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Texte 4 : Le Monologue Final, Acte 3 « Je Ne Suis Pas Beau »P.245 Jusqu'à La Fin.

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ns une forme de défi final :

« Il se retourne face au mur du fond [...] tout en criant ».

b) Bérenger et les autres

 Solitude de Bérenger contre tous : on relèvera l'opposi¬tion du singulier et du pluriel, et celles entre je et « eux »( l.3, 5, 19 ), entre « je » et « tout le monde »( l.35, 37).

 Déplacement de la norme. Comme Bérenger est le dernier de son espèce, il est devenu « l'anormal », alors que les rhinocéros constituent la norme de référence : il se qualifie de « monstre »l.27 et se compare, à son désavantage, aux rhinocéros

 Les rhinocéros sont connotées positivement. Le contraste de la beauté et de la lai¬deur (« je ne suis pas beau »l.1, « ce sont eux qui sont beaux »l.3) est développé à travers les oppositions de formes (« corne »l.5, « Front plat »l.6 et « traits tombants »l.7), de texture (« moites »l.11, « rugueuses »l.11 / « flasque »l.13, « dure »l.14 / « sans poils »l.16, « poilu »l.14) ou de couleur (« trop blanc »l.13, « magnifique couleur vert sombre »l.15).

 Enfin, les barrissements apparaissent comme des « chants »l.17 opposés à la faiblesse de sa propre voix, humaine. On aboutit dès lors à un éloge des rhino¬céros qui révèle que la solitude et la diffé¬rence, c'est-à-dire le simple fait d'être soi, sont difficiles à porter, à assumer.

 Le sentiment dominant de Bérenger est ici la honte (« j'ai trop honte »l.31, « comme j'ai mauvaise conscience »l.25, « J'ai eu tort »l.4). Le monologue exprime la douleur de Bérenger, qui est d'abord douleur d'être lui-même. Ponctuation expressive : phrases exclamatives, interjections (« hélas ! »l.5 « ah ! »l.14), répétitions désespérées (« jamais, jamais »l.28).

2. La tentation de la métamorphose

a) Devenir rhinocéros !

 Le souhait de la métamorphose s'exprime fortement dans ce final : répétition du verbe vouloir au conditionnel « je voudrais » l.4, l.14, 29 + propositions intro¬duites par « comme » ou par « si ». De même, les formules comparatives révèlent le désir de devenir rhinocéros : « être comme eux »l.5, « faire comme eux » l.19. Enfin, Bérenger tente d'adopter le barrissement (« il essaie de les imiter »l.19 ; « ahh ! ahh ! brr ») l.21, ce qui confère à la scène une véritable dimension de farce tragique.

 Le discours de Bérenger évolue : le début du passage reste empreint d'un espoir de changement (« ça viendra peut-être »l.l.7), puis après la tentative de barrissement, c'est le constat d'échec : « je ne deviendrai jamais rhinocéros »l.28 .Bérenger ne parvient pas en effet à se transformer en rhinocéros.

 Le mono¬logue multiplie aussi les aveux directs d'im¬puissance par l'abondance des phrases négatives : « non, ce n'est pas ça »l.20, « je n'ar¬rive pas à » l.23, « je ne peux plus » l.29, « je ne peux pas »l.30. Le caractère définitif de cette impossi¬bilité à être rhinocéros est enfin souligné par les adverbes « jamais »l.28, « plus » « trop tard »l.26.

b) Bérenger, une nouvelle figure héroïque ?

 Si Bérenger reste homme, c'est d'abord non par héroïsme, mais par impossibilité profonde de céder au « charme » (au sens d'en¬voûtement) des barrissements et de suivre les autres.

 L’expression « Malheur à celui qui veut conserver son originalité »l.32 est à prendre au sens premier du terme. Ainsi l'attitude de Bérenger ne relève pas du simple anticonformisme. Ce serait plus amoindrir la portée de la pièce qui est, il faut le rappeler ici, une représentation de tous les totalitarismes, et notamment des idéologies nazies (ainsi, le culte du corps et de la force dans le monologue est une allu¬sion claire à l'idéologie nazie). Sans doute faut-il alors comprendre le mot « originalité » non pas au sens d'anticonformisme, mais au sens premier de celui qui conserve ce qu'il est « à l'origine », c'est-à-dire ici son huma¬nité

 Béren¬ger sort dans ses derniers mots de sa léthar¬gie et de ses tentations de céder à la rhino¬cérite. Ce changement apparaît dans la gestuelle du personnage qui « a un brusque sursaut »l.33 et « se tourne face au mur où sont fixées les têtes » l.36. De même, le futur et les phrases affirmatives semblent marquer le temps de l'engagement : « je me défendrai »l.38, « je le resterai »l.38, « je suis le dernier homme »l.38. La seule phrase négative devient ici expression, non pas de son impuissance mais d'une position revendiquée (« je ne capitule pas »), qui annonce le passage à l'action (« ma carabine, ma carabine »).

 II y a donc bien une progression de la figure de Bérenger qui assume une forme de résistance parce qu'il n'a d'autre choix que d'être

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