Corpus poétique Ronsard, Hugo, Rimbaud, Césaire

Ce corpus poétique présente quatre poèmes (Ode XII de Ronsard, Chanson VII, 6 de Victor Hugo, Les Assis de Rimbaud et un extrait du Cahier d’un retour au pays natal de Césaire) ayant pour thème commun la laideur.

Nous nous posons la question suivante : Quelles fonctions ont les portraits de la laideur des personnages dans ces poèmes ?

La première fonction liée à la laideur est de provoquer un effet de peur face à la vieillesse. En effet, le physique de vieillard est décrit péjorativement par trois des poètes qui utilisent à cet effet le champ lexical de la laideur physique ainsi qu‘un vocabulaire dépréciatif.

La vieillesse a un effet négatif sur le corps humain, le transformant «de jeune en vieillard » d’après Ronsard, qui nécessite « une perruque nouvelle », notion de calvitie énoncée également par Rimbaud (« leurs têtes chauves »). Le poète de la Renaissance insiste sur l’immobilité provoquée par le temps qui passe : « corps dur, et les genous, que n’est le mur qui froidement vous environne », tout comme Rimbaud dont les vieillards « ont toujours fait tresse avec leur siège » et Césaire décrivant le « nègre affalé, ses mains réunies en prière sur un bâton noueux ».

En vieillissant, l’homme devient progressivement un monstre, opinion partagée par Rimbaud et Césaire. En effet, le premier dresse le tableau d’êtres aux « yeux cerclés de bagues verte, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs » avec un regard qui « filtre ce venin noir qui change l’œil souffrant de la chienne battue. » Le second, lui, dépeint « un nègre dont les yeux roulaient une lassitude sanguinolente » avec une orbite creusée, « fardée d’un fard de poussière et de chassie mêlées» et « les pommettes d’une vieille joue décatie ».

Aussi, Ronsard remue le couteau dans la plaie en comparant l’éternelle jeunesse de la nature qu’il personnifie (« Bois, bien que perdiez tous les ans en l’hyver voz cheveux plaisans », « Avoir jadis verds les genous. Le corps habile, et la main bonne. ») à la sienne, qui est éphémère. (« mais toujours ma jeunesse fuit », „et moy sans faire long séjour », « vaincre le temps emplumé »). L’appréhension de la vieillesse, du temps qui passe est omniprésente et rappelle que les hommes sont mortels : Memento Mori (« souviens-toi que tu vas mourir »).

Outre la laideur physique, la laideur morale est largement évoquée dans ce corpus poétique. C’est ce qui nous mène à la seconde fonction : dénonciation de la société.

En effet, les auteurs Hugo, Rimbaud et Césaire dénoncent une société inégale où tout le monde n’a pas le même statut selon son rang social, son origine, ou même son état physique.

Hugo révèle le système corrompu existant sous Napoléon III, qu’il blâme sarcastiquement dans les deux derniers vers de chaque strophe du pamphlet,