Faut-Il Sortir Du Nucléaire ?

nt l'insécurité des centrales, tout en ralliant le parti socialiste à leur cause. Ces derniers critiquent les risques technologiques engendrés par le nucléaire et préconisent la pratique de la prévention. Le terme « Risque technologique » désigne tout risque d'origine anthropique, regroupant les risques industriels, nucléaires et biologiques. La prévention, quant à elle, consiste à diminuer la probabilité d’occurrence du risque en diminuant ou supprimant certains facteurs de risque. L'électricité nucléaire a, en France, plus d'importance que dans n'importe quel autre pays au monde : non seulement son implantation précoce fait partie de notre Histoire, mais elle est aussi garante d'un système économique, et plus indirectement, social. Nous pouvons donc légitimement nous demander si il faut vraiment sortir du nucléaire, et si cela est possible. Pour répondre à cette question nous verrons tout d'abord que l'énergie nucléaire est une énergie controversée, du fait des accidents nucléaires et leurs lourdes conséquences qui suscitent un débat sur l'utilisation de cette énergie. Nous détaillerons ensuite les avantages de cette énergie et quelle est son importance dans l'énergie globalement consommée en France. Enfin nous étudierons les énergies envisageables comme substituts au nucléaire ainsi que leurs coûts de la transition.

3

I. Le nucléaire, une énergie controversée …

A. Les principaux accidents nucléaires et leurs conséquences L'énergie nucléaire est une énergie récente née à la fin des années 30 avec la découverte de la réaction de fission. Vite présentée comme une énergie miracle capable d'assurer une électricité compétitive et relativement verte, plusieurs accidents nucléaires assombrissent cependant son histoire. Qu'ils soient dramatiques pour la population ou l'environnement, lointains ou récents comme Fukushima en mars 2011, tous ont fait polémique. 1) Historique des principaux accidents nucléaires et des accidents nucléaires survenus en France

L'INES (échelle internationale des événements nucléaires en français) mesure la gravité d'un événements nucléaire.

4

–

Three Miles Island

Centrale nucléaire de Three Mile Island, USA L'accident nucléaire de Three Mile Island s'est produit le 28 mars 1979 dans la centrale nucléaire du même nom. L'île est située sur la rivière Susquehanna, dans l'État de Pennsylvanie aux États-Unis. À la suite d'une série d'évènements accidentels, le cœur du réacteur a en partie fondu. L’enceinte de confinement étant restée intacte, le relâchement de produits radioactifs dans l’environnement est resté faible. Cet accident a été classé au niveau 5 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES). Tchernobyl

–

« Liquidateurs » sur le site de Tchernobyl Le 26 avril 1986 eut lieu la catastrophe de Tchernobyl, en Ukraine. Un accident majeur, de niveau 7 selon l'échelle INES. L'accident est survenu dans la centrale nucléaire Lénine située sur les rives de la rivière Pripiat, un affluent du Dniepr à environ 15 km de Tchernobyl et 110 km de Kiev, 5

près de la frontière avec la Biélorussie. Suite à une série d'erreurs humaines et en raison de défauts de conception, le réacteur n° 4 subit une fusion du cœur puis une explosion provoquant la libération de grandes quantités de radioisotopes dans l'atmosphère (atomes radioactifs). Les autorités évacuent environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ), les « liquidateurs » sont venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie et de Russie pour procéder à des nettoyages. Outre l'impact écologique désastreux pour la faune et la flore alentour, qui s'est soldé par la souillure des sols par le césium 137, la mort de nombreux arbres (sourtout des conifères) et des malformations touchant encore aujourd'hui plantes, champignons et animaux, l'accident a également eu des effets sur la santé des populations, notamment en augmentant le nombre de cancers, principalement ceux de la thyroïde. Cependant, ce sont les « liquidateurs », quasiment tous irradiés, qui ont payé le plus lourd tribut. Fukushima

–

Centrale de Fukushima Dai-ichi Le 12 mars 2011 eurent lieu les accidents nucléaires de Fukushima au Japon. Un accident d'abord reconnu de niveau 6, puis le 12 avril, porté au niveau 7 sur l'échelle INES, a eu lieu à Okuma dans le nord-est du pays. Cet accident est la conséquence d'un tsunami de plus de 14m à proximité de la centrale ayant provoqué la perte totale des alimentations électriques et du refroidissement des réacteurs nucléaires, ce tsunami faisait suite à un séisme de magnitude 9. Une explosion dans les superstructures du bâtiment abritant le réacteur no 1 de la centrale de Fukushima a détruit le toit et la structure supérieure de ce bâtiment, blessant au moins quatre employés, alors qu'une hausse de la radioactivité est mesurée aux alentours du site, vraisemblablement suite aux vapeurs et gaz relâchés par mesure de sécurité pour faire baisser la pression du bâtiment de confinement du réacteur. Le lendemain, la structure supérieure du bâtiment abritant le réacteur n o 3 a explosé. Le réacteur no 2 a lui aussi perdu son liquide de refroidissement, laissant présager la fusion du cœur de celui-ci. L'exploitant a ensuite procédé au refroidissement des réacteurs par arrosage des bâtiments avec des moyens de secours, mais fin mai il a reconnu la fusion totale du cœur du réacteur N°1 et la fusion partielle des cœurs des réacteurs N°2 et 3. Une première estimation a porté à 40 ans le temps nécessaire pour démanteler entièrement la centrale.

6

–

Accidents survenus en France

En France, les accidents les plus graves survenus étaient niveaux 4, tout deux dans la centrale de St-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), le premier en octobre 1969 et le second en mars 1980. Ceux-ci ont tout deux été occasionnés par la fusion des combustibles dans un réacteur de la centrale. D'autres accidents aussi graves ont été évités de justesse. Le 12 mai 1998, a cause de la fuite d'une canalisation, un des réacteurs de la centrale de Civaux a perdu son réfrigérant. Lors de la tempête de décembre 1999, le réacteur de la centrale nucléaire de Blaye (Gironde) a dû être arrêté en urgence après que tous les systèmes de sécurité aient été inondés : les digues de protection n'avaient pas résisté à la force des vents. Lors de la canicule de 2003, c'est la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) qui avait été endommagé : elle aussi a dû être arrêtée en urgence. Plus récemment, la centrale Areva du site de Cadarache a subie une perte de plutonium à Cadarache en 2009. Mais l'Autorité de Sûreté Nucléaire, chargée du contrôle du nucléaire en France, reconnaît que plusieurs centaines d'écarts de niveau 0 et une centaine d'anomalies de niveau 1 ont lieu chaque année. 2) Risques d'exposition au nucléaire

Transport de déchets nucléaires vers le centre de retraitement de La Hague (Manche) Bien que les accidents nucléaires entraînant des risques d'irradiation hors du site de la centrale concernée (niveau 5 ou plus sur l'échelle INES), soient excessivement rares (3 cas 7

répertoriés, Cf. Supra), la manipulation, la production, le stockage, le conditionnement ou encore le transport de produits dangereux représentent autant de risques technologiques. Le terme de « risque technologique » désigne tout risque d’origine anthropique, regroupant les risques industriels, nucléaires, biologiques. Ainsi, les risques liés à la radioactivité, au transport de matières dangereuses (par voie terrestre, fluviale ou maritime), aux exploitations minières et souterraines ou encore la rupture de barrage sont des risques technologiques majeurs. Ils se produisent également lors d'utilisations médicales ou industrielles de radioéléments, tels les appareils de contrôle des soudures. Enfin le pire scénario survient en cas de dysfonctionnement grave sur un site nucléaire et particulièrement sur une centrale électronucléaire. L'exemple le plus marquant d'un tel accident est celui survenu dans le complexe de Tchernobyl en Ukraine. 3) Conséquences médicales, environnementales et économiques

Malformation due aux radiations émises par la catastrophe de Tchernobyl Le rejet d'éléments radioactifs a des conséquences graves sur les populations touchées. Certains effets non aléatoires sont dus à de fortes doses d'irradiation. Ils apparaissent au-dessus d'un certain niveau d'irradiation et de façon précoce après celle-ci, de quelques heures à quelques semaines. Ils engendrent l'apparition de divers maux (malaises, nausées, vomissements, brûlures de la peau, fièvre, agitation). Au-dessus d'un certain niveau, l'issue peut être fatale. Il existe également des effets aléatoires, engendrés par de faibles doses d'irradiation. Ils n'apparaissent