aspect d'une obsession: Phèdre semble en proie à des hallucinations : « le voyant sans cesse », elle est véritablement poursuivie par l'image d'Hyppolyte, comme en témoigne l'indication de temps. Les compléments circonstantiels de lieu « partout », « même au pied des autels », « dans les traits de son père » confirment cette obsession. Le recours à l'hyperbole, tant pour le temps que pour le lieu, accentue l'idée de persécution et de hantise.
c) Transformation de l'amour en haine
Enfin, Phèdre subit une métamorphose sous le signe de la contradiction, dans la mesure où son amour se traduit par la haine; elle fait preuve de fureur religieuse et apparaît en furie familiale, par sa dévotion exessive à Vénus d'une part, par son comportement d'épouse acariâtre et d' »injuste marâtre » d'autre part. Les hyperboles « mes cris éternels », « à toute heure » soulignent la démesure, l'excès des réactions et des sentiments.
La passion prend donc possession du corps et de l'esprit de Phèdre, se traduisant par les figures de la contradiction et de l'excès, et font de l'amour une forme de folie furieuse.
II Une passion fatale
Par ailleurs, la passion présentée comme fatale enferme les personnages dans un destin tragique; dominés et manipulés par une force qui les dépasse, ils sont coupables sans le vouloir, et pris dans le spirale de la souffrance.
a) Une victime du destin
Le personnage tragique est l'instrument du destin: ainsi la malédiction divine qui pèse sur la lignée de Phèdre est attribuée à « Vénus » : déesse associée à l'amour et évoquée dans son acharnement: « D'un sang qu'elle poursuit ». L'amour de Phèdre et son enfermement dans une passion irrémédiable, malgrè les tentatives de s'en libéré en adorant Vénus, relèvent la fatalité. Ils sont illustrés par le lexique de l'impuissance : « tourments inévitables », « remèdes impuissants », qui montre la manipulation de sa victime par la déesse.
b) Expression de la culpabilité
La passion coupable, incestueuse et adultère, détruit et condamne par conséquent le personnage tragique, qui transgresse les lois des Hommes. La passion de Phèdre provoque en effet la rupture des liens sacrés du mariage, les « lois de l'hymen », avec leurs devoirs : »je m'étais engagée »; elle entraîne également une séparation d'ordre familial entre le père et le fils qu'elle place loin « du sein et des bras paternels », mais encore d'ordre politique entre le roi et son successeur, comme l'indique le terme d' »exil ». Cette passion coupable est aussi représentée par le lexique du feu: « rougis », « brûler », « feux », « fumée », qui renvoie non seulement à l'ardeur de la passion , mais également dans la perspective chrétienne du XVII ème , aux flammes de l'enfer.
c) La souffrance tragique
Enfin, cette passion est source de souffrance pour les personnages tragiques. L'amour est vécu par Phèdre comme une douleur: ce sentiment est désigné de façon dépréciative par l'expression « Mon mal », car le personnage est blessé dans sa dignité et son orgueil. Phèdre se fait en effet horreur. La passion, qui apparaît comme oppression dont elle ne peut se débarrasser sur le plan moral et intérieur, donne lieu à une lutte extérieure représentée par le lexique du conflit enre Phèdre et l'objet de sa passion: les verbes « persécuter », « bannir », « arrachèrent » montrent la souffrance qui est alors infligée à Hippolyte. Cela permet momentanément à Phèdre d'espérer s'en libérer : « Je respirais », « mes jours moins agités », mais le verbe à l'imparfait et l'adverbe modérateur montrent la fragilité de l'apaisement, qui a disparu au moment de l'énonciation.
L'amour est donc présenté comme une fatalité à laquelle on ne peut échapper; les presonnages sont manipulés par un destin tragique qui les condamne aux yeux des hommes et les mène à leur perte.
III Représentation des tourments d'une conscience lucide
La représentation de la passion par l'aveu met en scène les tourments d'une conscience lucide à travers la forme d'une tirade-récit, qui permet un dévoilement du personnage.
a) Une tirade-récit
Le récit au passé (système du passé simple et de l'imparfait) permet au personnage de prendre du recul par rapport à sa passion. La mise à distance tient également au fait que Phèdre se désigne par des métonymies: « mes yeux », « ma main », « ma bouche ». La tirade-récit est aussi le lieu d'une analyse constante: le « Je », conscience lucide, s'oppose à la femme amoureuse, comme le montre l'idée de lutte intérieure: « contre moi-même ». Enfin la tirade constitue une tentative de libération par la paroleet l'aveu à « Oenone », confidente mentionnée au vers29. C'est aussi le lieu de l'épanchement
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