Analyse de L'Ingénu de Voltaire (1767)

Timon

Corvaisier

1ere S3

Analyse de L’ingénu de Voltaire (1767)

1/ Montrez que ce texte est un récit d’apprentissage ?

Tout d’abord, on peut se poser la question, “qu’est ce qu'un récit d’apprentissage ?” Un récit d’apprentissage est un roman qui a pour thème le cheminement évolutif d’un héros, c’est à dire son évolution au fil du texte, jusqu’à arriver à la fin, à un personnage accompli qui a appris, s’est cultivé, on pourrait même dire, qui s’est “amélioré”. Cette évolution peut être intellectuelle, sentimentale, physique, ...

Dans ce roman, l’évolution du personnage principal, L’Ingénu, est plutôt amoureuse, sentimentale et également intellectuelle. Tout d’abord, lors de son arrivée, l’Ingénu mérite bien son nom: il se caractérise par son ignorance comme le montre : “On m’as toujours appelé l’ingénu [...] car je dis toujours naïvement ce que je pense” (p.45). Au début du roman on a donc un personnage : jeune “22 ans”; étranger, qui provient d’un autre pays qui n’as pas du tout les mêmes coutumes que la France; et qui est considéré comme un peu naïf, rêveur. On sait d'ores et déjà que ce personnage un parcour compliqué dans ce “nouveau monde” qu’il ne comprend pas et qu’il a beaucoup de choses à apprendre pour devenir un homme. Dans cette longue route vers la connaissance, de nombreux personnage vont lui apporter des savoirs, commençons par Mademoiselle de Sainte-Yves qui n’est autre que la maîtresse de l’ingénu, celle qui va l'éduquer sentimentalement. Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c'est que l’ingénu avait déjà une maîtresse Huronne, mais dès le début il décrit son amour envers mlle de Sainte-Yves comme étant complètement différent que ce qu’il avait vécu précédemment avec son ancienne maîtresse. Ceci nous annonce que cette nouvelle relation va lui apporter de nombreuses connaissances sur la vertue et l’amour. En même temps que la découverte de mme de Sainte-Yves, l’Ingénu va aussi découvrir la religion Française (catholique) et va avoir envie de l’étudier, de s’y intéresser allant jusqu’à s’y convertir pour se rapprocher de sa nouvelle famille (Les Kerkabon) et plus particulièrement, la belle mademoiselle de Sainte-Yves. La religion est donc la première chose que l’Ingénu va apprendre mais c’est cette religion qui va être l’origine de ses ennuis amoureux. Après avoir été baptisé, L’ingénu n’as plus le droit d’avoir une relation avec mademoiselle de Sainte Yves qui est devenue sa marraine. Ne comprenant pas pourquoi il n’as pas le droit d’entretenir une relation avec la femme qu’il aime, l’ingénu décide de se rendre à versailles pour comprendre et obtenir la permission d’épouser madame de Saint Yves. C’est cet événement qui va déclencher chez l’ingénu une réflexion sur la société française d'époque et c’est cette histoire d’amour qui va le pousser à comprendre et s’instruire. Durant son voyage vers versaille, L’ingénu va traverser un petit village et va rencontrer des protestants qui vont l’éclairer sur la situation assez catastrophique de la France à l'époque. Suite à cela, en se rendant à versaille, l’ingénu, s’attire des ennuis car il est soupçonné d'être un espion, il est  alors envoyé en prison à la bastille.

C’est en cette Prison que l’ingénu va rencontrer le personnage qui va l'instruire, le faire réellement changer : Gordon, son compagnon de cellule, un janséniste qui va devenir une sorte de maître pour lui. En prison, en discutant avec Gordon, en lisant des livres et surtout en réfléchissant beaucoup, l’ingénu va développer un sens de réflexion très impressionnant, il va commencer à dénoncer la société Française et la compare à son pays qu’il trouve bien mieux construit. Suite à cela, l’ingénu est libéré et rentre chez lui, tout le monde le trouve changé et on peut observer et analyser en lui une maturité qu’il ne possédait pas au début du roman. L’ingénu est devenu un homme accompli, il a acquit une connaissance de l’amour, il connaît la société Française et ses travers, il a acquis une maturité et une capacité de réflexion très forte, Cela confirme l’hypothèse que ce texte est bel et bien un texte d’apprentissage. Pour résumer, lors  de  son  arrivée,  l’Ingénu  mérite  bien son nom : il se caractérise par son ignorance.  Au  fil  du  récit,  on  assiste  à  son  éducation  morale,  sentimentale  et  intellectuelle.  Les personnages  qu’il  rencontre  l’aident  à  évoluer :  Melle  de  Saint-Yves  lui  fait  prendre  conscience  de l’amour,  Gordon  l’instruit.  Les  situations  qu’il  traverse  le  font  réfléchir par exemple : la  rencontre  avec  les protestants, l’embastillement, le passage à versaille, …

On peut même ajouter que, à la fin du récit, l’Ingénu est devenu un homme maître de ses instincts, noble dans ses sentiments, supérieur dans ses connaissances, en quelque sorte, il est devenu la définition même d’un vrai philosophe des Lumières. (ce qui permet d’introduire la partie suivante !).

2/ En quoi ce texte est-il représentatif de l’esprit des lumières ?

Nous allons démontrer que L’ingénu est un roman partageant les idées des Lumières, nous verrons qu’il s’agit d’une critique des moeurs (de la société au 18e siècle); nous verrons qu’il y a également une critique politique (monarchie absolue) et finir nous verrons qu’il y a également une critique religieuse (jansénistes, protestants, jésuites, …); ce sont ces trois thème que, traitent, dénoncent couramment les Lumières.

Premièrement, ce texte est une critique des moeurs de la société Française. tout d’abord, on peut remarquer que voltaire se moque énormément de ses personnages, il fait beaucoup d'ironie et les tournent en ridicule. Et on peut observer que Voltaire se moque premièrement de le petite société dite “provinciale”, c’est à dire par exemple l’abbé de Kerkabon qui est présenté comme étant un coureur de jupons et un grand buveur d’alcool (inversement des valeurs d’un abbé dit “normal”); ou bien mlle de Kerkabon dont il se moque de l'âge et de son expérience avec les hommes; ou bien encore le bailli et son fils caractérisé comme étant bêtes et méchants ”le fils ridicule d’un homme ridicule et méchant” (p 110). En plus de cela, il y a aussi une critique des moeurs  et de la corruption, comme par exemple les geôliers qui se font de l’argent grâce aux malheurs des prisonniers qui sont souvent innocents comme le montre : “fondant leurs revenus sur leurs victimes, et vivant du malheur d’autrui, se faisaient en secret une joie affreuse des larmes des infortunés” (p115). Pour la corruption des hommes on peut aussi bien parler de l’immoralité de Saint pouanges et des actes inhumains qu’il réalise pour assouvir son propre plaisir comme le fait de forcer mademoiselle de Saint Yves à coucher avec lui afin de sauver L’Ingénu, Il utilise son pouvoir à des fins immorales. A Travers la moquerie de ses personnages, le fait que certains soient inhumains, Voltaire critique les moeurs de la société Française de L'époque.

A présent, nous allons voir qu’il y a une critique politique et plus précisément de la monarchie absolue bien présente dans ce roman. Tout d’abord, Voltaire présente le roi comme étant sous l’influence des Jésuites (Mons de Louvois) Il va même jusqu’à dire dans le chapitre 8 que la révocation de l’édit de nantes est une idée des Jésuites et qu’ils ont influencés le roi. Voltaire dénonce aussi le fait qu’il est impossible de se faire entendre par l’administration royale lorsque l’on à aucune influence. Ceux qui ne sont pas connus n’ont aucune possibilité de se faire entendre, l’ingénu est constamment rejeté. Entre le roi et ses sujets se dressent, par le biais de cette administration, des barrières infranchissables. Versailles est comme le dit l’Ingénu “un labyrinthe sans fil et sans issue”. Voltaire dénonce également le fait que dans le système politique de l'époque il n’y a aucun droit, aucune justice, on peut emprisonner quelqu’un sans aucun procès, une simple dénonciation suffit, c’est ce qui arrive à l’ingénu. De même Gordon est envoyé à la bastille sans avoir été jugé. “Il n’y a donc point de lois dans ce pays ? On condamne les gens sans les entendre” (p107). En faisant des recherches sur internet, j’ai trouvé que voltaire voulait que l’on prenne exemple sur le système judiciaire anglais ou il existe «l’Habeas corpus» qui interdit tout emprisonnement tant que la preuve de la culpabilité de l’inculpé n’a pas été faite. Cette vision du système politique n’est pas seulement celle de Voltaire mais c’est celle de tous les philosophes des lumières, la thèse est la suivante : “la liberté est considérée comme un droit absolu” et c’est ce qu’exprime voltaire dans le roman et notamment avec la citation suivante de gordon : “le bien le plus précieux des hommes, la liberté” (p89).

Pour finir, nous allons voir qu’il y a également une forte critique de la religion dans ce roman. Tout d’abord, on peut rappeler (ce que l'on vu en cours) que Voltaire est déiste, c’est à dire qu’il croit en l’existence d’un être suprême, une sorte de créateur mais il n’est pas d'accord avec tous les rites et les croyances des autres religions. Tout d’abord, il y a une critique du jansénisme, c’est une critique qui n’est pas très virulente puisqu’elle est présentée sous les traits de Gordon, homme de cœur et personnage important dans le développement du personnage principal. Pourtant, au fil de ces discussions avec l’Ingénu, Gordon doute de plus en plus de la vérité des dogmes du jansénisme et à la fin va jusqu’à abandonner cette croyance “il oublia pour jamais”. Ensuite, il y a une critique des Jésuites qui est la bien plus poussée que celle contre les jansénistes (qui montre légèrement quel parti prend voltaire dans cette guerre Jésuites / Jansénistes). Voltaire présente les jésuites comme étant manipulateurs comme par exemple avec le roi (il va jusqu'à dire que les projets du roi sont enfaite ceux des jésuites), on peut remarquer cela à travers le personnage du père de la Chaise (qui a réellement existé) est lui aussi fortement dénoncé, confesseur et conseiller spirituel du roi, il le manipule et influence son intolérance religieuse envers les protestants, les jansénistes, … On peut ajouter que les principaux problèmes de L’ingénu sont causés par les jésuites. Pour finir, on peut dire qu’il y a également une critique du catholicisme et du clergé à travers la ridiculisation des hommes d’église (l’abbé de kerkabon, l’abbé de Saint Yves, …) il tourne les hommes d’église en ridicule, les présentent comme étants idiots comme le montre “Je m’aperçois tous les jours qu’on fait ici une infinité de choses qui ne sont point dans votre livre, et qu’on n’y fait rien de tout ce qu’il dit” (p68).