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Les Essais, Montaigne

Commentaire de texte : Les Essais, Montaigne. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  18 Novembre 2023  •  Commentaire de texte  •  1 919 Mots (8 Pages)  •  311 Vues

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   Michel de Montaigne est un homme de lettres du XVIème siècle, connu pour avoir écrit Les Essais, œuvre publiée en 1580. Les Essais est composée de trois tomes et de 107 chapitres. L’œuvre de Montaigne est influencée par le goût des textes antiques, et s’inscrit dans le mouvement littéraire de l’humanisme. En effet, l’objectif premier est de transmettre au lecteur des préceptes de vie à travers une grande diversité de sujets. C’est pourquoi, Montaigne est un moraliste héritier des Confessions de Saint-Augustin, œuvre écrite entre 397 et 401 ap. J-C sous l’Empire romain. Les Essais est également une œuvre à visée autobiographique. En effet, la présence du « je », ainsi que la célèbre citation de l’auteur issue d’un fragment antérieur à la parution des Essais : « C’est moi que je peins », font de Montaigne un penseur de la représentation du moi.

Dans cet extrait des Essais tiré du Livre I, chapitre 26, Michel de Montaigne traite de l’instruction qu’il a reçue enfant. Cette dernière est essentiellement marquée par l’apprentissage du latin qu’il condamne, et dont il fait également l’éloge. En effet, cet extrait est empreint du registre épidictique qui relate l’expérience de Montaigne. L’apprentissage du latin et du grec est qualifié à la ligne 1 de « bel ornement », c’est-à-dire d’artifice qui permet de briller dans la société du XVIème siècle. De prime abord, cet apprentissage ne semble avoir pour visée que la représentation. Or, ce qui est primordial pour l’auteur, ce n’est pas la seule idée de l’apprentissage du latin qui semble être motivée par une première visée futile, mais plutôt les méthodes qui permettent à cet apprentissage d’être efficace. En effet, à la toute fin du texte, nous pouvons lire « Mais sans livre, sans grammaire, sans fouet ni larmes, je parlais un latin aussi pur que celui de mon maître d’école. ».

Comment dans cet extrait Montaigne, à partir de son expérience enfantine, souhaite-il transmettre au lecteur la nécessité d’une méthode d’instruction efficace ?

Dans un premier temps, nous verrons que pour Montaigne atteindre la grandeur d’âme, ainsi que l’ampleur des connaissances des antiques ne dépend pas de la seule volonté d’apprendre les langues anciennes. (l.1 à l.9) Transmise en cours.

Dans un deuxième temps, nous verrons que l’apprentissage d’une langue est l’expression d’une vision du monde particulière au sein de laquelle l’enfant doit être immergé dès son plus jeune âge. (l.10 à l.19)

Dans un troisième temps, nous analyserons les bienfaits, ainsi que les méfaits des méthodes d’apprentissage expérimentées par Montaigne enfant. (l.19 à l.26)

II : L’apprentissage d’une langue est l’expression d’une vision du monde particulière au sein de laquelle l’enfant doit être immergé dès son plus jeune âge.

   Dans cette deuxième partie de l’explication de texte, au début de la ligne 10, nous pouvons observer la présence de l’adverbe « Toujours » qui marque la détermination du père de Montaigne à trouver un moyen pour son fils d’apprendre le latin, et également d’atteindre la grandeur d’âme ainsi que l’ampleur des connaissances des antiques. Le verbe à l’infinitif « remédier » accentue cette détermination à résoudre un problème d’apprentissage. En effet, il ne suffit pas d’apprendre une langue pour s’imprégner de la vision du monde associée à cette dernière. Ici, la difficulté est également temporelle, puisque sept siècles séparent l’Antiquité du XVIème siècle. A la ligne 11, Montaigne commence le récit de l’apprentissage pensé par son père. Nous pouvons identifier une métaphore marquée par le pronom possessif « ma » : « [...] avant les premiers dénouements de ma langue [...] ». Cette figure de style crée un effet d’insistance en ce qui concerne le jeune âge de Montaigne lorsqu’il commença à apprendre le latin. La formation de la conscience de soi s’aiguise avec l’arrivée de la parole. Cela signifie que la parole traduit par le biais du langage les formes ainsi que les perceptions perçues dans la réalité. Traduire ces dernières par le langage, c’est les trahir, et les déformer. C’est pourquoi chaque langue traduit une perception particulière du monde par le prisme de ses formes langagières particulières (sonorités, vocabulaire…). Ainsi, le père de Montaigne le « [...] confia à un Allemand totalement ignorant de notre langue et très versé dans la latine. », afin que Montaigne puisse avoir comme langue première le latin. Cela créa un processus artificiel puisqu’il n’apprit pas en premier lieu la langue maternelle. L’auteur ne semble pas avoir un souvenir empreint d’affection de l’Allemand puisqu’à la ligne 13, nous pouvons constater la présence d’un pronom démonstratif proximal qui remplace le terme « l’Allemand ». Le pronom indique une distance entre Montaigne et l’Allemand qui ne traduit pas une grande proximité entre les deux individus. En effet, si nous continuons notre lecture, nous comprenons clairement que l’Allemand était grassement rémunéré pour apprendre le latin au petit Montaigne. De surcroît, nous pouvons identifier une métaphore « Celui-ci, qui recevait pour cela des gages bien conséquents, m’avait continuellement sur les bras. ». Montaigne dit explicitement qu’il représentait un poids pour l’Allemand, et l’auteur écrit implicitement que ce dernier ne restait que parce qu’il était grassement payé. Nous pouvons imaginer qu’au XVIème siècle, il était certes courant pour une famille bourgeoise d’engager un précepteur, mais qu’il était moins habituel d’engager ce dernier à temps plein. Cet élément nous fait comprendre que le père de Montaigne a mis au point une méthode d’apprentissage hors-norme afin que son fils puisse au mieux être immergé dans la langue latine afin d’en saisir la vision littéraire et philosophique. Qui plus est, nous apprenons de la ligne 14 à 16 que le père de Montaigne recruta deux autres personnes-nous supposons des nourrices-afin de s’occuper de l’éducation du petit garçon. Ces deux personnes étaient obligées de parler latin afin que Montaigne puisse maîtriser totalement la langue latine. L’objectif paternel était clair : le petit Montaigne devait avoir pour langue artificiellement maternelle le latin. De plus, de la ligne 16 à 19, nous pouvons constater la présence d’une anaphore avec la répétition de la conjonction « ni » : « Quant au reste de la maisonnée, la règle inviolable était que ni mon père lui-même, ni ma mère, ni valet ni chambrière ne parlaient en ma présence autre chose que les mots latins que chacun avait appris pour jargonner avec moi. ». L’anaphore ici présente crée une insistance qui met en exergue le fait que le père de Montaigne a organisé toute la vie de la maisonnée en fonction de l’apprentissage du latin destiné à son fils. Au XVIème siècle, l’apprentissage du latin est une valeur sûre pour ceux qui veulent se hisser au sommet de la société. En effet, l’époque moderne connait un nouvel engouement pour les textes antiques, et plus largement pour la culture gréco-latine. Cependant la présence du verbe « jargonner » indique que le personnel engagé, ainsi que les parents de Montaigne n’avaient que peu de notions de la langue latine. Cela nous fait penser que de l’éducation du petit Montaigne dépendait la réputation de la famille. Et que l’ambition du père de Montaigne à l’égard de l’avenir de son fils était absolue.

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