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Compte rendu de "Longwy, immigrés et prolétaires" (G. Noiriel)

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Par   •  1 Avril 2018  •  Fiche de lecture  •  812 Mots (4 Pages)  •  791 Vues

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Travailler dans la grande industrie (1880-1946) – Compte rendu.

Longwy, immigrés et prolétaires, G. Noiriel

La genèse d’une usine « moderne ».

La fin du XIXème marque pour le bassin de Longwy (Meurthe-et-Moselle) une période de transition de l’industrie « artisanale » et rurale vers la sidérurgie moderne et la grande industrie, déclenchée par l’inauguration de la voie ferrée Paris-Charleville-Longwy. Cependant le développement industriel reste lent jusqu’à la fin du siècle. Cela s’explique par le passé agraire de la région : c’est le temps de l’apprentissage pour les maîtres de forges.

L’exode rural et la forte immigration remédient vite à l’insuffisance de main d’œuvre, et la production s’accélère dans les dernières années du siècle. De plus la découverte d’un bassin ferrifère en 1898 concourt au nouveau dynamisme ; les usines du bassin de Longwy produisent alors environ 1/3 de la production française de fonte, et 10% de l’acier. Dès 1905, Longwy, devient « l’empire du feu et du fer », fabricant près du tiers de l’acier français dans un espace qui constitue la plus forte concentration d’installations sidérurgiques en Europe.

Les transformations et innovations au sein de l’usine.

Au début du développement industriel, les usines concentrent un nombre considérable de métiers encore artisanaux. Le rôle de l’ouvrier demeure donc essentiel pour la production. L’expérience et de la force physique prévalent alors sur les machines, les ouvriers jouissent d’une autonomie relative. Au tournant du siècle, les mutations sont importantes, surtout au niveau de la mécanisation des ateliers. La science triomphe : on vise à la rationalisation. L’accentuation du contrôle de la main d’œuvre se renforce aussi (règlements, sanctions, surveillance, pour limiter l’autonomie et s’affranchir du savoir ouvrier).

A la fin des années 20, il faut pour le patronat discipliner la main-d’œuvre : l’Organisation Scientifique du Travail (Taylorisme) est mise en œuvre le plus souvent possible. Cela entraîne la déqualification, la réduction des responsabilités ouvrières. Enfin, après la crise des années 36, la relance de la production est urgente : on introduit le travail à la chaîne dans la grande industrie.

Politiques patronales de contrôle et de stabilisation de la main d’œuvre.

Entre 1880 et 1905, l’usine se veut bienfaitrice. Le patronat développe des œuvres sociales pour montrer aux ouvriers que l’usine agit dans leur intérêt. Mais au début du XXème siècle, du fait des luttes ouvrières, le patronage libéral est abandonné au profit du contrôle total et de la coercition (« encasernement », lutte contre les syndicats, contrôle de la vie politique locale, des immigrés et des cités ouvrières). L’idéologie paternaliste repose sur trois valeurs fondamentales : « famille, entreprise, patrie ».

Pourtant le bilan est globalement négatif : le paternalisme est économiquement peu rationnel. Le niveau de vie des ouvriers reste très précaire. Mais au niveau de la stratégie patronale, c’est une réussite : vers 1925, l’ « ouvriérisation » du bassin de Longwy est complète, et l’hérédité professionnelle forte.

Réactions ouvrières.

Du fait de la remise en cause des fondements du travail ouvrier, un syndicat naît à Longwy en 1904. Aux Aciéries de Longwy, le fort courant d’adhésions pousse la direction à renvoyer les meneurs, ce qui renforce le mécontentement. L’explosion se produit en 1905 : d’avril à décembre, la Lorraine du fer, et surtout le bassin de Longwy, connaît une vague révolte touchant les mines et les usines. Les grèves se succèdent et s’illustrent par le soutien dont elles disposent chez les ruraux les artisans et les commerçants. Elles symbolisent la rupture des liens collectifs traditionnels patrons-ouvriers. Mais à cause des divisions ouvrières (ouvriers d’usine ; mineurs -en grande partie italiens) et de la forte répression patronale, le mouvement est un échec complet.

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