Ruy Blas, Victor Hugo
Dissertation : Ruy Blas, Victor Hugo. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar constance.simard • 5 Avril 2021 • Dissertation • 1 521 Mots (7 Pages) • 5 063 Vues
Victor Hugo écrit dans la préface d’Angelo(1835) : "Aujourd'hui, plus que jamais, le théâtre est un lieu d'enseignement". Dans quelle mesure cette affirmation s'applique-t-elle à la pièce de Ruy Blas ?
Le romantisme est un mouvement artistique apparu à la fin du XVIIIème siècle en Europe. Il s’oppose au Classicisme, aux Lumières et à la rationalité. Le culte du « moi » est proclamé dans une étrange sensibilité mêlée de mélancolie, de fantastique et d’exotisme, là où le sentiment oppose la raison. Victor Hugo (1802-1885) introduira au sein de ce mouvement le théâtre, et plus précisément le drame romantique, la Préface de Cromwell de 1827 en étant sa définition. Huit années plus tard, il écrit dans sa pièce Angelo qu’ « Aujourd'hui, plus que jamais, le théâtre est un lieu d’enseignement ». Cependant, cette affirmation peut être questionnée à l’aune d’une autre pièce d’Hugo, Ruy Blas (1838). Pour cela, il est nécessaire dans un premier temps d’étudier l’aspect didactique de l’oeuvre puis plus précisément, sa constitution et son contexte.
Ruy Blas est un récit qui a pour thèmes principaux le pouvoir, l’amour et la vengeance. Le personnage éponyme est un valet espagnol manipulé inconsciemment par son maître, don Salluste, qui vient d’être chassé de la cour par la reine d’Espagne. Le valet, en usurpant l’identité d’un seigneur, devient l’amant de la Reine, ce qui compromettra sa réputation. Cette œuvre contient un grand nombre de connaissances autant sur le plan culturel, politique et social que psychologique. Nous allons traiter ces différentes catégories en trois sous-parties.
Premièrement, ce drame est une analyse de l’Espagne de la fin du XVIIème siècle. La cour, la noblesse et le cadre sont décrits. Cette reconstruction historique transporte le spectateur au coeur de l’action. Ceci permets l’apprentissage inconscient d’une culture étrangère de façon ludique et légère. Le théâtre et ses enjeux peuvent alors être aperçus sous un nouvel angle, où tout comme le suggère Victor Hugo, l’enseignement occupe une place d’importance. Cependant, la subjectivité de l’auteur peut prendre une place trop grande et compromettre la véracité de la description. Elle se poursuit tout au long de l’histoire, par exemple au sein de l’acte II qui met en scène pour la première fois la reine d’Espagne. On y apprend son quotidien, loin de sa famille et négligée par le roi Charles II, son époux. Après avoir assisté à la pièce, nous sommes plus cultivé sur le système monarchique espagnol de cette époque. Malgré cela, se contenter d’une simple description objective de Victor Hugo serrait passer à côté d’un niveau plus profond d’interprétation, et donc d’un grand nombre de connaissance.
En effet, l’auteur de Ruy Blas laisse une lourde empreinte sur son œuvre qui prend une tournure contestataire. Cette empreinte est en partie identifiable grâce à l’implicite présent au long des cinq actes. Il effectue une critique profonde du monde de l’ancien régime permettant de renseigner les spectateurs sur les dessous de la société. Il dénonce les trop grandes inégalités, le roi et même la noblesse. De plus, il a un désir de généralisation où ces personnages ont une forte symbolique et correspondent à une personnalité réelle ou à un phénomène à part entière. Don Salluste et ses conseillers représente par exemple cette noblesse. Sournoise, rapace, égocentrique, débauchée et néfaste à la société, c’est ainsi que la plume d’Hugo la décrit subtilement. Il la méprise et place Ruy Blas comme un sauveur, représentant de la démocratie et des plus modestes. De ce fait, la pièce livre un enseignement politique et social, permettant de comprendre le système des années 1830. Ceci pourrait également ressembler aux prémices d’un théâtre d’« idées ».
Il y a un troisième aspect pédagogique, le côté psychologique et philosophique de l’oeuvre. A travers ses personnages emblématiques, il étudie les comportements et enjeux humains, les sentiments et les passions. Par ailleurs, ces personnages névrosés nous rappelle nos propres névroses. Des dilemmes essentiels à l’instar du choix entre le bien et le mal, la raison et les sentiments, ou encore les plaisirs terrestres, la solitude, l’abandon et l’espoir sont des sujets récurrents à la pièce. Tout ces questionnement profond sur la vie nous pousse à réfléchir sur nous-même, et que serrait l’enseignement sans la réflexion. Ainsi, des leçons de vie peuvent être acquises par procuration grâce au genre théâtral, des enseignement primordiaux qui nous servirons plus que de simples connaissances intellectuelles. Le conflit interne du personnage principal par son rôle d’héros romantique illustre ce propos. Il est déchiré entre ses aspirations et la position sociale qu’il occupe. Son amour pour la reine le démange alors qu’il n’est qu’un simple valet. Son nom symbolise cela, de l’espagnol noble (ruy) et roturier (blas). De surcroit, la tragédie s’abat sur lui et il finit victime de solitude et de mal-être. Sous cet angle, ce drame peut également être considérée de « psychologique ».
Ce récit d’Hugo a donc une visée éducative complexe, sous plusieurs angles, social, avec sa critique de la société, culturel, grâce à la reconstitution historique qu’il établit, et psychologique, lorsque l’auteur analyse les personnages. Il peut alors être considéré comme un véritable lieu d’enseignement.
Notre citation de référence débutant par « Aujourd’hui, plus que jamais » tient à être contextualisée. Elle apparaît dans la préface d’Angelo de 1835, un drame romantique et donc un lieu d’enseignement comparable à Ruy Blas. Cette fois, Victor Hugo dénonce les inégalités homme/femme et donne un aspect féministe à sa pièce, une pratique plus que rare à cette époque. Par conséquent, nous allons premièrement étudier ce que le dramaturge entend par « aujourd’hui », puis les
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