Corpus sur la misère
Étude de cas : Corpus sur la misère. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Willem • 21 Octobre 2018 • Étude de cas • 1 061 Mots (5 Pages) • 1 139 Vues
Corpus :
Le XIX siècle voit l'avènement de la bourgeoisie mais aussi de la paupérisation du peuple. Les poètes ne sont pas insensibles à cette misère. Notre corpus en témoigne avec ses 3 textes évoquant cette misère. Victor Hugo, écrivain engagé qui s’est souvent insurgé contre la misère, évoque une rencontre avec un misérable dans son poème intitulé « Le Mendiant » publié dans Les Contemplations en 1856. Dans « À une mendiante rousse », extrait du recueil Les Fleurs du Mal , Charles Baudelaire propose une version féminine de cette misère dont il s’efforce de vanter la beauté. Emile Verhaeren, dans son œuvre titrée « Les Mendiants », tirée du recueil Les campagnes hallucinées paru en 1893, en donne quant à lui une vision collective, soulignant combien la misère gêne et effraie. Il s’agira donc de nous demander comment les poètes évoquent la misère. Pour ce faire, nous verrons d'abord la peine qu'ils éprouvent aux égards de ces mendiants pour ensuite constater la peur et la gène qu'ils suscitent.
Nous pouvons constater que les trois poètes éprouvent une certaine sympathie envers ces miséreux. Ils recourent tous de façon plus ou moins marquée au registre pathétique pour sensibiliser le lecteur à la cause des mendiants. Ils insistent ainsi sur les vêtements miteux de leurs protagonistes. Victor Hugo décrit « son manteau, tout mangé des vers » « Piqué de mille trous ». Comme Baudelaire il emploie le terme « haillon » tandis que Verhaeren recourt à la redondance des termes « leurs hardes et leurs loques » au vers 25. Les poètes soulignent aussi la souffrance des mendiants. Baudelaire mentionne un « corps maladif », Hugo et Verhaeren la tristesse de leurs yeux. On note chez Hugo la présence du champ lexical de la souffrance avec des expressions comme « pauvre homme » vers 1 ou l’adjectif « solitaire ». Verhaeren, lui, l’exprime en recourant à des comparaisons comme « dos comme des voutes » ou à l’isotopie de la monotonie et de la lassitude. On peut citer à ce titre les expressions « immensément lassés », « lourds de leur nuit » ou encore « leur marche qui les disloque ». Hugo et Verhaeren soutiennent ce pathétisme en recourant à des hyperboles pour évoquer leurs conditions de vie. Hugo compare le logis du mendiant à une « niche » tandis que Verhaeren évoque un « trou » et les décrit comme « Séchés de soif, troués de faim ». Ainsi, tous deux procèdent à une animalisation signifiant l’inhumanité d’une telle existence. Verhaeren explique par exemple qu’ils « se terrent comme des loups ». Tous deux confrontent également les mendiants à des conditions climatiques difficiles. Le mendiant « parait dans le givre et le vent » chez Hugo. Les allitérations en V et en R donnent d’ailleurs à entendre la dureté de cette vie. Verhaeren évoque « le froid qui serre », « leur pain trempé de pluie », « Décembre » qui « s’acharne et mord ». Il assimile également leur espace de vie à des « fossés » ou à des « carrefours/ Du vent et de la pluie ». Selon lui, leur vie est un fardeau ainsi que le suggèrent l’image des dos voûtes et celle des croix. Ces mendiants sont en effet présentés comme des hommes en sursis, des morts-vivants. On peut presque voir dans cette description de Verhaeren une figure christique. La mention de leur marche solitaire et pénible, de la haine dont ils sont l’objet les présente en effet comme des martyrs.
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