Exposé de sociologie urbaine

rivilégié de l’expression de soi dans la société. Le travail est donc essentiel pour la construction et l’expression de leur identité. Quand on leur demande ce que signifie pour eux réussir sa vie, tous répondent que c’est d’avoir un travail correct ou définitif.

Ce sont donc des personnes fortement motivées pour travailler. Elles désirent une reconnaissance sociale liée au travail.

D’une manière générale Paugam explique que l’activité professionnelle assure tout à la fois une sécurité matérielle et financière, des relations sociales, une organisation du temps et de l’espace. Le statut de l’emploi conditionne ainsi toutes les dimensions de la réussite sociale : vie familiale, satisfaction des besoins matériels etc.

Paugam va distinguer de types de fragiles :

Fragilité intériorisée :

La honte :

L’infériorité sociale de ces personnes se traduit par l’humiliation, le désarroi. Elles sont marquées par l’angoisse de l’échec. L’absence de perspectives professionnelles rend leur existence insupportable. Elles vont alors adopter une attitude de repli et de distanciation sociale. Elles ont peur d’être assimilées à des cas sociaux car pour elles cela relève d’un sentiment de honte. Ce sont des personnes qui ont connu une situation stable avec des conditions de vie satisfaisantes, marquée par une aisance matérielle, mais qui l’on perdue. Cela représente pour elles un échec terrible. Etre aidé par des travailleurs sociaux les place dans une situation de déchéance. Elles supposent que tous leurs comportements quotidiens sont interprétés par les autrui comme des signes d’infériorité. Certaines disent être traitées comme des « pestiférées »

L’angoisse de l’échec est encore plus forte lorsque l’infériorité sociale induit également une disqualification de l’habitat dans lequel on est contraint de vivre. Certaines personnes ressentent un malaise lorsqu’elles doivent révéler leur adresse. Certaines d’entre elles avouent avoir honte d’habiter dans une cité dégradée.

Ces personnes se sentent humiliées jusque dans leur vie quotidienne. Elles vont jusqu’à renoncer à inviter des amis chez elles.

Cette humiliation est vécue la plupart du temps comme une injustice. Elles n’ont pas de travail stable alors qu’elles ne demandent qu’à travailler. Elles éprouvent solitude et découragement.

La contrainte de la fréquentation des Services d’Action Sociale :

L’humiliation est réactualisée à chaque démarche effectuée auprès d’un service sociale. Pour les personnes qui connaissent la fragilité intériorisée la fréquentation de ces services est par conséquent très éprouvante. C’est souvent lorsqu’elles sont dans l’obligation de demander de l’aide qu’elles perçoivent leur situation comme dégradante. Certaines ont l’impression que les professionnels leur manquent de respect.

D’autres se sentent vraiment humiliées lorsqu’elles se retrouvent au contact d’une catégorie sociale marginalisée dont le comportement semble inacceptable et repoussant, dans une salle d’attente par exemple. Les fragiles intériorisées ne veulent absolument pas être assimilées à cette catégorie de personnes, elles les qualifient de « clochards, de puants, de pauvres etc. »

Pour la plupart d’entre elles le fait de se soumettre à des exigences administratives suscite un sentiment de découragement ou de lassitude. Sans cesse, elles ont l’impression d’être jugées et étiquetées par des services qui leurs posent toujours les mêmes questions. Elles éprouvent un fort sentiment de dépendance qu’elles ne connaissaient pas auparavant puisqu’elles avaient un emploi stable.

Cela les pousse à adopter des stratégies de distanciation. Elles refusent d’être assistées et ont beaucoup de scrupules à demander de l’aide. Pour beaucoup la relation avec un travailleur social est humiliante. Symboliquement cela altère leur dignité et leur identité sociale.

Ainsi elles évitent autant que possible toute relation régulière avec les travailleurs sociaux. Elles attendent l’extrême limite pour demander une aide financière.

Humiliation, amertume, malaise mais aussi attitude de repli ou de distanciation dans les relations sociales tels sont les aspects les plus marquants de cette catégorie.

La fragilité négociée :

Cette fragilité négociée est propre aux moins de 25 ans qui ne sont pas dans le même rapport au travail. Tout comme l’ensemble des fragiles, ils éprouvent un sentiment d’infériorité sociale mais à la différence de la fragilité intériorisée ils parviennent à élaborer un ensemble de rationalisation pour justifier leur situation sociale précaire sans pour autant renoncer à la recherche d’un emploi stable et, si possible, bien rémunéré. Ils veulent absolument s’intégrer et refusent l’échec. Leur expérience de travail précaire ne correspond pas à un choix individuel et n’est donc pas considérée comme un temps de loisirs.

Conjurer l’échec :

Les jeunes de moins de 25ans peuvent bénéficier de plusieurs mesures d’aide à la formation : apprentissage, contrat de qualification etc. Mais ces formules ne correspondent pas à leurs souhaits. Ils adoptent en effet une attitude dynamique pour s’en sortir et peuvent être très critiques envers ceux qui n’ont pas la même motivation dans la recherche d’un emploi.

Les normes auxquelles ils se référent pour définir leur idéal de vie relèvent des normes traditionnelles : une famille, des enfants, un confort matériel. Ils vont alors pour parvenir à cet idéal profiter de toutes les opportunités qui s’offrent à eux. Ils acceptent les « petits boulots » et les rationnalisent pour ne pas être dans l’échec total.

Ce sont des personnes qui n’éprouvent pas de gêne à demander de l’aide.

L’utilisation pragmatique des Services d’Action Sociale par ces moins de 25 ans :

Ainsi lorsqu’ils sont confrontés à la nécessité de demander de l’aide, ils le font. Ils n’éprouvent pas de sentiment de