Article sur la Coupe du monde au Qatar
Fiche : Article sur la Coupe du monde au Qatar. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar capucine_nl • 25 Novembre 2022 • Fiche • 1 360 Mots (6 Pages) • 278 Vues
Cérémonie d’ouverture pour la Coupe de la honte
Ce dimanche, la 22ème édition de la Coupe du Monde va débuter avec la cérémonie d’ouverture habituelle. Pourtant, cette Coupe du Monde est très différente des éditions précédentes et soulève la question de ce que nous sommes prêts à sacrifier pour l’un des événements sportifs les plus célèbres au monde.
En premier lieu, la Coupe du Monde 2022 se tient de novembre à décembre, car à cette période les températures se situent entre 20 et 30 degrés, plutôt qu’en été où le thermomètre peut atteindre les 50 degrés. Le climat reste pourtant très chaud, et ainsi, sept des huit stades qui accueilleront les matchs seront climatisés à ciel ouvert. À partir de cela, on peut déjà imaginer une empreinte carbone très élevée sur la durée de l’évènement, mais l’aberration écologique ne s’arrête pas là. Quand le Qatar a été désigné en 2010 pour accueillir la Coupe du Monde en 2022, le pays ne disposait pas des infrastructures nécessaires pour mettre en place un tel évènement. Au cours des dix dernières années, on a assisté à la construction de stades, de routes, de restaurants, d’hôtels, de lignes de métro, presque de villes entières au milieu du désert. Ces édifices ont été construit pour le seul usage de cette compétition sportive, et ne seront pas réutilisés après, l’impact écologique de leur construction ne sera donc pas amorti dans le temps.
De plus, le Qatar étant un petit pays, ses capacités hôtelières sont limitées et ne permettront pas d'accueillir l'ensemble des spectateurs attendus. Ainsi, beaucoup d'entre eux résideront dans les États voisins, et cinq compagnies aériennes du Golfe ont annoncé 160 vols quotidiens pour rejoindre Doha, alourdissant toujours davantage le bilan carbone de cet évènement. Selon un rapport publié par la FIFA en juin 2021, cette Coupe du Monde devrait générer autour de 3,63 millions de tonnes de CO2, un chiffre encore considéré comme une sous-estimation par l’ONG Carbon Market Watch.
Pourtant, cette Coupe du Monde ne nuit pas seulement au climat, mais a également un impact humain significatif. La construction des stades a été opérée sous une forme d’esclavage moderne. Près de 95% de la main-d’œuvre du pays est composée de travailleurs migrants. Dans le cadre du système de la « kafala », les employeurs confisquent leurs passeports, ce qui crée une dépendance des travailleurs et facilite leur abus et leur exploitation. Si le gouvernement qatari a annoncé avoir aboli ce système, il continue d’être utilisé par une majorité des employeurs. L’ONG britannique Equidem a enquêté sur ces travailleurs et a découvert que bon nombre d’entre eux subissent aussi des retards de salaire voire des salaires impayés ou réduits. Leurs employeurs contrôlent également leur droit de séjour et peuvent les poursuivre en cas de tentation de fuite. Ce sont souvent les travailleurs qui dépendent sur leur main-d’œuvre pour subvenir aux besoins de leurs familles qui tombent dans ce piège de travail forcé. Lorsqu’en août de cette année une soixantaine d’ouvriers ont organisé une manifestation car ils n’avaient pas été payés depuis sept mois, ils ont tout simplement été expulsés du pays sans paiement, et certains ont été emprisonnés.
À cela s’ajoutent des conditions de travail inhumaines. C’est sous des températures insoutenables montant à 50 degrés et sans accès à l’eau potable que les travailleurs immigrés ont dû construire les infrastructures pour la Coupe du Monde. Logés dans des baraquements insalubres, ils peuvent être jusqu’à dix hommes dans une petite chambre sans électricité, et sans accès aux soins. Après de nombreuses dénonciations de ces conditions, notamment par des ONG, le Qatar a officiellement pris des mesures pour améliorer les conditions de travail et de vie des ouvriers, mais en réalité, les entreprises privées continuent de faire pression sur le gouvernement et n’ont pas cessé d’exploiter les ouvriers.
Ces conditions horrifiantes ont notamment mené au décès de nombreux travailleurs migrants. Les autorités qataries affirment que 37 travailleurs sont morts dans la préparation de la compétition, alors que le journal The Guardian estime en février 2021 qu'en réalité au moins 6 750 travailleurs étrangers sont morts depuis 2010 dans le cadre des préparatifs de l’événement. Aucune enquête n’est menée par les employeurs ou le gouvernement, les corps sont simplement renvoyés dans leur pays. Les familles des victimes ne reçoivent ni explication ni compensation, seulement un certificat de décès affirmant le plus souvent une « mort naturelle ». Bien que le gouvernement qatari ait annoncé plusieurs réformes pour répondre aux dénonciations de l’impact écologique et humain au cours des dernières années, il ne respecte pas ou très peu ces engagements.
Un autre aspect est que la vie publique au Qatar est régie par la charia – la loi islamique régissant la vie religieuse, politique, sociale et individuelle, appliquée de manière stricte dans certains états musulmans – ce qui dresse une situation incertaine pour certains spectateurs. En ce qui concerne la condition des femmes, le comité d’organisation de la Coupe du Monde a publié un document indiquant une liste de vêtements que les spectatrices de la compétition pourront ou ne pourront pas porter, afin « d’éviter les attentions indésirables ». Selon ce document, il sera interdit aux femmes de porter des vêtements courts, serrés ou transparents, ainsi que « les chemises sans manches, robes ou jupes courtes, bas courts et hauts courts » dans les stades. Et si le voile n’est pas obligatoire, sauf dans les lieux de culte, le document précise qu'il vaudrait mieux en porter pour « s'intégrer et respecter la culture locale ». Les spectatrices seront donc largement limitées dans leur liberté vestimentaire. Les femmes devront également éviter les étreintes avec les hommes, que ce soit pour célébrer une victoire sportive ou pour flirter – un acte considéré comme « désagréable » dans l’espace public.
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