Fiche De Lecture - Norbert Elias, La Société Des Individus

fin du livre, l’importance d’une société étatique sur le phénomène de civilisation des individus. Les sociétés préétatique pousserait l’individu en tant qu’être social, à s’intégrer à des groupes sociaux.

Il définit alors deux notions : l’«extérieur» qui correspond au monde qui entoure l’individu, donc la société, et son «intérieur», soit la conscience qu’il a de lui-même au sein de cette société. L’individu est société car il appartient toujours à des groupes sociaux plus ou moins élargis (Humanité, allemand, Munichien, parent, etc.). Mais il possède aussi un caractère qui lui est propre, individuel, son prénom et son nom. Il n’y a pas deux individus similaires dans l’Humanité entière. Alors l’auteur met en avant un deuxième phénomène qui est celui de l’individualisation. L’individu en société se sent enfermé, son «moi» est constitué par l’expression d’un réseau de relations. Cependant, il exerce une sorte de distinction entre son corps et son esprit qui lui permet de déterminer sa structure psychique. Norbert Elias choisi l’image des statues pensantes pour exprimer l’idée selon laquelle l’individu peut se voir, voir son corps dans la société comme quand il voit celui des autres. Et c’est son individualité qui lui permet de se détacher de ce corps et de la société pour comprendre la place qu’il y occupe. L’auteur se repose essentiellement dans ce deuxième chapitre du livre sur l’expression Cogito ergo sum de Descartes. Il voit l’individu comme un être fermé qui tend vers l’individualisme.

L’oeuvre de Norbert Elias va donc en contradiction avec les nombreuses théories précédemment avancées selon lesquelles la société serait une entité qui fonctionnerait indépendamment des individus. Et dans le sens inverse, selon laquelle l’individu n’aurait pas besoin de la société pour survivre. Cependant, on remarque dans cet ouvrage que les relations entre les individus constituent la société humaine et que cette société est à la base de l’image de l’Homme «intérieur» et qu’elle lui permet d’avoir conscience de son «moi intérieur», son «moi psychique».

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La question que l’on peut se poser désormais est, en quoi les médias s’intègrent-ils dans ces processus de civilisation et d’individualisation définis par Norbert Elias dans son oeuvre ?

Il est possible de s’appuyer sur l’oeuvre du sociologue canadien Marchall McLuhan pour rapprocher l’oeuvre de Norbert Elias à la société médiatique de nos jours. En effet, selon McLuhan, les médias seraient le prolongement technologique de l’Homme. La presse, la radio, la télévision et Internet prolongent l’esprit, le cerveau humain. Et désormais avec la convergence des technologies c’est le modèle de la société des individus qui connaît ces prolongements technologiques.

Les médias exercent des effets sur l’individu, ils façonnent une identité individuelle et s’inscrivent donc dans ce processus d'individualisation évoqué par Elias. La télévision par exemple est souvent évoquée dans le processus de construction du «moi psychique» chez l’enfant. Ici, au lieu d’une relation entre les individus de façon directe et active, on assiste à une relation avec un intermédiaire, le média qui représente chez les individus, le moyen de s’identifier et de se construire sur le modèle d’une société virtuelle ou semi-réelle, puisque médiatique. La réflexion de Norbert Elias sur ce processus dans la société des individus se voit donc renforcée par l’influence des médias sur les individus et leur construction psychique. D’après Elihu Katz, les médias visent à nous situer dans la société.

De plus, on constate des effets notés sur un processus de civilisation. Ils ont été notamment évoqués par McLuhan, puis repris par Derville. La société est influencée par les médias puisque ces derniers créent des liens sociaux entre les individus. On retrouve ici l’idée d’Elias selon laquelle le processus de civilisation de l’individu s’exerce par la relation entre les individus eux-mêmes et constitue donc la société. En politique, par exemple, lors d'élections électorales, les médias jouent le rôle de concentrateur social et créent ainsi non plus une opinion individuelle mais un groupe de celles-ci pour former une opinion publique. Le