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Les Violences Urbaines

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un quartier sans aucun problème et on se fait brusquement agresser sans savoir pourquoi. On apprend parfois après coup qu’un jeune du quartier s’est fait arrêter : le quartier “chauffe” sans qu’on le sache. Les guet-apens sont de plus en plus nombreux mais les CTA connaissent les quartiers où ils sont probables. Il arrive aussi qu’un incident réel dégénère pour une raison quelconque. Pendant un moment, nous sommes intervenus seuls : la police pensait que c’était elle qui était visée. En réalité, les jeunes recherchent la confrontation avec l’institution, quelle qu’elle soit. Cette situation est très mal vécue par les pompiers, qui exercent un métier non répressif. Ils viennent en aide à la population et subissent des agressions gratuites, même si elles ne sont pas quotidiennes. C’est un vrai sujet de préoccupation qui nous oblige à assurer un suivi psychologique de nos hommes : ils se font caillasser, bien sûr, mais aussi insulter, parfois cracher dessus ou reçoivent des boules de pétanque et même des cocottes minutes lancées depuis les immeubles ! Et ça gagne les petites villes, même si c’est de façon moindre. Je suis étonné par la maîtrise de nos équipes mais on ne peut pas exclure un dérapage, un jour… Je voudrais rencontrer des jeunes agresseurs pour comprendre leurs motivations et voir avec eux ce qui pourrait les dissuader de recommencer. Nous avons pensé que ce serait bien d’aider les officiers à comprendre cette violence, sûrement liée aux conceptions de l’urbanisme de ces quartiers, et à mieux l’appréhender mais c’est difficile à faire, car le volume horaire de la formation est déjà très lourd. Nous abordons toutefois le sujet dans le cadre de conférences du soir ou de séminaires où interviennent des personnes qui décryptent le phénomène. Pour le reste, nous donnons quelques consignes, comme ne jamais s’engager en marche avant dans une impasse mais se mettre en configuration de départ rapide ou éviter d’arriver toutes sirènes hurlantes pour des affaires banales. Mais il est difficile d’envoyer un détachement réduit sur une intervention pour amoindrir la “provocation”, parce que ça l’expose davantage. »

Ce type de violence vient de la part de populations qui s'estiment défavorisées ou humiliées par les institutions. Les acteurs de ces violences sont généralement des jeunes, étant dans une situation financière désavantageuse. Ces violences urbaines, faiblement organisées, vont du plus simple vandalisme à l'émeute et à la guérilla urbaine. Celles-ci sont souvent déclenchées par des rumeurs d'abus d'autorité, par la mort d'un individu au cours d'une bavure policière, ou tout simplement par l'envie de protester contre des mesures prises par l’État, par exemple.

En France, les premières émeutes date de 1981, aux Minguettes, banlieue de Lyon, où près de 250 voitures ont été détruites par des jeunes en l'espace de deux mois. Néanmoins, les problèmes encourues par les violences urbaines sont anciens. A Chicago (1919), Harlem (1935), ou encore à Watts, quartier de Los Angeles (1962).

II) Marseille, ville gangrenée par la violence

« A Marseille, la violence, on la voit pas, on est dedans » Zineb Dryef

a) Les raisons des violences à Marseille

Suites aux grands nombres de témoignages de violences, aux nombreuses fusillades et aux grandissantes violences urbaines, Marseille est plus que jamais décrite comme un nid de violence. La cité décrite tristement comme une «Naples à la française», fait la une des médias depuis l’été 2011. L'image de la cité phocéenne est plus que jamais celle d’une ville où la criminalité enflamme les rues. Marseille est pointée du doigt comme une cité meurtrière où il ne fait définitivement pas bon vivre.

Il y a principalement deux raisons qui expliquent ces violences. Premièrement, il s'agit de la pauvreté et de la crise économique. Une grande partie de la population marseillaise vie dans la pauvreté, notamment dans les banlieues. Deuxièmement, le maintien de la sécurité à Marseille demeure de plus en plus difficile. En effet, en l'espace de 10 ans, on constate une diminution de 30% de policiers à Marseille, malgré l'augmentation de la population. Le nombre total de fonctionnaires dans la Circonscription de sécurité publique (CSP) de Marseille est passé de 2 470 au 1er janvier 2003 à 2 304 au 1er janvier 2010. Le nombre total de fonctionnaires dans les services de sécurité publique à Marseille (CSP et DDSP ensemble) est passé de 2 764 au 1er janvier 2003 à 2 655 au 1er janvier 2010. En incluant les ADS, la CSP a perdu 9,2 % de ses effectifs au cours de cette période.

En effet, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a mis en place dès 2010 la police d'agglomération de Marseille, entraînant l'intégration des zones gendarmerie en « zone police » sur ses 12 communes voisines. Cette réorganisation a été décidée dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a pour objectif de réduire les effectifs et donc les coûts. A cela s'ajoute la localisation de cette ville à l'échelle européenne. En effet, le procureur de la République Jacques Dallest explique ces violences notamment par le fait qu’il s’agisse d’une ville portuaire, située pas très loin de l’Italie, qui est un lieu d’expédition d’armes à feu.

Deux photographies montrant les violences urbaines à Marseille :

Fusillade à Marseille : Règlement de comptes entre trafiquants de drogue – 18/10/2011

(source : http://www.francehebdo.fr)

Explosion d’une voiture dans la rue des Forges dans le 10e arrondissement. – Samedi 11 juin, vers 23h

(http://www.citizenside.com)

b) Deux exemples pour illustrer la violence à Marseille

Pour démontrer et illustrer cela, nous allons prendre l'exemple de deux fusillades. La première a eu lieu le 24 septembre 2009 en plein centre ville, et la seconde a éclaté dans la nuit du 2 décembre 2011.

24 décembre 2009 :

Les faits se déroulent le 24 septembre 2009, à Marseille, en plein centre ville, boulevard Michelet, 8ème arrondissement. Un homme de 50 ans , connu défavorablement des services de police, a été tué par balles en fin de matinée alors qu'il sortait d'une salle de sport. Les faits se sont produits peu avant midi midi en face du stade Vélodrome. C'était, d'après le procureur de la République Jacques Dallest, «dans un recoin isolé assez propice au guet-apens». L'immatriculation d'une voiture en feu à proximité de laquelle gisait le corps de la victime avait conduit à identifier le décédé comme un membre d'un club de pétanque, inconnu des services de police. Au moins deux tireurs, trois selon des témoins, embusqués dans une voiture, ont fait feu sur l'homme alors qu'il regagnait son véhicule. L’homme, blessé, a tenté de fuir à pied. Les tueurs l’ont cependant abattu une dizaine de mètres plus loin. Selon le procureur, la victime a essuyé une vingtaine de tirs. De nombreux impacts de balle ont été retrouvés sur place, notamment de kalachnikov. Suite à cette fusillade,

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