Redaction Voyage

ant par son jardin, je pris un cliché d’un cerisier du Japon. Magnifique arbuste aux fleurs d’un rose éclatant, auxquels les Japonais louent un culte millénaire. Son intérieur fait de pousses de bambous me charma. Il me montra un meuble vétuste représentant en dessin et en calligraphie la célèbre montagne du Kilimanjaro. Dessus était posé un ordinateur toute nouvelle génération, le contraste entre le folklore Japonais et l’ultra modernisme était saisissant. On s’assit par terre, autour d’une table basse en bois et armé de mes baguettes je m’attaquai aux diverses sortes de poissons crus qu’il me proposa. Délicieux mais sans grande surprise pour moi car les restaurants-sushis abondent à Paris. L’homme me parlait de son Japon d’enfance, qui après les attaques nucléaires de la guerre chercha à se reconstruire. En moins d’un demi-siècle le Japon est devenu l’un des états les plus puissants du monde tout en gardant dans ses villages et provinces son intégrité et ses traditions. Au fil de notre dialogue, je remarquai un petit bonsaï qui se tenait au sol au pied d’un paravent. Il me fit penser à cet homme, vieux mais empli de sagesse, courbé mais gorgé d’expériences de la vie et de savoir.

Cette personne me fit découvrir une autre facette du Japon : l’hospitalité. Une hospitalité sans limite, qui écoute son hôte et qui le respecte. Un accueil sans exubérance et sans lourdeur mais plutôt une façon de recevoir délicate comme le suggérait le romancier Pigault-Lebrun « l’exercice de l’hospitalité suppose des mœurs simples et douces ». Le lendemain j’assistai à un duel de sumo, une force tranquille émanait des deux combattants ; l’estime que ce portaient les deux adversaires pourtant non dénués d’un esprit de vaincre dans leur combat farouche m’impressionna. Trois jours se sont écoulés, me voilà au dessus de l’océan indien et je pense tout particulièrement au carnet de voyage d’Henri Michaux, intitulé « un barbare en Asie » qui décrit d’un œil bienveillant les habitants de différents pays d’Asie dont le Japon avec leurs cultures propres. Il en conclut que les Européens pourraient, selon lui, beaucoup apprendre de ces populations. C’est également mon avis aussi, je crois qu’une certaine humilité et un retour à des valeurs immémoriales feraient du bien à notre société. En ce qui me concerne ce périple m’a redonné goût à la sérénité et à l’attente, une notion presque omise de là ou je viens, une société qui éprouve un sentiment frénétique d’impatience et de volonté d’avoir tout et tout de suite. Le goût des choses simples de la vie et de la nature que j’avais trop longtemps enfoui en moi a refait surface, sensation qui attendait un déclic pour remonter. Une tranquillité m’envahit le corps et l’esprit. Ce voyage fut pour moi un retour vers l’essentiel. Mais sans doute au cours du temps, les enseignements que j’aurais acquis là-bas vont se faner tel une rose pour enfin disparaître. Il ne me restera de cette expérience, qu’un son ou une odeur. Sûrement comme la simple image d’un tableau qui nous aurait marqué. Le poète André Suarès illustre ce propos en nous rappelant que « comme tout ce qui compte dans la vie un beau