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L'alchimie de la douleur Baudelaire

Commentaire de texte : L'alchimie de la douleur Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  5 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 550 Mots (7 Pages)  •  8 367 Vues

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Étude linéaire

« Alchimie de la douleur » 

Baudelaire

Les mouvements du texte :

La dualité de la nature (vers 1 à 4)

L’incantation au Dieu des alchimistes (vers 5 à 14)

INTRODUCTION :

Je vais vous présenter une étude linéaire qui s’intitule « Alchimie de la Douleur » de B.

Baudelaire est un auteur du 19ème siècle appartenant au poètes « maudits », il publie le recueil Les Fleurs du Mal en 1857 mais l’œuvre est accusée d’outrage aux bonnes mœurs, 6 poèmes seront enlevés. La parution de ces poèmes sonne comme une révolution dans la création poétique. En effet, le titre même du recueil met en valeur l’alchimie poétique : les fleurs que sont les poèmes naissent du mal. Mais en même temps, ce recueil est aussi l’aboutissement d’une tradition poétique. Ainsi, L’alchimie de la douleur se trouve dans cette œuvre dans la fin de la section « Spleen et Idéal ». Cette section est fondamentale elle ouvre le recueil, et évoque les thèmes fondamentaux baudelairien qui sont le Spleen et l’aspiration de L’idéal. En effet, Alchimie de la Douleur qui prend la forme d’un sonnet en octosyllabes nous exprime le désespoir du poète à ne pas comprendre le monde et sa réalité, et le monde à ne pas le comprendre. Ainsi,

  • En quoi ce poème nous montre la déception de l’alchimie poétique à travers l’incompréhension de la nature et son appelle à l’aide au dieu ?
  • Quelle expression de la douleur Baudelaire avance-t-il dans son poème ?

Nous étudierons ce texte en 2 mouvements. Tout d’abord, dans le premier quatrain (v1 à 4) nous verrons la dualité de la nature. Puis nous finirons, par le deuxième quatrain et les deux tercets (v5-14) où nous étudierons l’incantation au dieu des alchimistes fait par Baudelaire.

DEVELOPPEMENT :

1° mouvement : La dualité de la nature

  1. L'un t'éclaire avec son ardeur,

Le poète s’adresse à une personne familière, puisqu’il la tutoie au vers 2. Il s’agit d’une personification de la nature, comme le montre l’emploi de la majuscule. On retrouve ici la figure chère à Baudelaire de l’allégorie.

Baudelaire mentionne deux éléments constitutifs de la Nature, mystérieux.

 Ils s’opposent en parallélisme (« L’un » et « l’autre » aux vers 1 et 2) puis en chiasme : au vers 3, « l’un » désigne « l’autre » du vers 2, et au vers 4, « l’autre » désigne « l’un » du vers 1.

On peut néanmoins rassembler des termes, rapprochés par le sens et par les rimes embrassées.

  1. L'autre en toi met son deuil,

Nature !

  1. Ce qui dit à l'un : Sépulture !

Ainsi, « ardeur » (v. 1), « vie » et « splendeur » (v. 4) (CL de l’alégresse) vont de pair, tandis que « deuil » et « Sépulture » aux vers 2 et 3 sont associés au centre du quatrain.

« L’un » et « l’autre » peuvent donc renvoyer à deux principes antagonistes de la nature : la pulsion de vie d’un côté, et la pulsion de mort de l’autre.

  1. Dit à l'autre : Vie et splendeur !

2° mouvement : L’incantation au Dieu des alchimistes

V.5.6

  1. Hermès inconnu qui m'assiste

Le deuxième quatrain inaugure une nouvelle séquence du poème. Le poète ne s’adresse plus à la nature mais à Hermès, dieu grec représenté sous les traits d’un messager ailé.

 Plus précisément, la figure d’Hermès renvoie à celle de Thot dans la tradition égyptienne et a donné lieu au courant philosophique et spirituel de l’hermétisme, un ensemble de doctrines ésotériques qui ont inspiré l’alchimie du Moyen Âge.

 Les poètes de la fin du dix-neuvième siècle comme Mallarmé ont pu être accusés d’être hermétiques. On insistera donc sur la dimension mystique (à la fois spirituelle et poétique) de l’hermétisme, et sur la dimension énigmatique, qui requiert la collaboration active du lecteur.

  1. Et qui toujours m'intimidas,

La singularité de l’adresse repose sur l’adjectif utilisé pour caractériser Hermès, « inconnu ».                                                                                                                           Est-il inconnu parce qu’il constitue l’inspirateur personnel d’un poète à part ? Est-il inconnu parce que légendaire, et donc méconnu ? Est-il inconnu parce qu’au lieu de permettre le changement du fer en or, il fait changer l’or en fer ? La suite du poème laisse ouvertes les interprétations.

En tout cas le poète semble éprouver du respect et de la crainte vis-à-vis de cette figure, qui l’« assiste » et qui l’« intimida ».

V.7-8

  1. Tu me rends l'égal de Midas,

Au vers 7, Baudelaire se compare à un roi légendaire, Midas, aux talents de musicien, touché par une bénédiction qui s’avère une malédiction. Comme Midas, le poète aurait le don de transformer en or son expérience et celle des autres, mais ces expériences se figent dans le langage et deviendraient inaccessibles au poète.

Le revers de la médaille de l’alchimie poétique consisterait ainsi dans l’éloignement de la réalité, et dans un pouvoir illusoire fait de mots.

  1. Le plus triste des alchimistes ;

Le superlatif « le plus triste des alchimistes » montre le contraste entre l’objectif atteint de la transformation en or et les sentiments réels éprouvés. Midas comme le poète ne parviennent à leurs fins qu’au prix d’un certain renoncement à la vie. Rien n’est plus vivant sous les doigts du roi ; les êtres et les émotions se figent dans les vers du poète maudit.

V.9-10-11

  1. Par toi je change l'or en fer

Les vers 9 et 10  montrent un renversement de la représentation habituelle des alchimistes. En effet, les alchimistes ne changent pas l’or en fer mais le fer en or et, du coup, l’enfer en paradis, à l’inverse de ce qu’avance Baudelaire. Le poète décrit ici une expérience déceptive de l’alchimie poétique.

Les nuages, qui pourraient évoquer le ciel dans une dimension idyllique (on pense au « prince des nuées » de « L’Albatros »), sont associés métaphoriquement au drap qui recouvre les morts. On peut lier cette image à l’enfer du vers 10, d’autant plus que les deux mots riment, mais aussi à deux mots présents dans le premier quatrain, « deuil » et « Sépulture ». On retrouve ainsi le champ lexical de la mort.

  1. Et le paradis en enfer

V-11-12-13-14

  1. Dans le suaire des nuages

Malgré la séparation des strophes, les vers 11 à 14 sont liés par la syntaxe et par le schéma des rimes. D’abord, ces quatre vers forment une phrase. Ensuite ils participent d’un schéma de rimes embrassées. C’est pourquoi il faut les commenter ensemble

Dans ces quatre derniers vers, le travail poétique est présenté comme un travail mystique qui s’accomplit dans le « célestes rivages » désignant à la fois le ciel au sens géographique et le royaume des morts, comme un travail spirituel qui concerne les morts : (v12)

Comme un travail artistique comparable à la sculpture : « Je bâtis de grands sarcophages ».

De plus, la référence à l’Antiquité et à l’Égypte signale les origines de l’alchimie

  1. Je découvre un cadavre cher,
  1. Et sur les célestes rivages
  1. Je bâtis de grands sarcophages.

Remarque

On retrouve ici le thème de l’éloge funèbre et le thème du salut par la poésie présente dans « Une charogne », mais traités de manière plus sérieuse et grave.

Le titre du poème, « Alchimie de la douleur », peut rétrospectivement être lu de deux manières : d’une part l’alchimie poétique est douloureuse, d’autre part, elle peut tout de même permettre une sublimation des sentiments négatifs et en particulier de celui de la perte. Même si l’alchimie poétique provoque de la tristesse chez le poète, elle est considérée par Baudelaire comme une science de l’éternité et comme un art solennel.

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