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Mai 68

Rapports de Stage : Mai 68. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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ieurs affrontements avec les CRS. Liée au soutien massif venu d’autres travailleurs de la ville, cette volonté de lutte montra clairement que des sections de la jeunesse ouvrière étaient prêtes à en découdre avec le patronat.

En 1966, les salaires des travailleurs français étaient les plus bas de la CEE, les semaines de travail les plus longues (jusqu’à 52 heures dans certaines branches !), et les impôts les plus élevés.

Pour mieux faire face à la fin des "trente glorieuses" qui s’annonçait à l’échelle mondiale, notamment lors de la crise de l’étalon-or, de la dévaluation de la livre britannique en 1967, et de la levée des contrôles douaniers au sein de la CEE prévue pour juillet 1968, le gouvernement Pompidou prépara de nouvelles attaques.

A partir de mars 1967, il commença à rédiger des ordonnances pour faire passer les pires attaques, notamment contre la Sécurité Sociale et l’emploi.

Les syndicats montrèrent à plusieurs reprises leur capacité à mobiliser les travailleurs, notamment autour de la Sécurité Sociale. Ainsi, le 13 décembre 1967, des millions de travailleurs participèrent à une journée d’action organisée par toutes les centrales syndicales pour protester contre le chômage et les attaques.

Malgré le succès de cette journée, la quatrième protestation du genre, les syndicats ne proposèrent rien, sinon une nouvelle journée d’action... en mai 1968.

La direction politique

La direction politique du mouvement étudiant se trouvait à Paris pour deux raisons. D’abord, la plupart des étudiants s’y trouvaient : 200.000 sur 550.000. Ensuite, depuis le début des années 60, le milieu étudiant parisien était le centre d’une série de débats politiques entre tendances de gauche.

Le résultat de ces débats fut l’affaiblissement des structures étudiantes "traditionnelles", notamment de l’Union National des Etudiants de France (UNEF), mais aussi de l’Union des Etudiants Communistes (UEC), qui organisait les adhérents du PCF en milieu étudiant.

En conséquence, les "groupuscules" trotskystes (JCR, OCI, VO) ou maoïstes (UJC-ml...) fleurissaient au profit d’une UNEF de plus en plus moribonde. Sans courroie de transmission efficace parmi les jeunes, et sentant les effets des scissions au sein de l’UEC, le PCF s’attaqua - parfois physiquement - aux "groupuscules". Durant le seul mois de décembre 1967 :

• A Rouen, des militants du PCF empêchèrent physiquement la tenue d’une réunion de la JCR.

• A Brive, un tract PCF accusa Voix Ouvrière (ancêtre de Lutte Ouvrière) d’être financée "par les flics et les monopoles" et attaqua physiquement les vendeurs de VO dans la rue.

• A Lyon, le PCF attaqua une réunion de l’OCI et de Révoltes (le journal du CLER).

• A l’usine Alsthom Saint-Ouen les diffuseurs du bulletin de VO furent attaqués par les militants de la CGT.

Ces "arguments" physiques montraient que les staliniens craignaient de perdre leur influence auprès des jeunes, notamment dans les usines.

Et le réflexe bureaucratique prima chez les staliniens. De plus en plus, le mensonge et l’amalgame devinrent leurs armes préférées tandis qu’ils retrouvaient l’esprit des procès de Moscou. Par exemple, en mars 1968, les lambertistes furent qualifiés de "fascistes de gauche" dans un tract du PCF diffusé sur la faculté d’Orsay.

Du mouvement aux barricades

Pour Ernest Mandel, dirigeant trotskyiste :

"sauf pour les délirants, nous n’avons manifestement pas, dans l’immédiat, une perspective de renversement révolutionnaire de la bourgeoisie en France et en Grande-Bretagne. Nous n’avons pas une situation pré-révolutionnaire dans ces pays." Pourtant....

L’étincelle de mai partit de la faculté de Nanterre, où la JCR et diverses tendances semi-anarchistes avaient organisé des protestations contre la réforme Fouchet (10.000 étudiants firent grève en décembre), contre la guerre du Vietnam et pour les libertés politiques sur le campus, qui avaient déjà conduit à des affrontements avec la police.

Le 20 mars une manifestation de quelques centaines d’étudiants attaqua le bureau d’American Express à Paris. L’un d’entre eux, Xavier Langlade de la JCR, fut arrêté. Le 22 mars, 142 étudiants de Nanterre s’organisèrent en mouvement pour demander la libération de Langlade. Le "Mouvement du 22 mars" naquit. Rapidement, les revendications s’accumulèrent. Les étudiants exigeaient d’être traités comme des adultes, notamment à travers la liberté d’expression politique sur le campus.

Mais, suite à une provocation d’Occident, groupuscule fasciste, violent et bien organisé, le doyen de Nanterre, craignant la bagarre générale, annonça que la faculté serait fermée jusqu’aux examens en juin.

Les étudiants se déplacèrent alors à la Sorbonne, en organisant un meeting de protestation, le 3 mai. Le rectorat exigea l’évacuation de la fac. Les étudiants refusèrent. Commencèrent alors les combats de rue contre la police quand celle-ci chargea les occupants. Du 6 au 10 mai, se succédèrent manifestations et affrontements avec les CRS. Le 10 mai, ce fut la "nuit des barricades".

Sous les pavés, la grève

Ces combats, relayés par la radio, frappèrent "l’opinion publique", déjà favorable aux étudiants. Il était évident que le gouvernement courait au désastre.

Ce que constata Pompidou, de retour d’un voyage officiel en Afghanistan. Le 11 mai il annonça que le gouvernement allait céder sur toutes les revendications principales et que la Sorbonne serait réouverte aux étudiants le lundi 13 mai. En laissant aux étudiants leur victoire, Pompidou espérait désamorcer la crise. Il n’en fut rien.

Le 13 mai entre 600.000 et 1 million de manifestants défilèrent dans une énorme manifestation de solidarité entre syndicats et étudiants. Partout dans le pays, des millions de travailleurs firent grève, suivant les mots d’ordres des centrales syndicales. Le mouvement, d’abord limité aux seuls étudiants, devint un mouvement de classe et un mouvement national.

Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Les dirigeants syndicaux espéraient utiliser l’élan des étudiants pour renforcer leur campagne contre les ordonnances sur la Sécurité Sociale, mais sans chercher à se servir des moyens politiques d’occupation et de manifestation employés par les jeunes. Loin de là. C’est sous la forme d’une pétition que les syndicats lancèrent leur campagne, le 15 mai !

Pourtant, à Sud-Aviation (Nantes), où un conflit salarial qui devrait duré plusieurs mois, les travailleurs, encouragés par la victoire étudiante décidèrent d’en découdre. Le 14 mai, ils lancèrent une occupation et enfermèrent le directeur et ses sbires dans leurs bureaux.

Le lendemain la grève éclatait à Renault Cléon. Le 16 mai, c’était le tour de Renault Billancourt, à l’époque le symbole de la classe ouvrière autant que celui de sa direction stalinienne. Encore une fois, ce furent les jeunes travailleurs qui lancèrent le mouvement, contre la pression des dirigeants syndicaux.

Très rapidement, la classe ouvrière presque toute entière se mit en grève. Parmi 15 millions de travailleurs, près des deux-tiers firent grève. Plus de 4 millions pendant trois semaines, plus de 2 millions pendant un mois.

Les revendications étaient diverses : hausses de salaires, contre l’autoritarisme des patrons, pour la défense de la Sécurité Sociale. La grève toucha toutes les couches de la société.

Puis, Michelin, Peugeot, Citroën, les ports et les mines déclarèrent la grève totale. Les journaux, puis l’ORTF, l’Opéra, l’Odéon, les chauffeurs de taxi et même les laboratoires du Commissariat à l’Energie Atomique de Saclay où des conseils ouvriers furent organisés, se mirent de la partie. De même, certains secteurs paysans soutinrent la grève.

Les conséquences furent évidentes : absence de transports, pénurie d’essence, soucis de ravitaillement. Comme toute grève générale, celle de mai 68 posait clairement la question : qui dirige ? Le problème était que les staliniens se mettaient à répondre : "les capitalistes !"

Le PCF au secours de la bourgeoisie

La grève générale, bien réelle, était entièrement non-officielle. Aucun syndicat n’y avait appelé, aucun n’en revendiquait la paternité. Et pourtant les syndicats, et d’abord la CGT soutenue par le PCF, cherchaient à en tirer profit et à limiter les dégâts.

D’abord, il fallait immuniser les travailleurs contre l’influence des "groupuscules". L’Humanité stigmatisa les participants de la "nuit des barricades" comme des "provocateurs" ou encore comme "la pègre".

A partir du 15 mai, des manifestations se rendaient régulièrement de la Sorbonne à Billancourt. La CGT colla des affiches autour de l’usine, mettant en garde les travailleurs contre "des milieux étrangers à la classe ouvrière" qui "servent la

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