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"Sans Domicile Fixe" H. Prolongeau

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éthode, l’auteur insiste sur la neutralité et l’objectivité dont il a tenté de faire preuve pendant ces quatre mois de périple, en aucun cas il « ne parlerait pour eux »

H.P. distingue le fait de vivre et de survivre. Il se pose la question des conditions de vie et d’existence du SDF et s’interroge sur les raisons qui poussent l’individu à continuer à lutter pour sa propre survie. C’est d’ailleurs selon l’auteur d’avantage une « survie sociale » qu’une survie physique.

Il tente d’exprimer à quel point le SDF est plongé dans un processus de déshumanisation par ses rapports sociaux et par les aides qu’il sollicite quotidiennement.

Néanmoins, il ne s’agit pas d’une microsociété avec ses propres normes et valeurs, comme on pourrait l’observer en prison. En effet, chacun d’entre eux erre tel un zombie et n’a pas conscience d’appartenir à un même groupe social. Peu à peu, il se défait d’humanité et d’humanisme.

Aucun lien social ne les rassemble, le souci de leur propre survie a créé chez eux un fort sentiment individualiste, ce sont « des animaux entre eux capables des pires trahisons et traitement entre eux ».

Prolongeau se pose ces questions : doivent-ils mériter leur sort ? Ne pas avoir su faire face aux accidents de la vie les rend ils coupables de leur descente aux enfers ?

Tout au long de cet ouvrage, H.P. tentera de répondre à son propre questionnement. De témoignages en témoignages, il nous offre, le temps d’un livre, un voyage au cœur de la plus grande misère, « invisible » aux yeux de tous (« La France invisible », ed. La découverte 2006, 647 pages).

D’un point de vue historique, H.P. distingue différentes périodes de prépondérance économique ou de récession. Ainsi, malgré les bienfaits avérés des Trente Glorieuses (1945-1975), certains étaient déjà exclus d’un système économique imparfait. C’est en leur temps que l’Abbé Pierre ou encore le Père Joseph Wresinski (créateur de l’association célèbre « ATD quart Monde ») ont sollicité la société afin de mettre en place des dispositifs d’aide aux malades sociaux du système.

Avec une montée croissante de l’individualisme observée dans les années 80, la solidarité recule. Le chômage est désormais intrinsèque à l’individu et détermine ses conditions d’existence : émergent alors des problèmes de logement (manque de logements sociaux et flambée des loyers).

On favorise l’emploi et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées, le minimum vieillesse est instauré mais personne ne semble se préoccuper des « mal logés », pourtant susceptibles de tomber dans l’enfer de la rue.

Dans un premier temps, H.P. s’efforce de comprendre les causes particulières ayant amené chaque SDF à se retrouver dans la rue.

Patrick Henry, médecin ayant mis en place des consultations gratuites notamment pour les SDF, constate qu’en plus des problèmes d’ordre économique, beaucoup présentent des problèmes psychologiques voire psychiatriques.

Les individus issus d’un milieu défavorisé, seuls, accros à l’alcool ou à la drogue, sans diplôme, ont également sensiblement plus de risques de sombrer.

De manière générale, perdre son emploi, c’est perdre sa vie sociale et la sécurité matérielle et vitale qu’assure un salaire. Le chômage peut entraîner des situations de surendettement qui aggravent voire achèvent l’individu. En effet, les factures impayées s’entassent et les majorations s’enflamment. Commence alors une spirale infernale dont il est difficile de sortir. D’humiliation en humiliation, l’individu doit faire face, dans certains cas, à l’expulsion de son logement (interdite de décembre à mars depuis 1954, initiative de l’Abbé Pierre).

Contrairement au sens commun, la profession de cadre est faiblement touchée par la situation d’extrême pauvreté. A contrario, la société diffuse grâce aux médias les interviews des SDF les plus « acceptables », c’est à dire les plus regardables, comme s’ils étaient plus dignes que les autres.

Le clandestin, quant à lui, arrive en France des rêves plein la tête. Comme Pierre Bourdieu l’explique dans « El Ghorba », le clandestin se trouve prisonnier dans un pays où il pensait que tous ses rêves pourraient se réaliser. Lorsqu’il prend conscience de la réalité, il choisit de cacher la vérité à sa famille et erre alors les rues pensant à des jours meilleurs. 14% des SDF sont des clandestins. Ils cumulent davantage de problématiques : problème de langue, pas de RMI, clandestinité.

Les femmes, quant à elles, représentent « seulement » 9% de la population des sans abris. Plusieurs hypothèses sont avancées par l’auteur :

• elles se battent pour leurs enfants

• elles réagissent mieux

• elles ont accès à des aides supplémentaires concernant leurs enfants

En plus des clandestins et des femmes, les jeunes sont aussi des victimes de la société. Chaque année, ils sont de plus en plus jeunes à se retrouver à la rue. Beaucoup d’entre eux sont issus de la DDASS ou sortent de prison.

Afin de faciliter la vie de ces laissés pour contre, plusieurs associations se mobilisent autour des conditions de vie, d’hygiène et de santé de l’individu à la rue.

Le bureau d’aide sociale (BAS) propose des entretiens avec des assistantes sociales. Deux bureaux sont présents sur Paris et répartissent l’accueil selon le nom du demandeur, par ordre alphabétique. H.P. dénonce la lenteur de la prise en charge et la désindividualisation de la prise en charge. Les personnes ne se sentent pas en confiance et ressentent une « humiliation de devoir déballer ses malheurs ». L’assistante sociale délivre des tickets pour la soupe et le métro mais ces derniers sont souvent revendus.

Les foyers d’urgence accueillent les SDF mais certaines règles strictes, en plus de conditions d’hygiène déplorables en dissuadent certains.

Le centre d’hébergement Nicolas Flanel propose 318 lits, à hauteur de 10 lits par chambre. Pour y accéder, il faut présenter des papiers d’identité ou titres de séjours que beaucoup n’ont plus. Les heures du repas et de coucher rythment la vie de ces hôtes. Les conditions d’hygiène sont parfois catastrophiques, et les lieux de convivialité n’existent pas. Les chambres doivent être rendues à 7h30 du matin, le SDF est épuisé. A La mie de pain, c’est 4h30 du matin. Une fois sortie le SDF s’empresse de regagner le métro afin de finir sa nuit mouvementée par les ronflements des uns et les hurlements des autres. Cette association propose 553 lits (750 lits et matelas au sol en hiver). Tout le monde est accepté et les douches ne sont pas obligatoires ce qui permet aux plus « sales » de se sentir libre d’agir comme bon leur semble. Pourtant, il sera confronté aux insultes de ses colocataires. Les poux, puces et morpions seront présents au grand dam de certains.

En province, il y a moins de demande donc les règles sont plus souples notamment pour les horaires d’accueil et de repas. A Bordeaux et Chambéry, les locataires d’un jour participent au nettoyage.

Et puis, il y a « Nanterre ». Il s’agit d’un centre d’hébergement et d’accueil pour les personnes sans abri. Elles s’y rendent de gré ou de force. Le bus de la BAPSA (Brigade d’assistance aux personnes sans abri) emmène les personnes en situation d’errance, ils y sont enfermés comme des animaux. Cette structure est à la fois un hospice et un hôpital. Patrick Henry, médecin, met en place des consultations médicales gratuites.

H.P. considère qu’il s’agit d’un « assistanat impersonnel et fulminant ». En effet, il dénonce l’absence d’accompagnement social personnalisé : les institutions sont des pansements qui ne sont pas en adéquation avec le mode de vie des SDF.

Au final, beaucoup préfèrent loger dehors surtout pour les personnes en couple car elles ne peuvent très rarement être reçues à deux.

« Manger n’est plus un problème », nous dit H. Prolongeau. En effet, de nos jours la personne sans domicile ne meut plus de faim. Des associations comme Les Restos du Cœur, distribuent en quatre lieux différents des sachets repas. D’un point de vue éthique, les bénévoles respectent la liberté individuelle de chacun, en aucun cas l’un d’entre eux porte jugement sur leur situation précaire.

D’autres structures s’investissent dans cette démarche, telles que les mairies ou le Secours Populaire. Malgré ces dons alimentaires, H.P. remarque que la nourriture proposée est peu équilibrée et provoque des boutons, des démangeaisons et des diahrées.

C’est l’été où le SDF souffre le plus de la faim. Les associations désertent certains quartiers, surtout à Paris. C’est donc à cette saison qu’ « ils sautent le pas », ils mendient pour pouvoir combler leur faim. Ils récupèrent aussi des produits frais sur le marché et fouillent les poubelles tout en se justifiant, pour ne pas perdre le peu de dignité qui leur reste.

Les SDF ne meurent donc plus de faim mais manquent cruellement de sommeil. Ils dorment quatre heures par nuit en moyenne car ils sont confrontés aux vols et à la violence de certains passants alcoolisés.

Mahmoud et Léon racontent à Hubert Prolongeau pourquoi certaines nuits ils préfèrent marcher, arpenter les rues plutôt que risquer de se faire voler leurs affaires.

Le

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