Dissertation Littérature : qu'elles sont les différentes fonctions de la musique dans les deux oeuvres de tous les matins du monde?
Dissertation : Dissertation Littérature : qu'elles sont les différentes fonctions de la musique dans les deux oeuvres de tous les matins du monde?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirestombeau est une composition poétique, c'est une oeuvre instrumentale écrite à la mémoire d'un grand artiste donc Sainte Colombe rend hommage à sa femme en créant un tombeau musical, Quignard n'évoque que la pièce centrale de cette composition « Les pleurs », il célèbre sa femme perdue et célébrée. En adaptant le roman, Corneau ajoute évidemment l’art cinématographique tout en renforçant encore le nombre d’allusions artistiques. La musique semble permettre de célébrer les morts, l’attaque du roman est on ne peut plus sèche et brutale: on y annonce la mort de Madame de SC. Puis un peu plus loin, l’absence de l’époux parti jouer pour accompagner la disparition d’un ami du libertin Vauquelin.SC va prendre encore plus de distance avec le monde. La musique jouée dans la cabane lui permettra d'exprimer ce qu'il ressent, de descendre en lui d'autant mieux qu'il a ajouté une corde à l'instrument pour lui donner un tour plus mélancolique et plongeant donc l'auditeur dans un état propice à la méditation sur la mort.On le voit bien, la musique est liée à la mort. Elle fait apparaître le fantôme. Il y a aussi les titres des pièces musicales ( Le Tombeau des regrets, La Barque de Charon, Les pleurs...) La description insistante des mains du musicien « tachées par la mort » P.91 ou encore dans le film la tête funéraire ornant la viole. Tout montre que la musique est une manière de comprendre la mort, voire de dialoguer avec elle. La musique détourne de la souffrance, ou du moins de ses accès les plus violents. La musique sert de consolation pour Sainte Colombe «Les deux saisons qui suivirent la disparition de son épouse, il s'exerça jusqu'à quinze heures par jour.» Le travail de deuil, la mort a orienté le veuf vers le travail acharné, les exercices, les innovations, les inventions sur la viole et pas seulement pour atténuer la peine et provoquer l'oubli progressif. Travail créatif intense qui a besoin de l’isolement et de l’enfermement de la cabane. La musique jouée par S C permet à sa femme de reparaître, même si elle n’est pas la seule condition de cette visitation: « Ce que vous jouez m’a émue. Quelquefois le vent porte jusqu’à nous des bribes de musique ». La perdue revient, provisoirement grâce à la musique, l’art musical permet de produire des miracles, donc de rendre accessibles les ombres des disparus, ce n’est pas un hasard si le mythe d’Orphée apparaît si évidemment dans le roman voir même de manière plus approfondie que dans le film. Dans le roman et le film, nous avons affaire à des arts du XVIIIème et il est beaucoup question d’artistes mélancoliques. Il y a donc des créateurs sobres et austères qui sont élus dans le roman ainsi que dans le film pour nous permettre réellement de comprendre et de voir que la mort est une des fonctions de la musique.
Le langage a une grande importance dans le livre et dans le film, mais que la communication n’est pas simple puisqu’elle ne se fait pas par le biais des mots mais par des notes. La musique est définie comme étant la recherche de l’émotion qui se cache en nous, elle permet d’exprimer ce qui est impossible à dire avec des mots. Quignard et Corneau l’ont bien compris et ont fait de la musique baroque un élément clé du livre et du film, un personnage à part entière. Les multiples thèmes et intrigues du livre sont liés à la musique. La mort de Madame de Sainte-Colombe en est à l’origine, puisque Monsieur de Sainte-Colombe ne parvient pas à faire son deuil. La tristesse qui le suit, la mélancolie qui l’envahit vont marquer sa musique à travers laquelle il arrive à exprimer sa douleur et tous les sentiments qu’il intériorise. Le but de Sainte-Colombe, son objectif est de retranscrire ses sentiments par le biais de la viole. La musique est un moyen pour lui de remplacer la voix qu’il a perdue et regrette puisqu’il est incapable de s’exprimer et par conséquent de communiquer avec les autres, peu de dialogues sont présents « il s'excusa une autre fois auprès d'elles de ce qu'il ne s'entendait guère à parler ; que leur mère, quand à elle, savait parler et rire ; que pour ce qui le concernait il n'avait guère d'attachement pour le langage » P.17 « Le caractère de Monsieur de Sainte Colombe et son peu de disposition au langage le rendaient d'une extrême pudeur et son visage demeurait inexpressif et sévère quoi qu'il sentît. Il n'y avait que dans ses compositions qu'on découvrait la complexité et la délicatesse du monde qui était caché sous ce visage et derrière les gestes rares et rigides. » p. 22 « - La musique aussi est une langue humaine. » p. 63.Pascal Quignard montre aussi que la musique est ce qui ressort du langage. Ainsi, on peut commencer à comprendre ce qui se joue dans le choix de Sainte-Colombe de préférer la musique au langage. L’origine de la musique lui semble ainsi aller plus loin que l’origine du langage. Pour Quignard, la parole est toujours incomplète, car le langage n’es pas inné et le goût de parler peut se retirer surtout après un drame comme on peut le remarquer chez Sainte Colombe après le décès de sa femme mais il y a bien sur bien d'autres personnages dans tous les matins du monde qui se heurtent à l’insuffisance de la parole, mais en particulier Monsieur de Sainte Colombe.Madeleine aussi se heurte à la vacuité et même au mensonge des mots. Elle finit ainsi par dire à Marin « arrête de parler ».Le silence peut alors préparer l’avènement d’un autre langage. Plusieurs personnages reproduisent le même geste de mettre le doigt sur la bouche pour inviter à faire taire les mots, afin d’entendre une autre parole. C’est le cas de Monsieur de Sante Colombe faisant écouter à son élève l’«aria» du vent. Sainte Colombe le dit clairement dans le dernier chapitre: « la musique est simplement là pour parler ce dont la parole ne peut parler». Elle peut combler le manque des mots, comme il le montre à sa femme: « Voici la cabane où je parle ». La cabane est pour lui une sorte de studio qui permet au artiste de s’exprimer. La musique se distingue bien du silence qui n’est que « le contraire du langage » car elle est une « langue humaine ». Sainte Colombe est ainsi réputé pour pouvoir imiter toute la palette des voix humaines : « du soupir d’une jeune femme au sanglot d’un homme qui est âgé, au cri de guerre d’Henri de Navarre à la douceur d’un souffle d’enfant qui s’applique et dessine, du râle désordonné auquel incite quelquefois le plaisir à la gravité presque muette ». Le son de la viole pourrait signifier que Marins marais et Sainte Colombe retrouveraient leurs voix perdue grace à cet isntrument (pour Marins Marais sa voix féminine perdue lors de la mue, et pour Sainte Colombe la voix si présente de sa femme) : cette instrument de forme féminine prend une valeur très symbolique en devenant un substitut de la femme, ceci est fortement suggérée dans le roman : Sainte Colombe songe « à sa femme (…) à ses hanches et à son grand ventre ». De plus le film montre plusieurs fois la tête de l’instrument, représentant un visage féminin. Quand Sainte Colombe joue de la viole, c’est comme s’il prenait sa femme dans ses bras, renouant la communion interrompue par la mort, même chose : il est significatif que Marais joue sur la viole de Madeleine au dernier chapitre : tous deux se retrouvent dans le désir d’évoquer une voix féminine aimée et disparue. Quignard va encore plus loin en faisant dire à Marais que la musique est « pour les états qui précèdent l’enfance. Quand on était sans souffle. Quand on était sans lumière ». Lorsque Marais reste accroupi, en position fœtale, dans la nuit « l’oreille collée à la paroi de planches ». La musique entretient donc un entretient nostalgique aussi avec le langage.
La scène du film démarre sur un gros plan de Marais. On entend les commentaires des sous-maîtres se basant sur la réaction de leur maître il y a là une similitude avec la fin du roman : il bafouille et se met à jouer. Il essaie de retrouver les pleures du tombeau des regrets mais n’y arrive pas, larmes au yeux comme à la fin du roman. Il éprouve de la difficulté à jouer ce morceau oublié. Il leur demande à tous de rester, il dit « Marin Marais fait sa leçon », leçon qui fait figure de testament, de même que Sainte Colombe à la fin du roman «
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