L'impossibilité de ne pas communiquer
Commentaire de texte : L'impossibilité de ne pas communiquer. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar veille avril • 10 Novembre 2023 • Commentaire de texte • 2 216 Mots (9 Pages) • 215 Vues
2-2. L’impossibilité de ne pas communiquer
À travers son ouvrage Une Logique de la Communication, le théoricien et psychologue autrichien Paul Watzlawick introduit les axiomes de la communication notamment celui de notre impossibilité à ne pas communiquer. Au sein du deuxième chapitre, Watzlawick développe l’idée que le comportement est inhérent à la vie humaine et que de ce fait, nous sommes continuellement en train de communiquer. Mais alors, dans quelles mesures participons-nous perpétuellement à ce processus de communication par le biais de nos comportements, sans pour autant toujours le vouloir, consciemment ou inconsciemment, et sans pour autant transmettre un message cohérent ? Nous développerons dans un premier temps, comme le souligne l’auteur, que ce processus de communication est inscrit dès la naissance chez un individu et qu’il correspond à un ensemble de codes assimilés par celui-ci dans le but de déterminer ses comportements et ceux d’autrui. De surcroît, qu’un individu récepteur est capable de renvoyer des messages à l’individu émetteur et donc, celui grâce à qui, le processus peut prendre forme. Enfin, qu’il est possible que la communication perde de son sens logique et ne soit donc plus cohérente, bien que le processus continue d’avoir lieu.
« On ne peut pas ne pas communiquer, qu’on le veuille ou non », par cette phrase, l’auteur Watzlawick introduit l’importance de la présence de la communication dans nos vies, il évoque que nos actes, nos gestes ou nos paroles sont communication. En effet, dès notre plus jeune âge, nous sommes confrontés à une multitude de signes, de différentes formes (visuels, olfactifs, sonores,…) qui nous poussent à agir, à réagir. En d’autres mots, nous faisons directement face à un monde qui nous plonge au sein d’interactions verbales, notamment entre les individus entre eux, mais aussi non verbales, qui s’expriment par notre gestuelle, nos réactions ou encore notre silence. L’auteur dévoile d’ailleurs plus tôt dans l’ouvrage que: « l’être humain se trouve dès sa naissance, engagé dans le processus complexe de l’acquisition des règles de la communication », la communication nous entoure et il nous est nécessaire de s’y adapter. C’est alors en prenant part à ce processus de communication, que nous développons des comportements qui sous-entendent un ou plusieurs messages qu’un individu doit pouvoir directement comprendre, saisir.
Ce qui fait de l’Homme, un être à part entière, est qu’il a la possibilité de parler, l’Homme se différencie par son langage. Grâce à ce langage, crée à partir d’un lexique diversifié et d’une syntaxe, l’Homme a la possibilité de communiquer de façon verbale avec autrui. Un individu A qui souhaite manger car il ressent une sensation de faim, va s’approcher de l’individu B pour lui demander une pomme par exemple. Il va donc exprimer verbalement qu’il souhaite avoir une pomme car il a faim. Toutefois, l’individu A peut aussi exprimer sa volonté de manger une pomme sans utiliser le langage, car comme l’indique Watzlawick dans son ouvrage : « les données de la pragmatique ne sont pas simplement les mots, leurs configurations et leurs sens, données qui sont celles de la syntaxe et de la sémantique, mais aussi leurs concomitants non-verbaux et le langage du corps » car le comportement d’un individu ne représente pas simplement ce qu’il dit mais englobe également ce qu’il est, ce qu’il fait et le contexte dans lequel il le fait. Donc, lorsque l’individu A se rend compte qu’il a faim, il peut montrer du doigt la pomme à côté de l’individu B pour que B comprenne qu’il souhaite avoir une pomme. À travers cette exemple, il nous est possible de faire de nouveau référence au chapitre de Watzlawick, puisqu’il explique que « dans une interaction tout comportement a la valeur d’un message, c’est a dire qu’il est une communication », autrement dit, que cette interaction soit de nature verbale ou pas, elle prend forme de message et est transmise d’un individu nommé émetteur à un individu nommé récepteur par le biais d’un canal. Un message qui n’a pas de sens sera lui nommé de bruit, il peut parasiter la bonne réception d’un message au récepteur ou alors simplement ne pas aboutir comme message auprès de celui-ci.
En réalité, un individu ne cesse de communiquer et de recevoir des informations et pourtant, cette perception de la communication et donc des informations transmises d’un individu à un autre peut être perçue complètement différemment. De prime abord, que je demande verbalement ou non-verbalement à mon individu B une pomme présente déjà une différence. En effet, si je montre du doigt l’aliment, sans m’exprimer avec les formules de politesse que j’aurais potentiellement utilisé en parlant, j’utilise un canal différent, mais qui m’amène vers la même finalité : avoir une pomme pour la manger, pourtant, je ne me comporte pas de la même façon avec l’individu en face de moi et ce comportement peut perturber la communication entre nous. Le comportement de l’individu émetteur, crée donc un premier message au sein de l’échange avec l’individu récepteur. Il en est de même avec la relation que j’entretiens avec l’individu qu’il soit émetteur ou récepteur. Si un individu montre du doigt une pomme à sa mère ou à son patron, cela n’a pas le même effet et n’engendre pas le même comportement, soit une autre communication. L’auteur l’évoque aussi à travers son chapitre puisqu’il exprime que « de tels comportements influencent les autres, et les autres, en retour, ne peuvent pas ne pas réagir à ces communications, et de ce fait eux-mêmes communiquer ». C’est donc en fonction du récepteur et de la relation qu’il entretient avec l’émetteur que la réception du message va différer et va produire chez l’autre une réaction. Il va donc lui aussi rentrer dans ce processus de communication et communiquer à travers son comportement.
Dans la vision traditionnelle, la communication entre les individus, c’est à dire entre un émetteur et un récepteur, se résume en un message allant de l’un à l’autre à travers un canal. Il existe deux modes de communications interpersonnelles qui ne répondent pas à la même logique : la communication digitale, verbale, celle du livre, de la radio, du discours et la communication analogique, non verbale, celle du geste, de l’expression du visage, para-verbale comme les rires, les sanglots, ou l’intonation. Le digital permet d’exprimer des contenus intellectuels, alors que l’analogique exprime directement avec le corps, plus qu’avec des mots la façon dont je vois la relation. Lorsque l’auteur souligne que « le comportement n’a pas de contraire », il signifie alors que le para-verbal ne s’oppose pas au verbal car ils se complètent. En effet, il insiste de nouveau à travers ses exemples, autrement dit, même en ne voulant ne rien faire, ne rien montrer ou ne rien dire, je rentre dans une forme de comportement qui communique sur mon état puisque : « le seul fait de ne pas parler ou de ne pas prêter attention à autrui ne constitue pas une exception ».
Néanmoins, je dois être en cohérence avec moi-même pour pouvoir faire parvenir à un individu le bon message, celui qui a un sens et qui peut être compris par l’autre. Pour être en cohérence avec soi-même, un individu doit se comporter ou ressentir une émotion lier à ce qu’il rapporte. Un individu A qui souffre d’une rupture sentimentale et qui décide d’en parler avec un individu B, ne va pas se mettre à éclater de rire en témoignant de ce qui le fait souffrir. Si c’est le cas, son comportement n’est donc pas en cohérence avec son histoire et l’individu B, face à lui, risque de ne pas le comprendre, ne pas le suivre. L’individu B ne saura sûrement pas comment réagir non plus. Si ce que lui raconte A est supposé être triste, si en plus de cela, A témoigne qu’il ne le vit pas bien mais que son comportement démontre le contraire alors le message perçu par B va être brouillé. De même, si un individu A se dit très content de voir l’individu B, tout en faisant une mine de dégoût en lui serrant la main, l’analogique dément alors le digital, autrement dit la congruence est faible voir nulle, il n’y a pas forcément perte de l’information mais brouillage de l’information. On peut alors dire qu’il ne suffit pas que les canaux soient combinés entre eux, mais il faut que leur combinaison soit cohérente car la communication analogique va dominer dans l’interaction. L’individu B se fiera plus à la grimace de dégout qu’aux belles paroles de l’individu A.
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