Le Soleil - Baudelaire
Fiche : Le Soleil - Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar bacurza • 21 Juin 2022 • Fiche • 1 634 Mots (7 Pages) • 365 Vues
Le soleil- Charles Baudelaire
Introduction :
Ce poème a été écrit par Charles Baudelaire. Le Soleil est issu du recueil « Les Fleurs du Mal » publié en 1857, et appartient à la section « Tableaux parisiens ».
Baudelaire est un poète entre le symbolisme et le romantisme. Il suit une vie de dandy, c’est-à-dire une vie centrée sur la préoccupation esthétique.
Il est victime du spleen, une mélancolie sans cause apparente, un désenchantement du monde, un ennui profond.
On retrouve ces thèmes dans son œuvre « Les fleurs du Mal » à laquelle il a consacré toute sa vie. Baudelaire y expose aussi les thèmes du voyage, de l’amour, de l’ivresse ainsi que de la ville de Paris.
Les «Tableaux parisiens», deuxième section du recueil, assimilent ainsi la ville moderne aux vices et à la misère, mais également à la rêverie, et à la possibilité d’une beauté nouvelle.
«Le soleil» est le deuxième poème de cette section. A travers le soleil, Baudelaire évoque les pouvoirs salvateurs de la poésie.
A cet égard, comment le soleil est-il d’abord représenté comme l’inspirateur du poète, avant de représenter les divins pouvoirs guérisseurs de la poésie ? Nous étudierons dans un premier temps comment Baudelaire raconte comment ses vers naissent de ses promenades ensoleillées dans le premier huitain, puis dans une deuxième partie, correspondant au deuxième huitain, le poème fait l’éloge du soleil, guérisseur de tous les maux. Enfin, dans la troisième partie, correspondant au quatrain final, le poète est comparé au soleil, divin guérisseur.
I – Baudelaire raconte comme ses vers naissent de ses promenades au soleil :
Le poème s’ouvre sur deux alexandrins dépeignant Paris : « Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures / Les persiennes, abri des secrètes luxures ».
La rime « masures / luxures » souligne l’alliance de la misère et du vice dans la ville moderne.
Le verbe « pendre» suggère la langueur et l’ennui dans une ville étouffante.
Paradoxalement, la ville semble vide. Elle est le lieu de secrets gardés.
C’est dans cette atmosphère dépeuplée que s’exerce la puissance du soleil : «Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés /Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés» (v.3-4).
Le soleil est personnifié par l’adjectif « cruel » qui fait de lui une puissance divine qui châtie les humains pour leurs vices comme le suggère la violence du verbe « frappe ».
L’anaphore en « sur » et le rythme binaire du vers 4, composé de deux hémistiches, soulignent que cette punition est universelle car elle s’applique identiquement aux villes et aux campagnes: «sur la ville et sur les champs, sur les toits et sur les blés». Le parallélisme ville/toits et champs/blés renforce cet équilibre.
Le poète apparaît pour la première fois au vers 5, à travers le pronom personnel de la première personne « je ».
Il se distingue immédiatement comme un homme singulier car il est le seul en mouvement dans cette atmosphère figée, ce qu’exprime le verbe d’action : « Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime » (v.5).
« La fantasque escrime » est une périphrase désignant l’activité poétique. Elle est d’emblée présentée comme une activité vivante, qui s’exerce en marchant.
La métaphore entre le poète et un joueur d’escrime fait de la poésie une sorte de combat d’épée, une lutte contre le langage et la ville.
L’adjectif « fantasque » suggère que de fascinantes trouvailles naissent de la recherche poétique.
Le participe présent « Flairant » (v.6) animalise le poète, mais de manière méliorative car il est celui dont l’acuité sensorielle permet d’établir des «Correspondances» poétiques.
Des vers 6 à 8, le poète est assimilé au chiffonnier, homme qui récupère les déchets avec son crochet pour revendre ceux qui ont de la valeur : «Flairant», «Trébuchant», «Heurtant». L’énumération ternaire des participes présents restitue la démarche active du chiffonnier.
La métaphore entre le poète et le chiffonnier est filée. Ainsi, le poète flaire non pas les déchets mais « les hasards de la rime », comme si le poète trouvait au sol les mots poétiques.
Les « mots » sont des «pavés» sur lesquels le poète trébuche et, au lieu de heurter des déchets avec son crochet, le poète heurte «des vers».
Poètes et chiffonniers sont tous deux des alchimistes qui cherchent l’or dans la boue en parcourant la ville moderne.
De cette quête surgissent « parfois des vers depuis longtemps rêvés. » (v.8)
La trouvaille poétique est précieuse parce que rare, comme l’expriment les deux adverbes temporels « parfoi s» et «longtemps.»
Elle surgit brusquement après une longue maturation pendant la marche.
II – Un éloge du soleil, guérisseur de tous les maux :
Ce dernier est personnifié et divinisé par la métaphore « Ce père nourricier» (v.9) qui renvoie au Père de la Trinité chrétienne.
Ses pouvoirs sont salvateurs.
Il guérit ainsi des maladies et de la faiblesse («ennemi des chloroses», v.9), à la manière de l’élixir que rêve l’alchimiste.
Ses pouvoirs ne se limitent pas à protéger de la mort, puisqu’il donne aussi la vie comme l’indique le verbe éveiller «Éveille dans les champs les vers comme les roses» (v.10).
Le rythme équilibré des alexandrins accentue l’impression de vitalité.
Baudelaire place au même niveau «les vers» et «les roses», ce qui crée un contraste surprenant entre la putréfaction (les vers qui mangent les cadavres) et les roses, symbole de la beauté.
Le soleil incarne donc l’alliance de l’horrible et du sublime propre à l’esthétique baudelairienne et au projet des Fleurs du Mal.
Les vers font également songer par homophonie aux vers poétiques, le soleil devenant alors la source de la poésie.
L’alliance antithétique entre la beauté et la laideur est également présente dans la rime riche «chlorose/roses» qui lie deux termes opposés.
L’énumération des pouvoirs solaires se poursuit: «Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel, / Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.» (v.11-12).
...