Claude Gueux

artageait tout avec lui. Mon client, qui s'impliquait avec rigueur dans les tâches qu'on lui confiait, essayait de s’entretenir avec la victime, de négocier pour le bien de tous dans la prison, il ne céda pas au chantage du directeur pour satisfaire sa personne, il voulait rétablir la loi et la paix en prison, mais malgré tout il vécut très mal la perte de son ami. Que faire dans ces cas-là, on se trouve face à un individu cruel, insensible, sans humanité, qui aime faire souffrir car il est malheureux, je vous le demande ? Alors, il insistait à de nombreuses reprises pour le retour de son compagnon au directeur, mais le directeur ignorait sa demande. Après une menace de mon client au directeur, mon client se fit envoyé au cachot. Par après, il apprit que sa femme était décédée et que sa fille avait disparue. Enfin, pour la énième fois, il essaya de le faire changer d’avis et ayant vu sa demande une nouvelle fois refusée, mon client s’était fait procurer un couteau par l’intermédiaire de prisonniers qui avait accès en cuisine et c’est avec ce couteau qu’il poignarda le directeur. D’accord, il l’a bel et bien tué et je sais que c’est un crime puni par la loi! Mais, n’était-il pas vraiment pas malheureux, alors qu’il savait pertinemment qu’il sortait de prison après un an!?

Pour finir, cet homme, cet homme qui a souffert d’injustice, se retrouve aujourd'hui devant nous, messieurs les jurés, attendant votre décision. Certainement la décision la plus importante de toute sa vie. Mais je vous demande de réfléchir, dans cette histoire, lequel des deux était vraiment la victime de l'autre?

Bref, venons-en maintenant aux charges retenues contre mon client: Vous le soumettez à la peine de mort, le mérite-t-il ? Pensez-vous à sa fille qui vivra sans son père toute sa vie ? Ne devrions-nous pas lui donner une seconde chance?