Le Malade Imaginaire / Molière,Acte II scène 5, commentaire du passage
Commentaire de texte : Le Malade Imaginaire / Molière,Acte II scène 5, commentaire du passage. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar a.bounoure • 3 Avril 2022 • Commentaire de texte • 973 Mots (4 Pages) • 2 270 Vues
En France, en 1660, le mouvement baroque laisse place au classicisme auquel il s'oppose en tout point. Celui-ci reflète la stabilité et l'ordre du royaume. Molière, grâce à ses comédies de caractères, dénonce les travers de la société à travers des personnages caricaturaux.
Le Malade Imaginaire est la dernière pièce de Molière, écrite en 1673. Cette comédie-ballet mêle à la farce, une satire impitoyable de la médecine et des médecins. Elle met en scène Argan, un hypocondriaque, qui tyrannise sa famille et notamment Angélique, sa fille. Il souhaite la marier à Thomas Diafoirus, pour s'assurer d'avoir toujours un médecin dans son entourage.
À la fin de l'acte I, Toinette, la domestique, prévient Cléante, l’amoureux d'Angélique, et celui-ci arrive alors déguisé en remplaçant du Maître de Musique, stratagème visant à s'introduire jusque dans la chambre de sa maîtresse. Mais, Argan préfère que la leçon ait lieu en public. Ce public s'agrandit avec l'entrée des Diafoirus père et fils.
Comment dans cette scène à tonalité comique, Molière présente Cléante et Thomas Diafoirus tout en expliquant les spécificités des intermèdes ?
Dans un premier temps, le spectateur assiste à une scène comique d'opposition entre les deux prétendants d’Angélique.
Dans un second temps, la scène chantée peut être interprétée comme un intermède supplémentaire.
Cette scène, dans laquelle les deux rivaux ne se parlent pas, est une comparaison assez burlesque.
Tout d’abord, le nom Angélique Diafoirus est un réel oxymore : nous avons d'un côté, la pureté céleste et de l'autre les problèmes intestinaux (diarrhée). Face à Diafoirus, se présente Cléante, l’amoureux parfait.
Molière met en scène Monsieur Diafoirus faisant un portrait de son fils qui en fait un personnage ridicule. Thomas est peu vif, étudiant laborieux, et incapable d'improviser ses discours. Cléante est plein de sang-froid, a l'idée de cet opéra et il sait même lire sur une feuille qui ne contient pas un seul mot.
Diafoirus n'a jamais été joueur tandis que Cléante, déguisé, doit bien s'amuser à dire la vérité devant Argan et son rival.
De plus, Diagoirus n'est pas très romantique : son cadeau pour Angélique est une attestation de soutenance d'une thèse de médecine et le spectacle qu’il lui propose d'aller voir est une dissection de femme. Cléante offre au contraire à la jeune femme l’occasion de chanter toutes les “tendresse de son amour” (l.84).
Enfin, Diafoirus ne fait qu'une chose : il respecte les règles, “s’attache aveuglément aux opinions de nos Anciens” (l.20) comme nous le dit son père, ainsi qu'aux “règles de l’Art” (l.39). Cléante transgresse tous les codes de bonne conduite. Dans sa ruse, il dit avoir adopté une façon toute nouvelle d'écrire les paroles sur du papier à musique. De ce point de vue, il s'apparente à Molière. Les “règles de l’art” des Anciens, que sacralisent les médecins, sont bien comparables à celles des dramaturges de son temps. Molière n'a qu'une règle : la liberté.
Cléante est donc le double inversé de Thomas. Et l'inversion porte aussi sur le rapport à la représentation.
D'un côté, les Diafoirus n'ont pas conscience qu'ils ont des spectateurs et donc qu’ils sont un spectacle tandis que temps qu'Argan s’assoit pour eux et Toinette formule des commentaires ironiques. De l'autre, les spectateurs du petit opéra pensent assister à une scène fictionnelle et n’ont pas conscience d'entendre une véritable déclaration d'amour.
On peut dire que l'on assiste ici à un autre intermède. Cette scène chantée est une pause au sein du long dialogue des Diafoirus de l'acte II. Comme le Prologue, il s'inscrit dans l'univers de la Pastorale, où cohabitent bergers et êtres mythologiques. On remarque d'ailleurs que le personnage que joue Cléante, dans ce petit opéra, porte le même nom que l'un des deux bergers du Prologue : Tircis.
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