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Commentaire de texte " Deux révoltes frumentaires à Toulouse au XVIIIe siècle ".

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Par   •  31 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 043 Mots (13 Pages)  •  703 Vues

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Commentaire

" Deux émeutes frumentaires à Toulouse " p.124 (PP)

Ce texte est un extrait d'un receuil de mémoires publié par Edmond Lamouzele à Toulouse en 1914. Ce receuil a pour origine " les Heures perdues " de Pierre Barthès. Edmond Lamouzele a travaillé sur l'ouvrage de Pierre Barthès et en a séléctionné les passages les plus pertinents pour la compréhension de l'histoire de Toulouse et ses environs. Pierre Barthès est un bourgeois Toulousain né en 1704 et mort probablement en 1781. Il est maître répétiteur et tient un journal qui retrace des évênements de sa vie et de la vie publique à Toulouse entre 1737 et 1780. E. Lamouzele publie cet ouvrage pour aider les historiens et chercheurs qui souhaitent en savoir plus sur l'histoire de Toulouse. P. Barthès tient ce journal dans l'unique but de raconter l'histoire, son histoire et celle de sa ville. Comme il l'écrit sur la préface du journal, il transmet une histoire à la "postérité", les générations futures. P. Barthès et son ouvrage sont un reflet de leur époque.

Nous sommes donc en France, au XVIIIe siècle, à Toulouse plus précisemment. Toujours pendant la période que l'on nomme Ancien Régime, les règnes de Louis XIV et Louis XV, de la dynastie des Bourbons, se succèdent au fil de notre analyse. Le système politique en place est la monarchie absolue. L'état en place, à Paris, règne sur le Royaume, que ce soit sur le plan juridique ou économique. Mais malgrè cela, certaines villes bénéficient de privilèges, comme c'est le cas à Toulouse. Le Capitoulat, sorte de conseil municipal, dirige la ville et nomme les Capitouls, magistrats, qui forment le Consistoire. Les Capitouls sont reconnus par le Roi, mais ne sont pas nommés par ce dernier. Les capitouls sont élus chaque année par les capitoulats, qui représentent chaque quartier de la ville (ex : Dalbade, Daurade, Saint Etienne).

Le texte que nous étudions aujourd'hui s'intitule donc, pour citer le titre dans son ensemble : " Les heures perdues de Pierre Barthès, maître répétiteur en Toulouse, ou receuil des choses dignes d’être transmises à la postérité, arrivées en cette ville ou près d’icy, commençant au mois de décembre de l’année mil sept cens trente sept, et fini au mois d’aoust mil sept cens cinquante". L'extrait que nous analysons aujourd'hui concerne deux révoltes frumentaires survenues à Toulouse en 1747 et 1773, associées à un texte de loi, "Arrêt du Parlement". Rappelons que P. Barthès se contente de décrire ce qu'il observe. Il raconte donc les évènements de son point de vue. E. Lamouzele choisit ici de structurer son texte en associant le témoignage de Pierre Barthès avec l'arrêt du parlement. (PP)

Il s'agira alors d'étudier, d'après le témoignage de Pierre Barthès, quelles sont les caractéristiques et les conséquences des émeutes frumentaires survenues à Toulouse au XVIIIe siècle.

Pour effectuer cette analyse nous aborderons d'abord les spécificités de l'émeute décrite dans le journal. Nous verrons enfin les réactions des autorités, locales d'une part, mais également royales, sur le plan juridique.

I – Les caractértistiques des émeutes

                -> Un type de révolte, l'émeute de marché

                -> Un mouvement dangereux et de grande ampleur

II – Les réactions du pouvoir en place

                -> Volonté de maintient de l'ordre et répression

                -> Solidarité avec le peuple

 (PP) I- Les caractértistiques des émeutes

                A) Un type de révolte, l'émeute de marché

Les caractéristiques de ces émeutes sont d'abord le rassemblement d'une foule ou d'un groupe de personne sur les lieux de vente et de stockage des grains. Les habitants se réunissent pour agir contre le boulanger qui instaure des prix trop élevés ou bien contre les habitants qui stockent le blé pour en faire augmenter le prix, mais également contre le pouvoir en place qui n'agit, parfois, pas face à ces " monopoleurs ". On peut lire cette description dans "l'arrêt du parlement" l.41 : " il sera procédé par les Capitouls contre ceux qui ont resserré les grains, auxquels cet arrêt donne le nom de monopoleurs, et que le public appelle communément usuriers". De plus, comme on peut le lire dans le texte dès la première ligne : " Emeute populaire : sédition ". Il s'agit bien d'un rassemblement d'habitants pour procéder à une révolte concertée contre l'autorité établie ou bien dans ce cas, contre les marchands. On nous décrit ici un groupe d'habitants contraint d'utiliser la force pour se nourrir. Le blé étant la base principale de l'alimentation de la population à cette époque. (PP)

L'émeute de marché est une forme de révolte que l'on retrouve principalement en ville. On lit l.2-5 : " Une charette chargée de blé [...] fut arrêtée [...] par quelques femmes qui étant montées dessus, après avoir arrêté le charretier; enlevèrent ledit blé ".

Ces personnes là sont contraintes de voler ce blé soit car il est trop cher soit pour éviter que la cargaison ne partent de la région. Ces émeutes ne sont néanmoins pas la seule forme de révoltes frumentaires. Il s'agit ici d'une émeute de marché, comme le souligne Louise Audino Tilly dans son ouvrage " La révolte frumentaire, forme de conflit en France" publié en 1972. (PP)

En effet il est courrant que l'état réquisitionne des cargaisons de céréales pour nourrir son armée, ce qui peut causer des disettes dans certaines régions. On parle alors d'entrave, forme de révolte que l'on retrouve souvent à la campagne. On peut également citer un troisième type d'émeute, la taxation populaire. Les habitants s'emparent du blé et le revendent à prix qu'ils jugent juste avant de reverser les bénéfices au propriétaire, ce qui n'est vraisemblablement pas le cas ici. (PP)

La cause des ces émeutes est l'augmentation du prix du grain, causée soit par les monopoleurs soit par le pouvoir royal qui, sous le règne de Louis XV, tente de centraliser le pouvoir et l'économie, en créant notamment un marché national des céréales, qui fixe donc un prix des céréales pour le royaume entier. Les émeutes peuvent être également causées, comme on vient de le souligner, par des réquisitions de marchandises, qui entraînent des manques importants dans certaines régions. (PP)

La ville rassemble les populations qui se retrouvent plus densemment regroupées en un même lieu, à l'inverse des campagnes. Cette situation est propice à des mouvements de foule souvent dangereux. (PP)

                B) Un mouvement populaire dangereux et de grande ampleur

Lors de la première émeute, comme on l'a vu, quelques femmes toulousaines se réunissent un matin pour se procurer du blé sur une charette qu'elles ont stoppée. Elles en font de même avec une autre cargaison au port. l.6 : " accompagnées d'une troupe d'autres, s'en furent au port, où elles en firent autant sur une barque qui venait d'arriver. "

Alors que la foule s'amassait de plus en plus autour de ce groupe de séditieux, le mouvement commencait à prendre de l'ampleur et devenait dangereux. On lit l.9 : "le peuple s'y étant jeté en foule, et la licence ne trouvant aucune borne, on pilla le blé, le millet et autres grains qui s'y trouvèrent". Quelques lignes plus loin : " On ne put jamais arreter la foule, malgrè l'argent qu'on répandit". La suite de l'émeute est similaire, on retrouve l.25, " (les séditieux) se portèrent en foule à un autre grenier ". (PP)

Il s'agit donc d'un mouvement de foule dangereux qui prend de plus en plus d'ampleur et semble incontrolable, comme on peut le lire l. 21 : " ce qui dans le tumulte faillit faire périr plusieurs personnes qui manquèrent à être écrasées et foulées aux pieds". Les séditieux projettent même d'agresser physiquement les monopoleurs, en effet on peut lire l.16 : "le peuple dans ce moment, n'écoutant que sa fureur, les aurait sûrement mis en pièces, ne parlant de rien moins que de mettre le feu à leurs maisons". Les évênements de pillage des maisons en plus des biens céréaliers sont fréquents lors des émeutes, on peut lire l.27 : "le bruit même courut qu'on emporta plusieurs effets qu'on trouva dans le même lieu".

Il en est de même pour la deuxième émeute décrite à partir de la l.45 : " Emeute au Palais pour le blé". Nous retrouvons également l'idée d'un mouvement de foule, collectif, l.46 : " Il y eut une grande émeute au même marché, causée par une troupe de femmes misérables ". Un mouvement qui ne cesse d'augmenter au fur et à mesure qu'il dure dans le temps, l.53 : "la foule augmentait à tout moment ". (PP)

Ces émeutes viennent troubler l'ordre public, dans une ville, au XVIIIe siècle, en causant de lourds dégats pour les marchands qui voient leurs magasins et parfois leurs maisons pillés et saccagés, et qui peuvent également être dangereuses pour le peuple.

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