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Leon l'Africain

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s seigneurs au pouvoir sans limite et à l’aura invincible : après les Romains, les Perses, les Huns, les Vikings, l’Empire de Tamerlan, l’Empire Mongol et nombre d’autres Royaumes déchus, au XVIème siècle s’établit la domination hispanique. Les caravelles et les galions chargés d’or, la puissance de Cortès et le partage du Nouveau Monde via le traité de Tordesillas en 1494 témoignent du règne sans partage des empires espagnols et portugais à l’époque d’Hassan.

Mais déjà, ils vacillent sur leur base, et la contestation populaire gronde, qui fera tomber des têtes, éclater des puissances et déchoir des papes.

Le siècle d’or, c’est aussi le temps des grandes découvertes, facilitées par la diffusion de cartes plus précises grâce à l’imprimerie de Gutenberg : cherchant une nouvelle route pour aller aux Indes, Colomb découvrira ainsi le continent américain en 1492, ainsi nommé en hommage à Amerigo Vespucci, premier à avoir émis l’hypothèse que l’Amérique du Sud constituait un nouveau continent et non une partie de l’Asie. En cherchant de nouvelles routes pour les épices, Magellan établit en 1522 la première circumnavigation de l’histoire, en passant par le détroit qui porte son nom. Vasco de Gama, quant à lui, est le premier à atteindre les Indes, en 1497, en contournant le Cap de Bonne-Espérance.

C’est enfin le temps de la renaissance des arts : sous la férule des papes mécènes, le génie de Raphaël, de Michel-Ange et de Botticelli peut s’épanouir, la lettre de Shakespeare et de Rabelais peut jaillir. Protégée par François 1er, Léonard de Vinci laisse éclater sa science, celle de Copernic va révolutionner la façon de voir le cosmos. Dans son Eloge de la folie, Érasme montre déjà la voie d’un humanisme critique vis-à-vis des Seigneurs et des Puissants, en particulier de l’Église. Mais, protégé par Léon X et ne souhaitant pas créer de schisme à l’intérieur de l’Église, il restera fidèle au pape —Paul III lui propose même le cardinalat, qu’il refuse— ne suivant pas Luther, qui cherchait à le gagner, dans la dissidence.

De tout cela, Hassan al-Wazzan est un témoin privilégié: il est à Grenade quand Grenade tombe, à Tombouctou à l’apogée de l’Empire Songhaï, au Caire quand les Turcs mettent fin à la dynastie Mamelouk, à Rome quand Rome renaît de ses cendres. Dans Léon L’Africain, Amin Maalouf nous entraîne dans les méandres de temps perdus, de périodes troublées où les menaces grandissent, de guerres sanglantes où les peuples s’affrontent pour le pouvoir, le territoire ou la religion. Le XVIème siècle est le « beau siècle », l’époque moderne, celui des grandes découvertes, des grandes inventions, des œuvres d’art toujours plus grandioses, des rêves toujours plus fous et déchirants.

Léon l’Africain

C’est à Grenade, dans les ruelles d’Albaicin, en 894 de l’hégire (1488), que naît Hassan al-Wazzan, al-Zayyati, al-Gharnati, al-Fassi, fils de Mohamed le peseur, circoncis de la main d’un barbier et baptisé de la main d’un pape.

« On m’appelle le Grenadin, le Fassi, le Zayyati, mais je ne viens d’aucun pays, d’aucune cité, d’aucune tribu. Je suis le fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées»

Enfant, ses parents lui content le lent déclin des califes andalous, affaiblis par les rivalités et les luttes incessantes, gangrenés par la corruption, endormis par les fêtes somptueuses, les Parades pompeuses et les banquets sans fins. Alors que les musulmans espagnols ne peuvent s’appuyer sur d’autres qu’eux-mêmes, les princes catholiques bénéficient de l’appui massif de toute la chrétienté, encouragée à combattre les maures par les papes romains. Au fils des ans, Gibraltar, Alhama, Ronda, Marbella, Malaga,… toutes villes conquises depuis l’avènement du Prophète, tombent l’une après l’autre. Et bientôt, Boabdil, le dernier calife de Grenade, maître de l’Alhambra, est chassé par les Castillans. La résistance grenadine est acharnée mais la reconquista s’achève, et l’Espagne est désormais sous la férule de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille, dite Isabelle la Catholique. Jamais plus l’Espagne ne sera musulmane. Nous sommes en 1492, Hassan n’a que 4 ans.

« Il a fait froid cette année-là sur Grenade, froid et peur, et la neige était noire de terre remuée et de sang. Qu’elle était familière, la mort, que l’exil était proche, que les joies du passé étaient cruelles au souvenir ! »

Exilé, Boabdil doit encore entendre ces mots peu fiers de sa propre mère, Fatima :

« Pleure comme une femme ce royaume que tu n’a pas su défendre comme un homme ».

C’est la fin de plusieurs siècles de cohabitation plus pacifique que l’on croît entre chrétiens, musulmans et juifs en terre d’Espagne. Après quelques années de tolérance, les musulmans sont bientôt sommés de choisir entre la conversion ou l’exil : les dernières populations musulmanes quitteront l’Espagne en 1609, expulsées par Philippe III. Quant aux Juifs, éternels réprouvés, ils subissent déjà la terreur de l’Inquisition espagnole et émigrent massivement.

Fuyant Grenade et les persécutions qui s’annoncent, c’est à Fès qu’Hassan et sa famille trouvent refuge. Rejetés par un oncle qui juge dégradante la passion de son père Mohammed pour une esclave roumiyya —une chrétienne— Hassan et les siens s’installent dans une modeste demeure des faubourgs de Fès. Là, Hassan vivra une jeunesse heureuse, partagé entre l’étude de l’islam sous la tutelle de l’intransigeant Astaghfirullah, découverte des souks, espionnage des hammams de femmes avec son ami Haroun, et apprentissage des rudiments du métier de commerce avec son oncle Khâli, entre temps réconcilié.

“Pour Haroun et moi, la découverte de Fès ne faisait que commencer. Nous allions la déshabiller voile après voile comme une mariée dans sa chambre de noces. De cette année-là, j’ai gardé mille souvenirs qui me ramènent, chaque fois que je les évoque, à la candeur insouciante de mes neuf ans.”

Devenu adulte, Hassan s’aguerrit et, faisant fortune grâce à un tour malicieux du destin, devient bientôt l’un des plus riches commerçant de Fès. Déjà, il entame la construction d’un somptueux palais avec les meilleurs artisans du Royaume. Mais le Créateur ne semblait pas destiner Hassan à une vie tranquille de notable assagi. Et bientôt, les tribulations commençaient.

Alors qu’Haroun le Furet, membre de la puissante corporation des portefaix de Fès et toujours meilleur ami d’Hassan, décide d’épouser Mariam, la sœur d’Hassan et fille de Warda la roumiyya, Mohamed, le père d’Hassan, choisit de la donner à un véreux et criminel trafiquant de Fès, le Zerouali, dans le cadre d’un accord commercial destiné autant à redorer son blason terni par l’alcool et la dépravation qu’à remplir ses coffres.

Persuadé que sa sœur va vivre un enfer dans le harem du Zerouali, Hassan s’y oppose et la querelle familiale tourne au drame quand Hassan et Haroun vont conter l’affaire à Astaghfirullah, l’intransigeant Cheick et imam de Fès, lui aussi immigré grenadin. Scandalisé que Mohamed donnasse sa fille en mariage à un homme aussi impie, cupide et débauché que le Zerouali, Astaghfirullah s’empresse de porter l’affaire sur la place publique et bientôt le nom du Zerouali est partout murmuré avec une crainte mêlée de dégoût.

« Tels sont les hommes que les croyants respectent et admirent en ces temps de déchéance ! Tels sont les hommes auxquels vous sacrifiez vos filles comme à des divinités d’avant l’islam ! »

Humilié et diffamé, le Zerouali rompt l’accord avec Mohamed. Pour se venger, il utilise son influence auprès du Cheick des lépreux pour faire interner Mariam, pourtant saine, dans le quartier maudit.

Après trois années d’attente et d’espoirs de libération toujours déçus, Haroun, impatient et furieux, l’épouse finalement et s’enfuit avec elle en secret, loin de Fès. Mais Hassan veut aller plus loin et, auréolé de sa brillante réussite financière, use de son influence auprès du Sultan de Fès pour se venger et obtenir que le Zerouali soit banni de la ville pour deux ans. Funeste erreur.

La vengeance appelle la vengeance, et cette mince victoire se retourne contre lui quand un Haroun toujours furieux abat le vieux Zerouali, lors du retour de son pèlerinage de deux ans à La Mecque. Jugé en partie responsable du meurtre de celui qui avait payé le prix de son iniquité, Hassan est condamné à la même peine que l’homme qu’il haïssait : deux ans de bannissement.

« Sans doute n’es-tu coupable de rien, Hassan, mais les apparences t’accusent. Et la justice est dans les apparences, du moins en ce monde, du moins aux yeux de la multitude ».

Hassan quitte alors Fès avec tous ses biens —plus de 200 chameaux et son esclave Hiba, son premier véritable amour— il prend la route vers l’Egypte et connaît alors le début de l’errance…

“Bien des hommes découvrent le vaste monde en cherchant seulement à faire fortune. Quant à toi mon fils, c’est en cherchant à connaître le monde que tu trébucheras sur un trésor.”

Peu de temps après son départ, une violence tempête de neige emporte tous ses biens, ses chameaux

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