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Enfance, Sarraute, "le malheur"

Commentaire de texte : Enfance, Sarraute, "le malheur". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  3 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  1 203 Mots (5 Pages)  •  929 Vues

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Explication de texte 5 pour le bac de français

Enfance, p.120-121

Contexte

Véra vient d’avoir un enfant et on demande à Natascha de changer de chambre pour aller habiter « une petite chambre qui donne sur la cour ».

Mouvements

  1. « Malheur » : Un mot qui frappe et emprisonne : du début jusqu’à « c’est évident. Je n’ai pas de mère ». l.1-6
  2. Le recours aux mots de parents de « Mais comment est-ce possible ? » à « Non, c’est impossible » l. 6-15
  3. La révolte contre le personnage de papier dans lequel on veut l’enfermer de « Mais pourtant » jusqu’à la fin l. 15-29

Problématique

Comment l’autrice nous met-elle en garde ici contre la violence de certains mots qui nous enferment dans des rôles figés ?

  1. Le souvenir : « malheur », un mot qui frappe et emprisonne

Dans un premier temps, Nathalie Sarraute relate sa réaction spontanée lorsqu’elle a entendu la phrase de la bonne « Quel malheur quand même de ne pas avoir une mère » . Elle se rappelle à quel point ce mot l’a blessée

  1. En effet elle commente ainsi le mot « Quel malheur !... le mot frappe, c’est bien le cas de le dire, de plein fouet. Des lanières qui s’enroulent autour de moi, m’enserrent… » La métaphore filée du fouet est explicite : le mot agit comme une arme qui à la fois attaque et étouffe la fillette.
  2. Ensuite, l’enfant passe en revue tous les clichés que ce mot « malheur » véhicule dans l’imaginaire collectif : « des visages bouffis de larmes, des voiles noirs, des gémissements de désespoir… » À travers l’énumération des signes auxquels le mot malheur renvoie communément, l’enfant essaie de reconnaître ce qui, en elle, pourrait y correspondre.
  3. On voit également que la parole « malheur » a un effet performant « Cette femme le voit. Je suis dedans. Dans le malheur. » : le jugement devient pour la fillette une vérité. Elle se dit que si on voit de l’extérieur qu’elle est malheureuse cela veut dire qu’elle l’est réellement. La parole crée ici la réalité. La ponctuation, en fragmentant la phrase, mime le pouvoir de ce mot « malheur » qui s’abat sur elle et qui a un effet tranchant, qui la blesse.

Le mot « malheur » est ici représenté comme une pierre qui s’abat sur elle et qui enferme la petite fille dans un sentiment précis et immuable. Mais cela ne dure qu’un temps puisque la petite remet en question ce jugement

Deuxième mouvement

En effet, la fillette ne se reconnaît pas totalement dans ces mots et elle fait recours aux mots des parents pour tenter de comprendre le jugement que la bonne porte sur elle.

  1. Cela passe tout d’abord par une suite de propositions interrogatives « Comment est-ce possible » « Comment ça a-t-il pu m’arriver à moi » Elle pense aussi à sa mère « aurait-elle pu le dire si ç’avait été le malheur ? ». On voit que la petite fille cherche à comprendre la portée de ce mot « malheur »
  2. Elle se dit qu’elle a bien une mère, même si elle est à Pétersbourg. Elle se dit qu’elle a encore des liens avec elle, comme en témoignent ces lettres « parsemées de mots tendres » que l’enfant conserve précieusement dans une « cassette ». Elle se raccroche à ces signes tangibles d’un lien maternel auquel elle veut croire. Mais on voit qu’elle n’est pas dupe : l’adjectif « parsemées » laisse entendre que sa mère a ajouté artificiellement à sa lettre des mots doux qui ne correspondent pas forcément à un besoin authentique de communiquer de la douceur, de l’affection
  3. Elle songe ensuite à quelle serait la réaction de son père face à ce « grand mot » malheur : il serait « stupéfait […] agacé, fâché » : cette gradation montre que la petite fille est de plus en plus capable de déchiffrer et juger le langage des adultes. En effet, derrière chaque mot qu’on emploie il y a un monde qui reste « hors les mots », invisible, et qui est pourtant plus vrai que les mots

Natacha déduit donc que cela ne peut pas être un « malheur » si ses parents ne le ressentent pas ainsi : la vision de la bonne ne peut pas être la vérité puisque ses parents ne la partagent pas. toutefois, cette explication ne suffit pas. La fillette se sent quand même maintenant prisonnière de ce cliché de petite orpheline

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