Chopin et la ballade n°1 en G mineur

Ballade numéro 1, Frédéric Chopin

Biographie

Frédéric Chopin est un compositeur et pianiste d’ascendance franco-polonaise. Il est né en 1810 dans le duché de Varsovie qui appartient actuellement à la Pologne. Il est formé dès sa plus jeune enfance par le violoniste tchèque Wojciech Zywny qui, à l’encontre des techniques habituelles d’enseignement lui laisse une grande liberté de jeu sans lui imposer de méthode particulière. A huit ans, le « petit Mozart », comme il est surnommé, se produit déjà dans les cercles mondains de l’aristocratie de Varsovie. Il joue régulièrement avec le grand-duc Constantin, frère du tsar et rencontre des personnalités célèbres comme la cantatrice Catalini. Grâce à une mention dans la presse locale il acquiert une renommée à Varsovie.

Il est initié par son père aux langues (français et allemand) et se montre très doué avec les mots comme nous pourrons le voir dans la suite de sa carrière. Frédéric Chopin grandit en voyant défiler les figures intellectuelles phares de Varsovie comme l’historien Maciejowski, le mathématicien Kolberg, le poète Brodzinski et les musiciens Elsner, Jawurek ou Würfel. Chopin sera toujours entouré de figures artistiques qui nourriront son œuvre. En 1822, alors qu’il est âgé de douze ans, son professeur n’a plus rien a lui apprendre, il en change alors pour le tchèque Vaclav Würfel. Son nouveau professeur tient de ce que l’on appelle « le style brillant », c’est-à-dire qu’il s’éloigne des modèles et idéaux classiques et souffle une esthétique et un goût nouveau qui prône un jeu virtuose. Parallèlement il suit des cours d’harmonie et de théorie musicale. En 1825 est publié son Rondo opus 1 qui lui vaut une mention dans la presse internationale.

« Le jeune Chopin s’est distingué dans son improvisation par la richesse de ses idées musicales et, sous ses doigts, cet instrument qu’il maîtrise parfaitement produisit une impression profonde »

périodique allemand

En 1826 il entre au conservatoire de Varsovie. Chopin y apprend la composition d’orchestre mais se consacre exclusivement au piano. C’est une période de querelle littéraire entre les partisans d’une esthétique classique et les romantiques à Varsovie. Frédéric Chopin choisit son camp en suivant les cours de l’historien Bentkowski et du poète Brodzinski, ancrés dans le romantisme.

« L’artiste agit toujours mieux lorsqu’il met à profit l’inspiration, lorsqu’il se montre moins sévère envers certains écarts. Qu’il laisse le sentiment se déverser et l’écarte ensuite, tel un juge froid, pour polir son œuvre, la compléter et la corriger… »

Brodzinski, son professeur de poésie

Cette citation reflète exactement la méthode de composition de Chopin entre spontanéité et volonté de perfection.

En 1828 il compose des Variations en si bémol majeur sur le thème de Là ci darem la mano de Mozart (Don Giovanni) qui lui vaudra un article de Schumann qui utilise l’expression

« chapeau-bas messieurs, un génie ! ».

« Chopin veut réunir au piano les deux points les plus extrêmes de tout le jeu instrumental jusqu’à présent. Il vise à faire fusionner en un tout l’élément didactique issu de l’esprit formateur d’un Bach avec l’incandescence passionnée et le défi technique de Paganini »

Il y a des références à Chopin dans la littérature, la poésie ou le cinéma mais, par exemple le « Chopin, frère du gouffre, amant des nuits tragiques » de Rollinat ou le « O sanglots de Chopin, ô brisement du cœur » d’Anna de Noailles sont en contradiction avec l’homme et l’œuvre de part leur lyrisme.

Bach et Mozart resteront pour lui les modèles de toute perfection.

Après un début de carrière en Pologne et à Vienne, il émigre en France en 1831 alors âgé de 20 ans. Il y côtoie le Paris artistique avec George Sand, Delacroix, Liszt, Pleyel, Balzac, Thalberg et bien d’autres. C’est dans cet univers artistique et culturel que le compositeur a produit l’essentiel de son œuvre.

« Par là le musicien anticipe le principe verlainien : « Rien de plus cher que la chanson grise / Où l’indécis au précis se joint ». Son impressionnisme musical se retrouve en peinture : « en vu de produire un poudroiement sonore assez analogue à certains effets de lumière, à la fois flous et précis dans la peinture d’un Monet ».

Eigeldinger

Sa musique tient du langage musical savant. C’est une élaboration équilibrée et complexe entre l’harmonie et le contre-point, c’est-à-dire la superposition organisée de lignes mélodiques distinctes. La musique de Chopin est aristocratique comme en témoigne son influence du prince Michal Kleofas Oginski. Cyprian Norwid comparait les polonaises de Chopin à une épopée grecque.

Chopin a su, le premier, prêter une attention fascinée aux chants et danses populaires de sa Pologne natale, sans jamais citer intégralement la moindre phrase dans sa production. Un jour alors qu’il improvisait à Paris pour un compatriote, celui-ci crût réentendre une berceuse de son enfance. Mais Chopin répliqua « Cette chanson, tu ne pouvais la connaître… mais seulement l’esprit qui l’anime : l’esprit d’une mélodie polonaise ! ». Frédéric Chopin était très attaché à sa nationalité polonaise et son patriotisme douloureux se transmet dans sa musique.

« Et les plaintes de la Pologne empruntaient à ses accents je ne sais quelle poésie mystérieuse, qui pour tous ceux qui l’ont véritablement sentie, ne saurait être comparée à rien… »

« Il pourra être rangé au nombre des premiers musiciens qui aient individualisé en eux le sens poétique d’une nation »

Liszt

Chopin représente l’universalité des origines et de la musique.

« Il n’est alors ni Polonais, ni Français, ni Allemand ; il trahit une origine bien plus haute, il descend du pays de Mozart, de Raphaël, de Goethe : sa vraie patrie est le royaume enchanté de la poésie. »

Heine

Grâce au piano moderne, qui est l’évolution du piano forte, Chopin crée un nouveau langage et un nouveau répertoire qui ne repose plus sur les legs de Schubert ou Beethoven. Ses lignes mélodiques sont exprimées avec transparence quelque soit la complexité de la polyphonie. Frédéric Chopin avait pour vocation d’être le maître de l’équilibre et de la mesure.

Frédéric Chopin est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands compositeurs de musique de la période romantique et un des plus célèbres pianistes du XIX ème siècle. C’est l’une des musiques les plus jouées actuellement et un passage indispensable à la compréhension du répertoire pianistique universel. Avec Franz Liszt, il est le père de la technique moderne du piano et a influencé toute une série de grands compositeurs tels que Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel ou Olivier Messiaen.

La ballade numéro 1 en G mineur opus 23

La ballade 1 en sol mineur a été terminée par Chopin en 1836, alors que le compositeur est âgé de vingt-six ans. L’année qui précède la composition est une année très difficile, pour le pianiste qui perd son ami proche Bellini. Il se sépare aussi de sa compagne Marie Wodzinska dans une rupture assez douloureuse et voit ses parents pour la dernière fois. Cette année l’a tellement tourmenté qu’il tombe lui-même malade. Cette tourmente, cette blessure se ressent dans cette composition. La ballade numéro 1 en sol mineur opus 23 est la première des quatre ballades de Chopin. C’est le premier morceau de musique instrumentale à se nommer « ballade ». Elle est dédiée à Monsieur le baron de Stockausen qui était ambassadeur de Hanovre en France mais aussi harpiste. Chopin aurait été inspiré de l’œuvre d’Adam Mickiewicz, poète et écrivain polonais considéré comme l’un des plus grands poète romantique, pour la composition. Cette ballade requiert une grande technique pianistique et une dextérité importante à cause des larges accords, des suites d’octaves,