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La Bruyère, Les Caractères : Acis (Livre V, fragment 7)

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Par   •  24 Avril 2025  •  Commentaire de texte  •  1 193 Mots (5 Pages)  •  7 Vues

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Analyse linéaire n°9

La Bruyère, Les Caractères : Acis (Livre V, fragment 7)

Introduction (2 à 2’30)

[Présenter l’œuvre] Les Caractères, publiés pour la 1ère fois en 1688, sont l’œuvre d’une vie. Durant des années, La Bruyère y a rassemblé plus de mille remarques, sentences, maximes, portraits, qui offrent une peinture satirique des mœurs de ses contemporains.

[Présenter l’extrait, le situer] Dans le livre V, intitulé « de la société et de la conversation », La Bruyère prend pour cible, l’orgueil, la bêtise, la grossièreté, la vanité, l’affectation, comme autant de manquements à l’idéal de l’honnête homme. On y trouve en particulier le portrait d’Acis, 7ème caractère du livre, qui cherche à se singulariser et à manifester sa supériorité dans sa manière de parler.

[Présenter les mouvements du texte] 2 mouvements structurent ce portrait. Dans le 1er (L.1 à L7), le moraliste met en place un dialogue fictif entre lui et Acis où perce le ridicule des propos alambiqués et obscurs du personnage, et dans le 2ème mvt (L7 à L15), il dénonce sans ménagement les défauts d’Acis qui le poussent à cet usage incongru et grotesque du langage.

[Annoncer son projet de lecture (=problématique)] En projet de lecture, en quoi la forme dialoguée permet-elle à La Bruyère de mettre en lumière les travers ridicules du langage précieux et d’affirmer son idéal de conversation ?

Développement (7’)

1er mouvement

L1 à L7

In medias res

L1. 2 interrogatives directes « Que dites-vous ? Comment ? »

Les 2 1ère phrases, des interrogatives directes (Que dites-vous ? Comment ?), constituent une réponse à une parole déjà prononcée par Acis. Ainsi, La Bruyère nous plonge in medias res dans un dialogue déjà commencé. Par ce procédé emprunté au théâtre, il donne de la vivacité au texte.

La Bruyère se joue du beau parleur L1/2 ellipse « j’y suis encore moins »

+ reformulations L1 Vous voulez me dire, Acis, qu’il fait froid  L2 Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige.

La Bruyère est le principal locuteur de ce dialogue. Les répliques d’Acis sont passées sous silence par un effet d’ellipse L1/2 « J’y suis encore moins » qui suggère une 2ème locution d’Acis. Le moraliste prive encore Acis de sa voix par des jeux de reformulation : L1 « Vous voulez me dire, Acis, qu’il fait froid » et L2 « Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ». Il se joue du beau parleur qui ne parvient pas à faire entendre sa voix.

Le caractère compliqué et creux des propos d’Acis

7 interrogations

L1/2 gradation « je n’y suis pas » à « j’y suis encore moins »

L2 « devine »

L3 il fait froid, il pleut, il neige

Le caractère compliqué des phrases d’Acis est rendu par les réactions d’incompréhension. La multiplication des interrogations et la gradation entre L1/2 « je n’y suis pas » à « j’y suis encore moins », montrent que le propos d’Acis est de plus en plus complexe.

Le verbe « devine » L2 évoque l’idée d’un mystère à élucider. Après l’effet d’attente des 1ères questions, on apprend L3 que le contenu des propos ne concerne que la pluie et le beau temps (« Il fait froid », « il pleut », « il neige »). Le moraliste souligne ainsi de manière ironique le caractère creux des réflexions d’Acis.

Ton plus didactique L2/3 « que ne disiez-vous : il fait froid ? Impératifs « dites » L2 et L3

Ensuite, La Bruyère adopte un ton plus didactique et met Acis dans une posture d’élève avec la question L2/3 « que ne disiez-vous : il fait froid ? » et les deux impératifs « dites » à la L2 et la L3.

Thèse d’Acis vs thèse narrateur

L5 « mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et d’ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? »

L6 Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? + hyperbole « si grand mal »

L5 Le narrateur rapporte les paroles d’Acis « mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et d’ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? » Le but d’Acis, comme celui des courtisans, est de rechercher la supériorité, la distinction par un langage alambiqué.

La thèse d’Acis est balayée par La Bruyère avec les deux questions rhétoriques  L6 « Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? ». L’hyperbole « si grand mal »  ajoute une tonalité ironique.

Ce 1er mvt met ainsi en scène de manière théâtrale un faux dialogue dans lequel Acis est ridiculisé pour la préciosité de ces propos.

2ème mouvement

L7 à L15

Dans le 2ème mvt, à partir de L7, le moraliste dénonce sans ménagement les défauts d’Acis.

Manque d’esprit

L7 une chose vous manque

L9 l’esprit

Présentatifs : L9 c’est l’esprit, il y a  L10 voilà la source, ce n’est pas tout

L7/8 les diseurs de Phoebus

L’annonce L7 « une chose vous manque » suscite la curiosité. Là encore, La Bruyère crée un effet d’attente puisqu’il faut attendre 2 lignes pour apprendre la réponse : il manque d’esprit L9. L’auteur accentue le caractère flagrant des défauts par l’utilisation de nombreux présentatifs : L9 c’est l’esprit, il y a  L10 voilà la source, ce n’est pas tout. L7/8 il dépasse le cas d’Acis et critique tous les précieux par la périphrase péjorative « les diseurs de Phoebus ».

Orgueil L10 l’opinion d’en avoir plus que les autres  L10/11 énum « votre pompeux galimatias », « vos phrases embrouillés », « vos grands mots qui ne signifient rien »

L7. Au manque d’intelligence s’ajoute également un caractère orgueilleux comme le souligne l’expression L 10 « l’opinion d’en avoir plus que les autres ». L’énumération  avec des termes très péjoratifs L10/11 « votre pompeux galimatias », « vos phrases embrouillés », « vos grands mots qui ne signifient rien » renforce la caricature.

L11« Vous abordez cet homme », L12 « vous entrez dans cette chambre », « je vous tire par votre habit ».

L13 l’incise « si vous pouvez » et le verbe « croira-t-on »

L11 La Bruyère reprend le procédé du dialogue de théâtre en joignant le geste à la parole : « Vous abordez cet homme », L12 « vous entrez dans cette chambre », « je vous tire par votre habit ». Il souffle au creux de l’oreille d’Acis des conseils qu’il délivre également au lecteur par le jeu de la double énonciation.

L’incise « si vous pouvez » L13 et la pointe finale « peut-être croira-t-on que vous en avez » L14/15 montrent de manière sarcastique que les conseils ne suffiront certainement pas à cacher le manque d’esprit d’Acis.

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