L'Apologie De Socrate
Documents Gratuits : L'Apologie De Socrate. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresté). Il répond aux trois chefs d'accusation déposés contre lui : corruption de la jeunesse, non-reconnaissance de l'existence des dieux traditionnels athéniens, et introduction de nouvelles divinités dans la cité. Il y eut 30 jours d'intervalle entre la condamnation de Socrate et sa mort, pendant lesquels il resta enchaîné dans sa prison. Ses amis lui rendaient visite et s'entretenaient avec lui quotidiennement.
Passage étudié : Troisième discours : conversation avec les juges.
Dans cette partie Socrate s‘adresse dans un premier temps aux juges qui l’ont condamné. Ensuite il propose aux juges qui l’ont soutenu de discuter avec lui. Il entame une discussion sur la mort. Il propose deux visions de la mort, l’une pessimiste qu’il rejette et l’autre optimiste. Dans cette dernière, il fait état d’un paradis ouvert à tous les hommes, où il aurait la possibilité d'interroger tous les grands hommes de l’histoire de son pays et où, ironise-t-il, il ne sera pas condamné à mort pour cela.
Si Socrate apporte une défense qui n'est pas dénuée d'ironie (voire parfois méprisante à l'égard des juges, qu'il se refuse à apitoyer), peut-être est-ce dû à sa volonté de montrer que les idées sont plus importantes que la vie, ou, selon certains, au fait qu'ayant atteint l'âge de soixante-dix ans, Socrate n'avait plus rien à perdre et désirait mourir avec honneur.
Dès qu'il entre dans le prétoire, Socrate sait qu’il s’agit d’une cause perdue. Pour que ses juges l'acquittent, il faudrait qu'ils fussent philosophes avant que citoyens. Même s'il déployait un torrent d'éloquence, Socrate ne pourrait pas échapper à la condamnation, d'où ce premier discours, cette première plaidoirie "non-coupable". Cependant, Socrate pourrait peut-être échapper à la peine capitale. Plusieurs commentateurs inclinent à penser qu'Anytos, Mélétos et Lycon ne voulaient pas la mort de Socrate, mais peut-être seulement son exil.
Au cours de la première plaidoirie, Socrate parle de manière parfois arrogante, au moins plaide-t-il non coupable et tente-t-il en effet de se défendre. Alors que, dès les premiers mots de la deuxième plaidoirie, une étonnante ironie jaillit de ses propos.
Il s'en explique ensuite : il ne va certainement pas s'appliquer à lui-même une peine (la prison, l'amende ou l'exil) dont il sait qu'elle est un mal, en substitution à une peine (la mort) dont il ne sait pas, au juste, si elle est un mal ou un bien.
Opinion curieuse, car la plupart des gens considèrent la mort comme un mal
La toute fin du dialogue, où Socrate s'entretient avec les juges qui l'ont acquitté contient une véritable doctrine sur la mort. L'analyse de Socrate paraît assez simple à comprendre. Dans l'état de mort, la conscience disparaît et dans ce cas, dit Socrate, l'ensemble du temps passe comme une seule nuit. Ou bien la mort n'est qu'un passage vers un autre monde, où nous retrouverons les personnages du temps passé. La dernière hypothèse réjouit Socrate, car ils imaginent des discussions passionnantes qu’il va mener avec les héros, les poètes et les sages anciens !
Non seulement, pour Socrate, la mort est inconnue, mais encore elle est certainement préférable dans certains cas.
Si en effet l'on place la justice au premier rang des préoccupations, comme le fait Socrate, alors d'un point de vue pratique le pire serai de commettre l'injustice, ce qui revient exactement à rendre son âme mauvaise. Dans cette situation, où l'on se retrouve face à un choix extrêmement tranchée : entre un mal (commettre l'injustice) et un événement dont on ne sait pas au juste s'il s'agit d'un mal ou d'un bien. Le second choix est donc le plus rationnel.
Raison pour laquelle, explique Socrate, un héros comme Achille est admirable : bien que marchant à une mort certaine, il ne la préfère pas moins au déshonneur et à l'injustice.
Nul individu rationnel ne peut mettre la justice ailleurs qu'au sommet de l'échelle des valeurs.
Dès lors, nul individu rationnel ne peut préférer commettre l'injustice plutôt que de souffrir la mort. C'est une règle sans exception.
A ce stade de la réflexion, une question se pose de manière très urgente : même si elle s'avère cohérente avec l'ensemble de son discours et de ses explications, l'attitude de Socrate tient de la provocation. Socrate voudrait pousser ses juges à le condamner à mort, qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Cette question remet soudain tout le dialogue en lumière : Socrate voulait-il mourir ? Voulait-il depuis le début que la Cité d'Athènes le condamne à mort ?
Il l'avoue lui-même, dans les dernières lignes du dialogue : "il est clair pour moi que mourir dès à présent, et être délivré dés soucis de la vie, était ce qui me convenait le mieux". Socrate estimait dès lors que la mort était pour lui préférable à la vie.
N'est-ce pas lumineux ? N'est-ce pas évident ? Socrate non seulement savait que son procès était une cause perdue, mais encore il souhaitait une condamnation à mort. La première plaidoirie est bien une tentative de se disculper, mais avec, comme principale contrainte, l'idée qu'il sera malgré tous ses efforts reconnus coupable... et Socrate saute sur cette occasion.
Arrivés à ce point de la réflexion, nous pouvons correctement interpréter l'une des contradictions les plus flagrantes du texte. Lors de la première plaidoirie, Socrate rassure les juges : s'ils le condamnent à mort, ils ne trouveront pas facilement un autre homme comme lui. Mais lors du discours final, s'adressant aux juges qui l'ont condamné, Socrate s'exclame, de manière toute contraire : "Je vous dis donc que si vous me faites périr; vous en serez punis aussitôt après ma mort par une peine bien plus cruelle que celle à laquelle vous me condamnez ; en effet, vous ne me faites mourir que pour vous délivrer de l'importun fardeau de rendre compte de votre vie : mais il vous arrivera tout le contraire, je vous le prédis. Il va s'élever contre vous un bien plus grand nombre de censeurs
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