Madame Bovary de Gustave Flaubert : lecture linéaire lettre Rodolphe
Commentaire d'oeuvre : Madame Bovary de Gustave Flaubert : lecture linéaire lettre Rodolphe. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar etheltol • 22 Janvier 2022 • Commentaire d'oeuvre • 931 Mots (4 Pages) • 837 Vues
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857, Première partie, chapitre II,
La rencontre entre Emma et Charles
Madame Bovary est un roman réaliste du XIXème siècle écrit par Gustave Flaubert. Celui-ci débute la rédaction de son ouvrage en 1851 et y travaille pendant 5 ans, jusqu’en octobre 1856, date à laquelle le texte est publié dans La revue de Paris sous forme de feuilletons. Le texte que nous étudions chapitre 2 partie 1, provient de la scène de rencontre entre Charles Bovary officier de santé et le personnage principal éponyme. Il est appelé à la ferme des Bertaux car le père Rouault, paysan assez aisé et le maître des lieux, vient de se casser la jambe. Charles va alors rencontrer pour la première fois Emma Rouault, fille du patient. Cette scène importante marque les rapports qui vont s’établir entre les futurs mariés. Comment se manifeste cet amour naissant entre les deux protagonistes ? Nous allons tout d’abord nous intéresser au regard que M. Bovary porte sur Emma et enfin celui de Flaubert, auteur et narrateur omniscient de l’œuvre.
L’extrait débute par une conversation peu profonde entre les deux protagonistes. Ceux-ci échangent sur « le temps » ou encore « la nuit ». Cette première interaction dresse aux lecteurs les futurs échanges des deux personnages ainsi que leur relation sans grande passion. Charles Bovary porte un regard intrigué et admiratif sur Emma, cependant qualifie ses lèvres de « charnues », terme péjoratif, dès la première ligne. La description continue alors et passe de ses lèvres à sa coiffure. Cette coiffure ordonnée et soignée avec « une raie fine » en un « chignon abondant » correspond à celles de l’époque. Il est naturel que le personnage s’intéresse aux cheveux d’Emma car la chevelure est souvent signe de sensualité. On imagine que Charles est transporté et séduit par cette jeune femme qui possède un physique pourtant simple et sobre. Il éprouve une émotion, qui est plutôt une surprise, une curiosité relativement terre à terre par rapport à ce qui est attendu dans ce type de scène. Il la décrit ensuite avec quelques traits de caractère nettement plus masculins : « elle portait comme un homme » « un lorgnon d’écailles ». Cela s’oppose avec les attributs féminins et sensuels d’Emma et nous rappelle sa classe sociale. Pourtant, aucune émotion ne transparaît, et le portrait semble tout à fait neutre : le médecin voit un col « blanc », des cheveux « lisses », une raie « fine », un chignon « abondant ». Il n’y a aucune métaphore ni comparaison. La structure syntaxique des phrases est réduite au minimum : « son cou sortait d’un col blanc, rabattu », « ses pommettes étaient roses ». De nouveau, le lecteur ne peut que remarquer le peu d’émotion de Charles qui simplement, observe une femme qu’il découvre réellement pour la première fois de sa vie.
Le déroulement entier de l’extrait, d’ailleurs, se fait du point de vue de M. Bovary mais est originellement racontée par Flaubert.
Le narrateur omniscient porte un jugement sur ses personnages. Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer le caractère trivial de la description de la jeune femme qui curieusement, se termine par l’évocation assez peu séduisante du « lorgnon d’écaille ». Cette scène n’est pas un décrite comme un coup de foudre. Seuls les sentiments de Charles sont évoqués et Emma est simplement l’objet de description de l’extrait. Lorsque l’officier de santé est sur le point de partir, il parle pour la première fois à sa future femme qui engage la conversation avec une simple question : « cherchez-vous quelque chose ? ». Il ne se passe rien et les propos des personnages restent dans la platitude. Ici, le narrateur décrit une rencontre amoureuse qui n’est pas idéalisée mais très réaliste. Charles retrouve alors Mlle Rouault à la fenêtre qui ne trouve comme exutoire à ses pensées romanesques, que « les échalas des haricots renversés par le vent ». Il semble s’inscrire une ironie presque triste du narrateur, qui fait part du décalage entre les émotions supposées d’Emma et son environnement. Il décrit alors le premier contact entre les deux lorsque M. Bovary recherche sa cravache : « se mit à fureter sur le lit », « derrière les portes », « sous les chaises ». La description de l’auteur est quelque peu sensuelle bien que sans grands artifices : « sentit sa poitrine effleurer le dos », « courbée sous lui ». Flaubert éclaire le lecteur sur le romantisme exagéré d’Emma, qui, après un simple contact physique se met à rougir : « se redressa toute rouge ».
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