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Exposé sur Joachim du Bellay

Cours : Exposé sur Joachim du Bellay. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  22 Février 2024  •  Cours  •  2 452 Mots (10 Pages)  •  217 Vues

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  • Enfance

Joachim du Bellay est né en 1522 au château de la Turmelière, non loin de Liré en Anjou. Maladif, orphelin à 10 ans, négligé par son tuteur, il passe dans le manoir paternel une enfance rêveuse et mélancolique sans grande activité intellectuelle. Il pense alors recourir à la carrière des armes, avant de se tourner vers l’état ecclésiastique, comptant sur le crédit de son cousin le cardinal Jean du Bellay, évêque de Paris et diplomate célèbre. Pour se préparer à le servir, Du Bellay va ainsi étudier le droit à la Faculté de Poitiers vers 1545.

  • Défense et Illustration de la langue française

C’est Jacques Pelletier du Mans, alors recteur du Collège de Bayeux à Paris et féru de culture gréco-romaine (traduction de l’Art poétique d'Horace) qui, en 1546, va faire se rencontrer Pierre de Ronsard et notre poète Joachim du Bellay, les deux principales figures du courant littéraire de la Pléiade.

Ronsard, qui suit les cours de l'helléniste Jean Dorat, convainc alors du Bellay de le rejoindre au Collège de Coqueret où ils étudient la poésie grecque et les élégiaques latins, ainsi que certains poètes italiens comme Dante ou Pétrarque. C'est ainsi qu'ils forment un premier groupe appelé Brigade, qui deviendra en 1553, la Pléiade.

En 1549, Du Bellay publie Défense et Illustration de la langue française, manifeste qui résume ainsi la doctrine du groupe. Il tente, dans son texte, de réhabiliter la langue française à l’usage poétique afin qu’elle s’enrichisse et que la littérature française surpasse la latine. En effet, jusqu'alors, le latin demeure la langue littéraire par excellence, la première moitié du XVIème siècle est ainsi marquée par la poésie néolatine des auteurs français. La langue française ne fait qu'émerger et les ordonnances de Villers-Cotterêts en 1539 cherchent à accélérer ce processus en rendant obligatoire la rédaction des actes officiels en français, dans le but d'unifier la France par la langue.

Le français est alors un langue assez pauvre que les poètes veulent étoffer, enrichir, préciser, nuancer. Dans ce manifeste, Du Bellay préconise ainsi la création de néologismes ainsi que l’emprunt de mots aux dialectes, au langage technique, à l'ancien français et surtout au latin et au grec. Si le français doit être apte à la littérature, Joachim Du Bellay veut différencier le discours poétique du language vulgaire, prosaïque des illettrés. Il propose donc l’emploi de tours (recourir à des mots d’une certaine classe grammaticale (verbe) en leur donnant une nature différente dans la phrase (en nom ; le manger)) et l’utilisation les figures de rhétorique en poésie : périphrases, métaphores, comparaisons…

Le second but de la Pléiade est de favoriser le développement d’une grande littérature française. Du Bellay enjoint donc les poètes à cultiver leur don, leur inspiration par le travail (à travers la lecture, la méditation et la réécriture). Ainsi, ils doivent soigner la versification des poèmes (avec rimes riches, vers musicaux, strophes harmonieuses) et se concentrer sur les genres antiques, jugés plus noble à la Renaissance que les genres médiévaux (rondeaux et ballades notamment) tombés en désuétude. Dans Défense et Illustration de la langue française, le poète consent à l’emploi de l’élégie, la satire ou l’épigramme, genres anciens mineurs, et prône l’utilisation des grands genres antiques tels que l’ode et l’épopée et du plus moderne sonnet. Enfin, notre poète induit ses lecteurs à s’inspirer, sans les traduire, des poètes Anciens et de la littérature italienne, pour pouvoir recouvrer le lustre antique en s’imprégnant de leur style, de leurs sentiments pour qu’ils se retrouvent inconsciemment dans les écrits de ces poètes contemporains.

Dans l’introduction du recueil l’Olive, Du Bellay justifie la position de la Pléiade et son choix d’écrire en français par sa recherche de l’immortalité par ses œuvres. En effet, ne pouvant égaler les anciens, il s’est tourné vers la littérature française, encore récente et perfectible pour y contribuer et qu’elle la retienne.

  • L’Olive

En même temps que la Défense et illustration (1549), Du Bellay publiait un recueil de Vers Lyriques surtout inspirés d’Horace et bien sur l’Olive, son premier recueil de 50 sonnets dont le nombre fut porté à 115 dans la seconde édition (1550).

Ainsi, dans la continuité de Défense et Illustration de la langue française, Du Bellay explore dans L’Olive le genre du sonnet lyrique en français pour faire plier ses détracteurs devant les possibilités de création poétique de cette langue pleine de sensibilité et de virtuosité. Il y a donc une vraie visée argumentative derrière les poèmes de L’Olive.

Suivant les idées de la Pléiade, Du Bellay calque sa poésie sur le modèle des anciens avec de nombreuses références mythologiques mais aussi tout particulièrement sur l’œuvre de l’italien Pétrarque, poète du XIVème siècle.

Dans ses Sonnets et ses Canzones, Pétrarque a chanté en italien son amour pour sa muse, Laure, amour sincère et douloureux qui s’exprime sous une forme parfois artificielle, surjouée. Repris par des écoles italiennes, des poètes l’imiteront avec une même subtilité précieuse et factice que dénoncera ensuite Du Bellay dans son sonnet satirique contre les Pétrarquistes. Pour l’heure, séduit par l’éclat de cette littérature, Du Bellay donne à son tour dans les raffinements du pétrarquisme.

Tout au long du recueil, Du Bellay célèbre une femme aimée qui, à l’opposé de son prédécesseur italien, semble totalement imaginaire. Du Bellay la nomme Olive et l’associe à l’olivier comme Pétrarque avait associé Laure au laurier. Par un jeu de figures de style prégnantes dans ses poèmes ; Du Bellay chante les beautés de sa dame en la comparant avec des métaux précieux, des astres ou encore des divinités. Pour traduire son ardente passion, suivant la tradition courtoise et pétrarquiste, le poète se met en scène en martyr transi, subissant souffrances physiques et tourments moraux pour sa dame, continuant à chérir celle qui le torture, pour ainsi dire, et à être heureux de sa servitude. Cette douleur, artificielle, est ainsi essentiellement un prétexte au jeu poétique où la sincérité des sentiments tient peu de place.

🡪Lecture du sonnet ces cheveux d’or

Le sonnet Ces cheveux d’or est assez représentatif de la poésie pétrarquiste ; le poème présente la femme aimée en figure dominatrice («le coup de main » v6) dont l’habilité à faire souffrir son soupirant est illustrée par trois métaphores vers 1,3,4 (cheveux=le lien, l’amour = la flamme, le regard = des flèches). Mais l’amant meurtri jouit de cette souffrance et reste soumis à sa dame (« Madame ») qu’il «aime, adore et prise ». Ainsi, il refuse de guérir les plaies de l’amour, trouvant bonne grâce à mourir des mains de sa dame.

Enfin, les poèmes de l’Olive reposent sur une conception de l’amour et de la beauté inspirée de Platon (L’Idée). Du Bellay formule ainsi l’idée que l’amour pour la beauté terrestre traduit l’aspiration chaste et sublime de l’âme, prisonnière ici-bas, vers la beauté divine et idéale. Ainsi, comme Villon auparavant dans la Ballade des femmes du temps de jadis, quand Du Bellay chante cette maitresse imaginaire et idéalisée, au portrait évasif (des cheveux d’or et son regard qui frappe comme des flèches), on peut voir dans cette recherche poétique de la perfection et l’absolu divin, des thèmes repris au XIXème siècle par les romantiques.

Quelques mois plus tard, devenu poète courtisan en dépit des idées de La Défense, Du Bellay dédit un Recueil de Poésie à la princesse Marguerite, sœur du roi Henri II.

  • Maladie et voyage à Rome

De santé déjà délicate, Du Bellay tombe ainsi malade et reste plus de deux ans sur son lit de douleur de 1550 à 1552. C’est alors qu’il ressent les premières atteintes de la surdité. Pour oublier son mal, il lit donc les auteurs grecs et latins et cultive sa poésie. La douloureuse aventure de Rome le mettra définitivement en possession de son véritable génie. 

Le cardinal Jean du Bellay, ambassadeur à Rome depuis 1534 était un homme de confiance de Francois Ier. Du Bellay l’accompagne à Rome en 1553 en tant qu’intendant et réalise donc son rêve d’humaniste : il peut ainsi contempler les vestiges de la majesté romaine, imaginer les scènes antiques et philosopher sur la grandeur et la décadence des empires : c’est la matière des Antiquités de Rome.

Par ailleurs, lors de son voyage à Rome, Du Bellay fréquente tout un groupe d’humanistes romains qui s’exerçaient à bien tourner les vers latins. Oubliant encore les principes de La Défense, il écrit des poésies latines (les Poemata), élégies, épigrammes, amours et tombeaux… `

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