Commentaire Edith Stein

  « L’état est la seule communauté qui puisse avoir pour caractéristique essentielle la souveraineté. » Cette phrase prononcée par Edith Stein est très signifiante. En effet,  pour elle l’Etat n’empêche aucunement la liberté des citoyens, l’Etat est donc essentiellement souverain, mais il ne se limite pas à sa souveraineté. Edith Stein, qui a vécu de 1891 à 1942, est une philosophe juive athée qui s’est ensuite reconvertie au catholicisme. Elle a fini ses jours de façon tragique à Auschwitz.  Femme au parcours exceptionnel, elle a été canonisée par le pape Jean-Paul II en 1998. C’est dans son livre De l’Etat qu’elle proclame sa thèse sur la souveraineté de l’Etat. Cet essai fut publié en 1925, elle l’a élaboré dans une atmosphère d’inquiétude nationale européenne : Ayant vécu et pensé la souffrance de la guerre dans une Allemagne qui a vu s’écrouler la monarchie, son désir de justice l’a amené à penser et à s’intéresser au concept de l’Etat en tant que tel, faisant  abstraction des faits de la vie étatique. Cette théorie, issue de la pensée phénoménologique, fait remonter à l’essence même des choses.  Ainsi elle parle de l’Etat en général faisant abstraction de ses diverses formes. L’Etat est un pouvoir politique suprême, il est au-dessus de tous, mais reste-t-il infiniment souverain? Est-il aussi puissant qu’on le pense ? Nous pouvons alors nous demander : Dans quelle mesure l’Etat est le maitre absolu du pouvoir et de la souveraineté ? D’une part nous verrons que la souveraineté est une condition intrinsèque à la liberté de l’état et d’autre part nous verrons que l’état souverain peut s’avérer fragile.

1. La souveraineté, condition intrinsèque à la liberté.

Nous avons bon parler de souveraineté, mais peu savent ce que cela signifie vraiment. Ainsi cela fera office de notre première sous partie. La souveraineté est souvent vue aux premiers abords comme une puissance qui empêcherait toute autonomie et affranchissement, hors en réalité elle permet la liberté.

1. Signification de la souveraineté

« La souveraineté comme condition sine qua non de l’Etat », cela veut dire que L’état n’existe que par sa puissance souveraineté. C’est une revendication d’indépendance dans l’exercice des pouvoirs. Lorsque l’on exerce un pouvoir, il n’y a personne pour remettre en cause l’exercice de ce pouvoir, telle est la souveraineté. La souveraineté a une double nature : Elle est une puissance absolue et perpétuelle d’une république. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une puissance indépendante, non liée par quoi que ce soit, et non limité dans le temps. C’est également une puissance unique, indivisible et unitaire, facteur de cohésion dans l’état.  L’état est bien un principe d’autonomie, cela permet à l’état de d’auto administrer largement dans le respect de leurs spécificités, car en réalité les Etats jouissent d’une souveraineté, certes réduites par les autres mais bien réelle.

La souveraineté est bien « L’essence de l’Etat ».  La souveraineté est l'expression par laquelle on désigne dans la terminologie française un pouvoir suprême, c'est à dire un pouvoir supérieur qui ne relève d'aucun autre. Elle permet une indépendance complète au dehors, et par conséquent l'absence de toute sujétion à l'égard des puissances étrangères c’est-à-dire la souveraineté externe. Mais c’est aussi une supériorité absolue au-dedans, ce qui implique la possibilité d'imposer sa volonté à l'intérieur de son territoire, non seulement aux individus, mais à tout groupement public ou privé. C'est la souveraineté interne. C'est au nom de ce pouvoir supérieur originaire que l'Etat, par exemple, décidera lui-même de sa propre organisation. 

« La souveraineté comme auto constitution d’une res publica ». La souveraineté permet le bien public. L’intérêt de l’Etat est de favoriser la paix au sein de sa communauté.  La liberté des individus n’est pas supprimée par la volonté du corps étatique mais est au contraire la condition de sa mise en œuvre : elle ne limite donc pas la souveraineté. Elle est une grande partie de l’Etat, mais ce ne doit pas être son seul objectif.

1. L’état, corps permettant la liberté

L’Etat favorise « La liberté de l’individu ».  En effet les hommes sont dans l’état de nature épris d’honneurs et de pouvoir, et la seule manière de les empêcher de s’entretuer est de mettre en place un pouvoir fort, tout entier tendu vers le maintien de l’ordre et de la paix. Il permet l’égale liberté des hommes. La souveraineté de l’Etat réveille en l’homme le sens du devoir et de la responsabilité et cela rendrait possible l’accomplissement de plénier de ce qui fait notre dignité, à savoir la liberté. La souveraineté a été invoquée comme principe de liberté et de non soumission. La souveraineté n’est    donc pas née pour décrire une réalité mais pour renverser un certain ordre juridique. L’Etat incarne l’intérêt général et préserverait la sécurité, l’ordre, mais aussi la liberté.

« La liberté des individu n’est pas supprimée par la volonté de ce corps ». La souveraineté joue un rôle analogue à la liberté dans la structure de la personne individuelle. En effet les individus s’engagent à accorder à l’Etat des libertés qui lui donne le pouvoir à condition qu’il s’en serve pour les protéger et pour poursuivre toutes les fins d’intérêt général qui n’entrent pas en conflits avec leurs droits fondamentaux. L’état doit s’engager lui à tout mettre en œuvre pour respecter et faire respecter les droits des individus.

 « Seul un corps qui comprend des personnes libres peut se déclarer souverain ». Il faut considérer de l’état souverain avec les sujets. L’Etat doit garantir des libertés individuelles aux individus qu’il régit. Il ne doit pas contraindre ses citoyens, mais garantir l’exercice libre des droits naturels que l’individu possède indépendamment de l’Etat. L’Etat doit donc cesser d’user ses pouvoirs en vue de ses fins, mais utiliser les fins que les individus lui ont fixées pour atteindre la souveraineté.  

De cette manière les libertés individuelles se trouvent réconciliées avec la souveraineté de l’Etat.

1. La contrainte de l’Etat

La souveraineté de l’Etat permet aux citoyens de trouver la paix, et de déployer leurs libertés. Mais cette puissance ne peut exister sur le long terme. Des aléas font qu’elle ne peut perdurer infiniment dans le temps. De même l’Etat doit subir des contraintes pour s’autoproclamer en tant que tel, il n’a pas le libre choix d’être comme il l’entend et doit donc obéir à certains principes.  

1. Une puissance éphémère

« A tout instant elle peut être mortellement atteinte ». En d’autre terme l’Etat souverain est mortel, quoique souverain. La souveraineté a des limites. L'idée que l'on veut exprimer ici est qu'en vertu de cette souveraineté l'Etat, sur le plan international ne pourra être soumis sans son assentiment à aucune autorité ou organisme qui lui impose une contrainte. De plus la puissance d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. Il y a des évolutions, cet état peut arriver à perdurer en ces sens, mais cela peut aussi lui poser des contraintes, et il ne peut ainsi plus affirmer sa puissance et perd toute crédibilité. La puissance n’est jamais une garantie de succès.