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Fiche de lecture - Pour une histoire conceptuelle du politique - Rosanvallon

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Par   •  15 Novembre 2017  •  Fiche de lecture  •  1 994 Mots (8 Pages)  •  1 407 Vues

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  1. Introduction

Pierre Rosanvallon est né à Blois en 1948. Historien et intellectuel français, ses principaux travaux portent sur l’histoire de la démocratie, le modèle politique français et sur l’histoire de l’Etat. Diplômé de l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) il est aussi docteur en science de gestion  et en lettres et sciences humaines. Conseiller économique de la CFDT de 1969 à 1973, il fonda par la suite la revue « CFDT aujourd’hui » dont il a été le rédacteur jusqu’en 1977. Par la suite il fut le directeur de recherches à l’université Paris IX avant de devenir maître de conférence puis directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS). Depuis 1992, il est directeur du centre de recherches Raymond Aron (qui a permis de « rénover l’étude longtemps assoupie du politique »). Il fut aussi professeur à Science po de 1995 à 1998. Jusqu’en 1999, il est secrétaire général de la fondation Saint Simon qu’il a créé en 1982 avec François Furet.  En 2001, il devient professeur au Collège de France.

Il a écrit de nombreux ouvrages dont un triptyque sur la démocratie : Le Sacre du citoyen en 1992, Le Peuple introuvable en 1998 et La Démocratie inachevée en 2000. Autres ouvrages importants L’Etat en France de 1789 à nos jours, Pour une histoire conceptuelle du politique et enfin, sorti en 2006, La contre- Démocratie. La politique à l’âge de la défiance.

L’ouvrage Pour une histoire conceptuelle du politique publié en 2003, rend compte de sa leçon inaugurale donnée au Collège de France le 28 mars 2002. Une leçon inaugurale est solennellement prononcée et permet au professeur de situer ses travaux et son enseignements par rapport à ceux de ses prédécesseurs.

Le but de Rosanvallon dans la prise en charge de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique est d’ « insuffler un nouvel élan à [ses] recherches », un réel « départ à neuf ». La manière dont il va analyser le problème du politique se fera « à l’écart des routines académiques comme des modes intellectuels » : il souhaite ainsi insuffler de nouveaux apports dans l’étude de cette matière. Dans une première étape, l’auteur va remercier les gens qui lui ont été utiles dans sa vie professionnelles, il va ainsi les remercier. Il évoque alors Marc Fumaroli ou encore François Furet. Dans une seconde partie, Rosanvallon va évoquer les cours dispensés au collège de France par rapport à l’étude du politique.

  1. Une critique interne à l’ouvrage : l’exposé de la thèse et du développement intellectuel de Pierre Rosanvallon.

L’ensemble du travail de Rosanvallon va être de faire comprendre à ses auditeurs (puis lecteurs) en quoi peut-on parler d’une « Histoire conceptuelle du politique ». Pour ce faire, ses arguments suivront une logique imparable. Nous allons ici tenter de comprendre et d’expliquer la démarche intellectuelle de l’auteur.

        Dans un premier temps, une tentative d’explication du politique est apportée. Ainsi Rosanvallon va distinguer la politique en tant que « champ » (le cadre dans lequel les individus vont évoluer, la société) et en tant que « travail » ( c’est-à-dire « le processus par lequel un groupement humain […] prend […] le visage d’une vraie communauté »). Dès le départ, il apparaît donc comme essentiel d’affirmer que le politique a une place importante dans toutes sociétés humaines. Ainsi, « on ne peut appréhender le monde sans faire place à cet ordre synthétique du politique ».

Autre distinction (opérée aussi par Philippe Braud) entre le et la politique. Parler « du » politique renvoie à « une modalité d’existence de la vie commune » soit les fondements de la cité. Parler de « la » politique renvoie à des notions tels que l’égalité, la justice ou encore l’identité…

        Il apparaît évident qu’une cité ne peut accueillir ces notions que si elle est démocratique. D’une manière générale, dans une société démocratique, les règles ne sont pas imposées et / ou fixées par « la tradition » ou « une autorité » (comme le nazisme). C’est, « depuis deux siècles », « l’incontournable principe organisateur de tout ordre politique […] fondatrice d’une expérience de liberté ». Cependant, il est certain que cette notion a posé et pose encore des problèmes au sein de la cité des hommes. Rosanvallon parle alors d’un « sens flottant » de la démocratie, d’une définition « inaccomplie » (l’histoire de la démocratie se joue encore sous nous yeux). Finalement, celle-ci pose de multiples problèmes et interrogations : sommes-nous réellement dans une démocratie alors que nous (le peuple), n’existons qu’à travers de simple « représentations » de nous-même ? Quelles formes « adéquates » du pouvoir social faut-il mettre en place ?

Concevoir ainsi le politique, c’est-à-dire en relation avec la démocratie, pousse Rosanvallon à ajouter une approche plus historique puisque, comme il l’affirme : « Mon ambition est […] de penser la démocratie en reprenant le fil de son histoire » car « la démocratie est une histoire ».

        Selon l’auteur, l’histoire « vise à faire revivre la succession des présents comme autant d’expériences qui informent la nôtre ». Ainsi, il suffit de reconstruire la manière dont les populations ont évoluées : leurs « pensées », « objectifs »…

La place de l’histoire dans nos sociétés contemporaines est importante. En effet, il faut éviter les erreurs du passé, prendre en compte ces erreurs et tenter de comprendre pourquoi elles ont été commise. Un véritable travail d’enquête minutieuse doit alors voir le jour. On parle d’un réel « dialogue […] entre le passé et le présent ».

Une distinction doit à nouveau être opérée entre l’histoire de la politique et du politique. En effet, l’histoire de la politique renvoie à la vie politique, son activité. L’histoire du politique rajoute les problèmes de « rivalités », de « confusions »…

Il apparaît donc évident que l’ « on ne peut pas en rester là pour percer l’énigme du politique ». C’est pourquoi Pierre Rosanvallon décide d’opérer des distinctions entre l’histoire du politique et les autres sciences sociales. Ainsi, il veut nous montrer ce que ces dernières apportent à la compréhension de l’histoire du politique. Quatre matières vont être analysées par Rosanvallon : l’histoire sociale qui permet d’expliquer et de mettre l’accent sur « l’interprétation des conflits et des oppositions d’intérêt » mais qui, cependant, « ne rend compte que d’une partie de la réalité »,  la sociologie qui permet une distinction entre « les mécanismes sociaux réels » et « des doctrines […] des discours […] et du fonctionnement […] des institutions ». Il évoque ensuite le « principe politique » et le « principe sociologique » de la démocratie. Pour terminer, il évoque « l’histoire des idées et des doctrines ».

Le travail de Pierre Rosanvallon est, maintenant, celui d’étudier les lacunes et les problèmes qu’entraînent la démocratie. Ainsi, il va révéler des « antinomies structurantes de la démocratie » dont celle du rapport « de la démocratie au temps ». En effet, la politique doit s’étudier sur la durée (qui n’est donc pas une « variable essentiellement neutre »), il ne faut pas être attirer « pour le court terme » et valoriser, selon Renan, le « caprice de l’instant ». Cette notion de temporalité est visible dans le « sujet de la démocratie » : dans le temps présent quand il s’agit d’un sujet « juridique », dans le temps passé quand il s’agit d’un sujet « historique ».

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