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Société Et Culture Urbaine 11 Et 13 Eme Siècle

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ié par deux dynasties : les Almoravides et les Almohades.

Le mouvement almoravide est, avant de désigner la dynastie, un mouvement de réforme islamique inspiré des doctrines malékites. Il prend naissance dans la tribu de Lemtouna, en Mauritanie, appartenant à une confédération de tribus berbères nomades. Au XIe siècle, un " couvent fortifié " est fondé (un ribat, d’où les Almoravides tirent leur nom : Almurabitum signifie hommes du ribat) et vers le milieu du siècle, les Almoravides font route vers le Nord et s’emparent des plaines atlantiques du Maroc, puis s’avancent jusqu’à Alger (1059). Sous la conduite de l’émir Yusuf ibn Tachfin (1060-1106), ils poursuivent leurs conquêtes, acquérant des bases militaires et administratives. La réunification du Maghreb est réalisée sous leur autorité à partir de 1062, date à laquelle ils fondent Marrakech. La conquête les mène ensuite vers l’Est : Alger est intégrée dans l’Empire en 1082.

Ibn Tachfin impose aussi son pouvoir à l’Espagne musulmane, divisée par la discorde des Taifas. Il arrête la reconquête chrétienne en Espagne en remportant la bataille de Zellaqa (1086). Au début du XIIe siècle, la moitié de la péninsule est sous le contrôle des Almoravides qui s’avancent jusqu’à Saragosse (1111) et Barcelone (1114) malgré l’intervention des croisés français.

Les Almoravides se trouvent ainsi à la tête d’un empire hétérogène composé de trois parties : le Sahara, le Maghreb occidental et l’Espagne musulmane. La cohésion de l’ensemble repose sur le souverain, qui tire sa puissance de l’armée et de la religion. Les docteurs de la foi (fukahas) font partie du conseil et sont consultés pour toutes les affaires importantes. L’armée est complétée par des Berbères (le Maghreb fournit sans cesse des contingents pour la guerre en Espagne) et des Espagnols, parmi lesquels des chrétiens, que les Almoravides envoient au Maroc pour faire régner l’ordre intérieur et lever des impôts.

Issus d’un mouvement religieux, les Almoravides sont renversés par un autre mouvement de réforme religieuse, également venu d’Afrique Noire, celui des Almohades, qui vont à leur tour unifier tout l’Occident musulman de l’Espagne jusqu’à Gabès.

Peu avant le milieu du XIIe siècle, les Almoravides sont divisés par des luttes de clans et les Almohades s’emparent de Fès et de Marrakech, sous la direction du calife Abd al-Mumin. Ils lancent des raids dans tout l’Est et le Centre du Maghreb. L’extension des Almohade ira à l’Est au-delà de Tripoli. Au début des années 1160, l’ensemble du Maghreb est unifié.

En Espagne, les Almoravides ne peuvent empêcher la sécession des dynasties andalouses. Dès 1146, les généraux almohades lancent des expéditions dans la péninsule. Le débarquement a lieu l’année suivante. Les Almohades prennent le pouvoir à Séville qu’ils choisissent comme capitale. Ils conquièrent l’Espagne et remportent la grande victoire d’Alarcos contre Alphonse VIII de Castille en 1195.

L’empire almohade se divise alors. Il est menacé par les tentatives de restauration des Almoravides, réfugiés aux Baléares et qui entretiennent une dissidence permanente dans le Maghreb. La défaite de Las Nava de Tolosa (1212), devant les troupes coalisées de Castille, d’Aragon, de Leon et de Navarre, marque le repli définitif de l’Islam en Espagne. Les Almohades se replient progressivement vers le Maghreb.

b. le Moyen-Orient : les Fatimides et Saladin

Les Fatimides, qui ont fondé la ville du Caire à la fin du Xe siècle, ont été à l’origine d’une brillante civilisation. Mais le déclin de l’Egypte fatimide commence dès le siècle suivant : le califat est en proie à la division politique et les Turcs seljoukides enfoncent ses frontières et s’emparent de la Syrie et de Jérusalem. Dans un premier temps, les Fatimides trouvent leur salut dans la formation des Etats latins d’Orient qui forment un rempart contre la menace seljoukide. Cependant, l’Egypte apparaît vite comme le point faible du monde musulman en Orient : dans la seconde moitié du XIIe siècle, le Caire est en pleine anarchie et les vizirs se succèdent sans parvenir à imposer un pouvoir stable. En 1171, le Kurde Salah ad-Din (Saladin) dépossède les Fatimides de leur dernier domaine, l’Egypte et installe la dynastie des Ayyubides.

En 1173, Saladin se proclame sultan et abolit le califat fatimide. Il se rend maître de la Syrie (Alep est occupée en 1183) et de l’Arabie jusqu’à Médine et la Mecque. Au passage, il vient à bout de la rébellion chiite. En 1187, il lance la conquête de la Palestine où il écrase les armées chrétiennes lors de la bataille d’Hattin. Jérusalem est prise et presque toute la chevalerie franque est tuée ou capturée. En quelques semaines, Saladin se rend maître des états chrétiens à l’exception de quelques places côtières, comme Tyr. La troisième croisade libère Acre mais échoue devant Jérusalem. Le règne de Saladin s’achève triomphalement en 1193. Il a rétabli l’unité sunnite et rejeté les Chrétiens sur le littoral, tout en contribuant à relancer le rayonnement culturel et économique de l’ensemble syro-égyptien. Cependant, les conflits provoqués par sa succession vont affaiblir les Ayyubides et nuire à nouveau à l’unité de la zone. A la mort de Saladin, en 1193, la Syrie et l’Egypte se divisent en plusieurs états, alliés ou rivaux selon les circonstances.

c. les Seljukides en Orient

Au XIIe siècle, la réalité du pouvoir n’est plus entre les mains du calife abbasside de Bagdad : ce sont les Seljoukides, peuple nomade venu d’Asie, qui contrôlent le califat. Les Turcs seljoukides, apparaissent sur la scène politique au milieu du XIe siècle, lorsque l’un d’eux, Toghroulbeg, se fait reconnaître sultan par le calife de Bagdad qu’ils délivrent du joug des chiites. Ses successeurs dotent leur empire d’une organisation politique et sociale qui va servir de modèle à tout l’Orient musulman. Ils envahissent l’Asie Mineure qu’ils enlèvent aux Byzantins (grâce à la victoire de Manzikert, en 1071, lors de laquelle l’empereur byzantin Romain IV Diogène est capturé), et établissent également leur domination sur la Syrie fatimide (1070). Vers la fin du XIe siècle, l’empire seljukide connaît son extension maximale : il regroupe l’ensemble de l’Asie Mineure jusqu’à Nicée, le Moyen Orient jusqu’à la Syrie. A l’Est, il s’étend jusqu’à la Mer d’Aral et à l’Indus.

L’arrivée des Croisés bloque l’avancée des Seljukides vers l’Egypte et la Palestine. Au même moment, le réveil de l’Empire byzantin des Comnène les contient en Asie Mineure. En 1144, Edesse est reprise aux croisés, ainsi que Damas, en 1154. Mais vers le milieu du XIIe siècle, l’empire seljukide commence à se diviser. Les gouverneurs des provinces s’émancipent et des dynasties locales sont fondées en Syrie, Mésopotamie, Arménie et Perse.

2. L’expansion de l’Occident en Méditerranée

Au XIIe siècle, la Chrétienté lance un double mouvement de conquête qui aboutit à une extension de ses frontières en Europe et à des expéditions lointaines en pays musulman : les croisades. Cette conquête est accompagnée par l’expansion commerciale des marchands chrétiens.

A. Les Normands en Sicile

Dès le début du XIe siècle, des Normands en quête d’aventures et de terres partent en Italie du Sud. Là, certains chefs parviennent à se faire concéder des fiefs. Ils forment des principautés indépendantes au détriment des Byzantins (la première est fondée en 1029). L’un d’eux, Robert Guiscard, se rend maître de la Campanie et vainc les troupes pontificales en 1053. Le pape Nicolas II est contraint de reconnaître son autorité. Guiscard chasse les Byzantins d’Italie du Sud (Bari est prise en 1071) et débarque même sur l’autre rive de l’Adriatique pour les combattre (la péninsule balkanique est constamment menacée par les visées de Guiscard dans la seconde moitié du siècle). La conquête de la Sicile est lancée en 1060 et achevée par ses successeurs qui finissent de chasser les musulmans de l’île. A la fin du XIe siècle, la Sicile est entièrement sous l’autorité des Normands.

Au début du XIIe siècle, le roi Roger II place toutes les possessions normandes sous son autorité et obtient la couronne royale en 1131. Les Normands continuent de menacer Byzance et prennent même pied sur l’autre rive de la Méditerranée, pour quelques années : Sfax, Djerba et Tripoli sont occupées en 1148. Ils coupent ainsi un axe essentiel du commerce musulman et ouvrent la Tunisie au commerce de Gênes et de Pise. La Sicile, " verrou du monde méditerranéen ", s’associe aux efforts des Pisans, des Génois, des Catalans et des Provençaux pour saborder la domination musulmane dans la région (les Baléares sont soustraites à leur domination, par exemple). L’expansion normande met fin à quatre siècles de domination musulmane en Méditerranée.

b. la Reconquista

Une des grandes réussites de l’expansion chrétienne entre le Xe et les XIVe siècles, c’est la reconquête de presque toute l’Espagne sur les musulmans.

En Espagne, la conquête musulmane avait laissé subsister quelques petits royaumes chrétiens dans les régions montagneuses du nord de la péninsule : Léon, Navarre, comté de Barcelone. Ces petits royaumes entreprennent une reconquête de l’Espagne. Rejoints par des mercenaires, des

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