Préface Francis Ponge
Commentaire d'oeuvre : Préface Francis Ponge. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Cyprien Martini • 11 Janvier 2016 • Commentaire d'oeuvre • 1 389 Mots (6 Pages) • 3 801 Vues
Le recueil «Le Parti pris des choses», a été publié au milieu de la Seconde Guerre
mondiale, en 1942 par Francis Ponge. Il s’agit de poèmes écrits en prose décrivant des
« choses », des éléments du quotidien. Le poète nous fait remarquer que nous négligeons
souvent l’importance des petites choses. Les poèmes choisis sont centrés sur des objets
désuets, des plaisirs banals, redonnant aux petites choses leur importance capitale.
Francis Ponge, dans « Le parti pris des choses » , montre sa sensibilité, son respect dans
l’humour et décrit merveilleusement dans ses poèmes la valeur inestimable, même si
éphémère, des ces objets usuels. En effet, quoi de plus dérisoire qu’un cageot mais décrit
par le poète, il en devient presque noble. Quoi de plus simple qu’une bougie mais dont la
clarté révèle monde. Quoi de plus banal que d’ouvrir une porte pourtant cette action peut
créer du plaisir. Quoi de plus ordinaire que le pain dont la croute dessine des chaines et
des crêtes merveilleuses. Quoi de plus primitif que d’apprécier la vengeance du papillon
sur la fleur hautaine par rapport à son ancienne condition de chenille. Quoi de plus
naturel que le feu qui se déplace mais dont la propagation peut être dévastatrice. C’est
dans le Parti pris des choses que l’on retrouve la vrai valeur de la banalité et
l’importance de ce qui est souvent pris comme un du. Nous allons étudier dans un
premier temps la fascination éphémère que l’écrivain a pour ses sujets de poésie, puis
nous parlerons de son humour. Dans une troisième partie nous apprécierons cet
équilibrisme poétique autour de la banalité, puis du coté scientifique que dégage la
prose.
Francis Ponge évoque des objets, il va mettre sa « science » de la poésie afin de magnifier
et d’embellir ce qu’il décrit. Pourtant cette fascination reste éphémère car si le cageot
devient un écrin pour « denrées fondantes », il fini brisé après sa première utilisation. De
même la croute de pain si fascinante, redevient vite un objet de consommation plus que
de respect. De même la bougie éclairant magnifiquement mais qui va finir noyée dans
son propre liquide. Le feu contaminant va aussi fasciner l’écrivain car il va danser, se
propager et créer des volutes de papillons quand il a fini de dévorer ses proies.
L’ouverture de la porte est également décrite comme un plaisir unique de passer d’un
espace à « un nouvel appartement », un passage excitant et physique avec un corps à
corps qui s’engage et qui ne dure que le temps de retenir sa marche. Même si l’utilisation
de ces « choses » usuelles et simples n’est que le prétexte à exprimer sa créativité
poétique, je pense que le poète est véritablement fasciné par cette beauté, cette vie, cette
action éphémère digne de leçon pour la vie. Une vision de la vie, d’ailleurs, toujours
pleine d’humour.
L’humour serait-il le propre de l’homme, en tout cas il est commun à tous les poèmes
choisis. L’humour du poète se manifeste dans les figures de styles ou dans la
personification. Par exemple, il personnifie la cagette qui se retrouve « ahurie » en
position maladroite sur la voirie et, du coup, nous la trouvons fort noble et sympathique.
La description du papillon-lampiste, qui se venge sur la fleur de son ancienne condition
de chenille, obligée qu’elle était de rester au pied des tiges, est également amusante pour
le lecteur. Francis Ponge montre encore son humour en décrivant une croute de pain magnifique à l’intérieur de laquelle la vilaine mie s’est protégée, lâche et froide et qui
finit par se déliter comme par punition de par son manque de courage face à la chaleur
du four. Les jeux de mots se succèdent, ils sont travaillés avec discrétion pour arriver à
une prose exprimant la finesse de l’humour. Le poète , en bon équilibriste, va utiliser des
verbes à double sens comme dans le cageot sur lequel il mentionne qu’il ne faut pas
s’ « appesantir » car, en fait, mettre du poids sur un cageot va le faire casser.
La notion d’équilibre instable est clairement ancrée dans la construction des poèmes. On
le voit très bien dans l’histoire de la bougie, aux formes de « colonnettes d’albâtre » qui
décime les ténèbres, qui crée des massif d’ombres mais qui, patatras, tel un vulgaire
morceau de beurre dans une poêle à frire, finie coulée, prise au piège de la cire d’abeille,
qui l’avait nourrie jusqu’à présent. La bougie est restée verticale mais retombe bien vite
comme un équilibriste fatigué, dans l’horizontalité. De même, dans « Les plaisirs de la
porte », Francis Ponge commence haut et fort en disant que « les rois ne touchent pas
aux portes », il laisse faire ça aux serviteurs, aux faquins, pourtant, patatras, ils se privent
d’un grand bonheur, la joie de passer d’un espace à un autre afin, peut-être de rendre ce
passage plus intime loin des tracasseries des rois ou autres hommes publics.
C’est pourtant
...