DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Zola Et L'Affaire Dreyfuss

Documents Gratuits : Zola Et L'Affaire Dreyfuss. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 11

ées politiques sont interdits ou encore, des avertissements et des suspensions peuvent être infligés dans le cas d'infractions (Charle (2004), p. 92). Ces restrictions se détendent néanmoins vers 1860 puisque la presse d'opposition se développe. Il faut attendre 1863 pour que la presse populaire se développe.

1.2 La presse en voie de « libération »

La chute de l'Empire est un élément-clé dans l'expansion que la presse connaît en 1870, même si ses prémices sont déjà perceptibles à la fin du Second Empire. Comme l'explique Charle (2004, pp. 136-137), quatre facteurs sont à l'origine de l'explosion de la presse. En premier lieu, le lectorat ne cesse d'augmenter, notamment par la scolarisation qui fait des élèves les futurs lecteurs des journaux. La révolution industrielle joue également un rôle important : le développement des différentes techniques d'impression concernant les presses rotatives, le papier, le télégraphe électriques et le téléphone permettent de réduire les coûts de production. L'accès aux informations est donc facilité. Le journal change également de statut : il est dès lors considéré comme une entreprise capitaliste grâce à la spéculation financière des années 1880. Finalement, le journal est utilisé comme outil de propagande par les hommes politiques durant les élections.

1.3 La loi de 1881

La loi de 1881, qui fait presque l'unanimité lors de son vote, annonce officiellement le début de la « presse libérée » et supprime les mesures qui la régissaient. Charle explique les conséquences de ce climat de liberté qui ne permet plus le contrôle méthodique des journaux (2004, pp. 134-135). Très peu de délits de presse sont donc retenus contre les publications. Institutions, famille, propriété, culte ou morale : plus rien n'est placé sous protection. La diffamation et les injures personnelle ne sont plus sanctionnées, car la liberté d'expression est ici presque totale. Les rédacteurs en chef privilégient un style violent et polémique qui a tendance à renforcer les extrêmes. Ainsi, plusieurs scandales ébranlent la presse, tels le scandale de Panama ou l'affaire Dreyfus.

2. L'affaire Dreyfus

2.1 Les composantes de l'affaire

L'affaire Dreyfus a eu un certain impact sur la presse qu'il est intéressant d'étudier en ayant conscience des évènement qui la définissent. Comme nous le rappelle Boussel (1960, pp. 5 – 8), Alfred Dreyfus, Capitaine français de confession juive, est accusé en 1894 de trahison envers son pays. On lui reproche d'avoir transmis des documents secrets à l'Empire allemand. Jusqu'en 1906, année où le Capitaine est réhabilité, l'affaire Dreyfus est largement étayée par les quotidiens. Elle passionne le lectorat et l'intérêt pour la presse augmente, puisque c'est uniquement à travers elle que les faits sont rapportés. L'affaire divise le pays en deux camps : les « dreyfusards » qui défendent l'innocence de Dreyfus et les « antidreyfusards » qui prônent la culpabilité de l'homme.

La « trahison de Dreyfus » est révélée par la presse : c'est Édouard Drumont, fondateur de La Libre parole, qui dénonce Dreyfus. Les publications de l'éditeur sont teintées d'un antisémitisme obsessionnel et Drumont traite volontiers des affaires où il peut déprécier les Juifs. Conscients du succès de La Libre parole, les autres journaux exploitent également ce filon antisémite, moins pour défendre leurs idées que pour lutter contre la concurrence. Dans un premier temps, peu d'opinions sont favorables à Dreyfus, car il est plus aisé « de dénoncer que de défendre des fausses accusations ou de rétablir la vérité sur une affaire »(Charle (2004), p. 203-204). Le frère d'Alfred, Mathieu, se charge de la campagne de réhabilitation de son frère. Il peine d'abord à faire entendre sa voix, car la presse est presque unanimement contre Dreyfus. Grâce au coup d'éclat de Zola avec sa « Lettre ouverte au président de la République » (ou J'accuse), la presse commence à se fractionner et les avis divergent. L’État se voit forcé de réagir. Après des années de combat, le Capitaine Dreyfus est réhabilité en 1906.

2.2 L'importance de l'affaire Dreyfus sur la presse

A la fois conflit social et politique, l'affaire Dreyfus est également le scandale que l'on retient parmi ceux qui ont secoué la fin du XIXe siècle, notamment celui du boulangisme et du Panama. Charle (2004, pp. 201- 202) relève les raisons qui font de l'affaire Dreyfus un cas marquant. La presse de la fin du siècle est un support particulièrement propice au développement des scandales. Les journaux restent en effet fidèles à leurs intérêts politiques et économiques. Ainsi, la presse, grâce aux différents genres et aux différents opinions qui la composent arrive à traiter l'affaire sous différents angles grâce aux journaux d'opinion, aux journaux populaires, aux journaux partisans, aux revues, etc ... Le monde de la presse est alors profondément stimulé par la course à l'information.

2.3 Une nouvelle période de journalisme

Ferenczi (1993, p. 183) va plus loin et affirme qu'avec « l'affaire Dreyfus, la presse va entrer dans une étape nouvelle de son histoire. » Cependant, les points de vue ne sont pas toujours tendres envers ce média en plein bouleversement. Les deux camps qui s'affrontent, les dreyfusards et les anitdreyfusards, se reprochent mutuellement de faire preuve d'indécence, de subjectivité et de diffamation dans leurs différents articles. Dans la presse se côtoient alors les témoignages, les fuites, les interviews en ne tenant pas forcément compte du facteur de véracité.

Le journalisme, au-delà des reproches qui lui sont adressés ci-dessus, acquiert un statut déterminant dans la société. Sans les journaux en effet, l'affaire Dreyfus n'aurait jamais pris une telle ampleur. Comme le décrit Ferenczi (1993, pp. 184 - 185), c'est le rôle de porte-parole qu'endosse la presse qui a participé à son avancée, car elle sert les opinions des deux camps. En plus de sa fonction de médiatrice, la presse assume désormais une fonction d'enquêtrice car le lectorat est avide de ce qu'on appellerait aujourd'hui le scoop. Selon Boussel (1960, pp. 7- 8), la France en elle-même se retrouve profondément changée après l'affaire Dreyfus. La presse serait alors « la première et presque l'unique responsable » de cette évolution.

3. Le rôle joué par Zola

3.1 Zola journaliste

Comme il l'a été brièvement soulevé précédemment, l'activité journalistique de Zola a joué une part importante dans l'affaire Dreyfus. Zola, avec J'accuse, n'en est pas à ces premiers essais journalistiques. Cette activité a en effet occupé une grande partie de sa vie. C'est en 1866 que Zola publie ses premiers articles dans la presse, support qu'il exploite allégrement et avec grande constance. D'abord critique littéraire et artistique, il écrit ensuite des articles plus engagés. Il est à la fois romancier avec la publication de ses feuilletons, chroniqueur ou critique. Zola cherche par tous les moyens à se faire connaître : comme le relève habilement Mourard (2003, p. 354), il tente de « faire entendre sa voix au-dessus du brouhaha des salles de rédaction pour entrer en concurrence avec les grands seigneurs ». Mais avant de connaître le succès avec L'Assommoir en 1877, Zola a besoin d'un travail alimentaire et la presse satisfait ses besoin, ainsi qu'il l'écrit à son ami Valabrègue le 8 janvier 1866 :

Vous me demandez ce que mon livre m'a rapporté. Peu de chose. Un livre ne nourrit jamais son auteur Tout œuvre, pour nourrir son auteur doit d'abord passer dans un journal qui la paie à raison de 15 à 20 centimes la ligne. On a ensuite 10%du libraire. (Zola (1978), p. 435)

Zola n'est pas le seul écrivain à utiliser le journal comme vitrine. Au XIXe siècle, peu d'auteurs dénigrent en effet la presse puisqu'elle contribue au processus de notoriété. Zola voit dans la presse une « puissance, liée à sa liberté, inséparable de l'instauration durable d'un régime républicain » (Wrona (2011), pp. 33 – 34). Néanmoins, il critique la nouvelle presse massifiée qui se concentre sur l'information. Elle demande aux articles d'être brefs et rapidement écrits, ce que Zola n'approuve pas. Il écrit en 1872 dans La Cloche : « Les nouvelles conditions du journalisme ont profondément disloqué le monde littéraire. C'est ainsi qu'il n'y a plus de romanciers. Le journal les a dévorés » (Zola (1968), p, 961).

Pour Wrona (2011, pp. 7 – 8), l'auteur entretient alors une relation double avec la presse : Zola l'utilise d'abord pour se faire connaître. Une fois irradié par la notoriété, il utilise sa popularité pour propager ses idées politiques et littéraires.

3.2 J'accuse ... !

La lettre adressée au président de la République Félix Faure, plus connue sous le nom de J'accuse, est la publication dans la presse

...

Télécharger au format  txt (17.2 Kb)   pdf (145.6 Kb)   docx (12.7 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com