Lecture Analytique Rhinocéros De Eugène Ionesco - Scène D'Exposition

sse d'un café, une ménagère revient des courses... L'espace est ouvert, la scène se passe à l'extérieur.

Cadre temporel : La scène se passe un dimanche à midi en été (l.18) : le spectateur le sait car «on entend carillonner» (l.20). Le personnage de Jean dit : «il est bientôt midi» (l.45). On peut donner au carillon une fonction symbolique : il se substitue au trois coups traditionnels, cela attire le spectateur sur les éléments sonores et il agit comme un signal qui marque l'émergence d'un événement. Aucune époque n'est réellement précisée mais on a plusieurs indices d'un certaine contemporainéité.

Les personnages et leur entrée en scène : C'est tout d'abord la Ménagère qui entre en scène : elle fait un passage silencieux et l'Épicière la regarde. Puis la scène se vide et enfin Jean et Bérenger apparaissent : l'un apparaît à droite, l'autre à gauche. On peut supposer que les personnages qui n'ont pas de noms : l'épicière, la ménagère... vont devenir des personnages secondaires. On les désigne par leurs fonctions ou par leur travail = par leur rôle social.

Jean et Bérenger sont des personnages de premier plan, ils sont appelés par leurs noms dès la première réplique. Il y a un échange de double énonciation : ils se parlent entre eux et aux spectateurs = double destinataire. Le plateau vide avant leur arrivée met en valeur leur entrée. On peut voir que Jean et Bérenger sont amis car ils ont l'habitude de se retrouver : «toujours en retard» (l.45). On apprend rien sur la vie des personnages dans cette scène d'exposition, on apprend juste leurs oppositions.

Opposition J/B : Ils arrivent par deux côtés différents en même temps, ils ont une tenue vestimentaire opposée. L'un est soigneux, l'autre est négligent. Jean ne salue pas Bérenger et le critique tandis que Bérenger le salue et s'excuse dès qu'il le voit. Lorsque J s'adresse à B il hausse le ton, lui fait des reproches, il parle avec beaucoup de points d'exclamation, il est autoritaire, il a un ton péremptoire (se croire plus fort que l'autre) : «toujours en retard», il emploie beaucoup de phrases affirmatives et des adverbes comme : «toujours, jamais». J a le visage rouge, on peut en déduire qu'il a bu tout comme B mais il le dénigre quand même et il est aussi en retard comme B. B ne contredit pas J, il nuance ses propos, il hésite beaucoup, il utilise beaucoup de points de suspension, il manque de confiance en lui, il est en retrait. L'apparence de J est trompeuse, elle est convenable d'un point de vue social, il reproche à B son apparence et son comportement, il se justifie de son retard, il est de mauvaise foi car il ne veut pas ressembler à B. Il a une volonté de domination, un désir d'écraser l'autre avec ses certitudes. B est soucieux de J et J trouve B critiquable.

Opposition Épicière/Ménagère : On s'attend à un conflit lorsque que l'épicière parle car c'est un stéréotype de conflit de voisinage.

Il y a un traitement particulier de la parole : elle se trouve marginalisée par la part accordée à l'écriture scénique au langage non verbal. Les paroles sonnent creux, elles sont vides. La conversation est banale mais c'est ce qui va permettre l'introduction de la rhinocérite. Rien ne conduit à une action quelconque, le langage perd du sens. B a du mal à parler, il y a une sorte de faillite du langage.

Conclusion :

En dépit de son apparence classique, ce début de pièce revêt un caractère peu informatif (absence d'intrigue) et produit un effet d'étrangeté et de vacuité (effet de vide). Le lecteur