Ruy Blas - Victore Hugo
Recherche de Documents : Ruy Blas - Victore Hugo. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresagenouille devant la madone.
– Secourez-moi, madame ! Car je n'ose
Élever mon regard jusqu'à vous !
Elle s'interrompt.
– Ô mon Dieu !
La dentelle, la fleur, la lettre, c'est du feu !
Elle met la main dans sa poitrine et en arrache une lettre froissée, un bouquet desséché de petites fleurs bleues et un morceau de dentelle taché de sang qu'elle jette sur la table ; puis elle retombe à genoux.
Vierge, astre de la mer ! Vierge, espoir du martyre !
790 - Aidez-moi ! –
S'interrompant.
Cette lettre !
Se tournant à demi vers la table.
Elle est là qui m'attire.
S'agenouillant de nouveau.
Je ne veux plus la lire ! – ô reine de douceur !
Vous qu'à tout affligé Jésus donne pour soeur !
Venez, je vous appelle ! –
Elle se lève, fait quelques pas vers la table, puis s'arrête, puis enfin se précipite sur la lettre, comme cédant à une attraction irrésistible.
Oui, je vais la relire
Une dernière fois ! Après, je la déchire !
Avec un sourire triste.
Hélas ! Depuis un mois je dis toujours cela.
Elle déplie la lettre résolument et lit.
" Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
" Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;
" Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile ;
" Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut ;
800 - " Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. "
Elle pose la lettre sur la table.
Quand l'âme a soif, il faut qu'elle se désaltère,
Fût-ce dans du poison !
Elle remet la lettre et la dentelle dans sa poitrine.
Je n'ai rien sur la terre.
Mais enfin il faut bien que j'aime quelqu'un, moi !
Oh ! s'il avait voulu, j'aurais aimé le roi.
Mais il me laisse ainsi – seule – d'amour privée.
La grande porte s'ouvre à deux battants. Entre un huissier de chambre, en grand costume.
L'HUISSIER, à haute voix
– Une lettre du roi !
LA REINE, comme réveillée en sursaut, avec un cri de joie.
Du roi ! je suis sauvée !
...