Phèdre, l'aveu

I de la scène d’aveu de Phèdre

                   Cet aveu de Phèdre que nous présente Racine est un épisode majeur de sa pièce. Il représente le moment où tout bascule et est vécu comme un moment de libération. En effet, la présence au vers 6 d’un passage à la deuxième personne du singulier (« je t’en ai dit assez », v.6) qui renforce l’aspect confidentiel de cet aveu et annonce le dénouement de la parole de Phèdre. Un contraste est aussi mis en valeur avec l’utilisation d’exclamations courtes (« Eh bien/J’aime », v.3-4). L’évocation de Thésée dans la suite de cet extrait au travers d’une périphrase autorise une accélération de l’aveu (« La veuve de Thésée », v.33 »).

        Cet aveu permet également à Phèdre d’exprimer un plaidoyer destiné à rétablir la vérité et ainsi justifier ses actes aux yeux de celui qu’elle aime, Hyppolite. L’emploi du déictique « ces » témoigne d’une volonté de mise à distance de Phèdre par rapport aux dieux afin de se déculpabiliser (« Ces dieux qui dans mon sang/ ont allumés le feu fatal », v.14-15). Racine insiste sur les efforts déployés par l’héroïne pour lutter contre cette passion à l’aide d’une gradation qui dévoile aussi la raison de ses actes (« C’est peu de t’avoir fui cruel je t’ai chassé », v.19). Phèdre se qualifie au vers 13 de « Faible mortelle » qui expose avec cet euphémisme la faiblesse de Phèdre, caractéristique importante d’une héroïne tragique car provoquant de la pitié.