Lagarce / Juste la fin du monde
Dissertation : Lagarce / Juste la fin du monde. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Baptiste PASQUET • 25 Avril 2022 • Dissertation • 2 130 Mots (9 Pages) • 2 067 Vues
Baptiste PASQUET
1ère 6
Devoir de français
Problématique : Un critique littéraire évoque la pièce de théâtre écrite par Jean Luc LAGARCE intitulée « Juste la fin du monde » comme représentative d’un « théâtre de la parole ». Nous allons voir en quoi cela se vérifie.
PLAN :
- Axe 1 : Les personnages sont confrontés à une crise du langage envers eux même
- SP 1 : Des personnages qui hésitent
- Louis doute lorsqu’on lui pose clairement une question (moi ?) pour être sûr de ne pas prendre trop de place.
- Les personnages s’égarent dans leur pensée et ont du mal à retrouver l’idée de leur discours.
- De nombreuses rhétoriques de l’hésitation.
- SP 2 : Louis n’arrive pas à dire ce qu’il a à dire
- Les rares moments où il s’exprime : seulement dans l’épilogue et le prologue.
- Il n’arrive pas à révéler la vraie raison de sa venue.
- Le recours au « Silence ».
- SP 3 : Des personnages qui parlent pour ne rien dire …
- Monologue de la mère qui consiste à évoquer un souvenir lointain, elle ne parle jamais du futur, scène 4, elle se répète énormément.
- Des personnages qui ne se comprennent pas.
- Absence de didascalie qui laisse une grande liberté d’interprétation, les dialogues sont construits avec de longs monologues qui ralentissent le discours.
- Axe 2 : Une crise du langage entre les personnages
- SP 1 : Une mise à l’écart de certains personnages
- Les autres personnages utilisent le pronom personnel « il » pour parler de Louis.
- Catherine met elle-même ses enfants à l’écart du dialogue.
- Le temps a mis une distance entre eux et toute manifestation de tendresse devient impossible. Louis est devenu un étranger
- SP 2 : Des interruptions qui coupent la progression de la parole
- Le personnage d’Antoine coupe la parole à sa femme.
- Antoine utilise l’ironie pour essayer de détendre l’atmosphère ou pour se moquer de Louis.
- Louis va finir par regretter sa venue.
- SP 3 : Des reproches constants entre les personnages.
- Suzanne lui reproche de s’être absenté, sa fuite inexpliquée et a un discours qui est composé de mépris.
- Louis se pose en accusé, assistant à une forme de procès.
- Louis est accusé d’égoïsme par sa mère.
INTRODUCTION
Jean Luc Lagarce écrit la pièce de théâtre intitulée « Juste la fin du monde » en 1990 alors qu’il se savait malade du sida. Il met en scène un jeune homme de 34 ans, Louis, qui rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve sa mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine et sa belle-sœur Catherine. Il a l’intention de leur annoncer sa maladie incurable et donc sa mort imminente. Mais, son arrivée va faire apparaître plusieurs tensions au sein de la famille. Chacun exprime divers reproches et Louis repart sans avoir pu faire l’annonce de cette triste nouvelle.
Un critique littéraire évoque cette pièce de théâtre comme représentative d’un « Théâtre de la parole ». Nous allons voir en quoi cela se vérifie à travers une démonstration en deux parties :
Nous démontrerons dans un premier axe que les personnages ne se comprennent plus eux même. Ensuite, nous verrons qu’il existe une impossibilité des personnages à communiquer entre eux.
Pour commencer, nous allons voir comment les personnages sont confrontés à une crise du langage envers eux même : une crise de la parole. Cette idée peut se résumer en trois grands thèmes.
- Tout d’abord, un des thèmes présents dans la pièce est la rhétorique de l’hésitation. Cela est très fréquent lorsque l’on pose une interrogation au personnage de Louis, qui répond souvent par le pronom personnel « moi » suivi d’un point d’interrogation. Cela peut nous laisser penser que Louis veut se faire le plus discret possible et ne veut pas prendre trop de place dans la conversation. Il est régulièrement coupé dans la pièce et donc il ne parvient pas à dire la vraie raison de sa venue, cela fige le dialogue qui n’avance pas. De plus, la présence de longs monologues fait que les personnages s’égarent dans leurs pensées et ne parviennent pas à se rappeler où ils en étaient. Cette idée est représentée dans la scène 11 de la première partie, où Antoine ne sait pas pourquoi Louis lui raconte l’histoire de son voyage. Antoine lui dit d’ailleurs « Pourquoi est-ce que tu me raconte ça ? Pourquoi est-ce que tu me dis ça ?». Il y a aussi, après les nombreuses interrogations, la présence de blancs typographiques qui fait apparaître une gène entre les personnages qui ne savent pas quoi se dirent.
- Ensuite, on peut très clairement noter que Louis ne parvient pas à expliquer à sa famille la raison précise de sa venue. Il est représenté comme un personnage solitaire qui utilise beaucoup l’usage du silence pour « parler ». Son silence a pour but de laisser les autres parler mais son manque de réaction provoque de la colère et de la confusion chez les autres personnages. Louis ne dit rien et ne fait rien donc on ne sait pas ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il a à dire : Il est absent voire invisible. Par exemple, dans la scène 5 de la première partie, Louis préfère utiliser le silence plutôt que la parole lorsqu’il s’agit d’annoncer sa mort imminente. Pourtant, le héros sait parler comme il le montre dans le prologue et l’épilogue qui sont les seuls moment ou Louis est vraiment lui-même, quand il s’adresse au public. L’épilogue fait notamment référence au prologue, il souligne le caractère inexorable de la maladie et de la mort. Cet épilogue montre que Louis n’a pas pu échapper à son destin tragique. Louis assiste à son procès, et il est impuissant face aux reproches qui lui tombent dessus provoquant cet état « médusé », sans réaction.
- Enfin, on remarquera que beaucoup de dialogues n’ont que peu d’intérêt et que certains personnages parlent pour ne rien dire. En effet, on a l’impression que des répliques sont infinies et se transforment en longs monologues. Par exemple, dans la scène 4 de la première partie, le monologue de la Mère évoquant un souvenir lointain, des moments heureux où le père était encore là. Jamais elle ne parle du futur, ou ne fait des reproches à qui que ce soit sur les douleurs du passé. Elle ne révèle pas pourquoi le père n’est plus là, ni pourquoi Louis est parti. On ne sait d’ailleurs pas si le père est encore vivant ou pas … Le but de ces monologues est de noyer, de perdre son interlocuteur dans un flot de paroles.
Dans la pièce on peut remarquer l’absence de didascalie, ce qui laisse une grande liberté d’interprétation au lecteur : on ne sait pas ce que font les personnages qui écoutent le locuteur. Ces monologues ont pour but de ralentir le dialogue… et quelque part de faire « durer » le suspens.
Nous venons de démontrer comment les personnages de cette pièce de théâtre sont confrontés à une crise du langage envers eux même, désormais nous allons voir qu’une autre crise de la parole demeure dans la pièce : une crise du langage entre les différents personnages, allant même jusqu’au conflit.
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