Compte rendu Alcools, G. Apollinaire, 1913
Compte rendu : Compte rendu Alcools, G. Apollinaire, 1913. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar jujuleboss • 26 Novembre 2023 • Compte rendu • 2 297 Mots (10 Pages) • 232 Vues
Compte rendu Alcools, G. Apollinaire,1913
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Durant presque deux siècles, du XVIème au début du XVIIIème siècle, la poésie ne connait pas de réelle liberté d’imagination, en effet elle respecte des codes précis l’obligeant à s’affranchir de toutes créations extérieures. Cependant, au début du XXème siècle, la France et l’Europe connaissent un développement et une effervescence culturelle remarquable. Ces dernières sont engagées dans une révolution industrielle marquée par l’automobile, la chimie et l’électricité. Niveau artistique, le cubisme fait son apparition avec “Les Demoiselles d’Avignon” de Picasso véhiculant une tout autre vision du monde. Influencé par cet esprit nouveau, Apollinaire avec Alcools remet en cause les codes poétiques traditionnels se montrant actif dans cette modernité et dans cet environnement urbain. De plus, dans sa jeunesse, Guillaume Apollinaire fut influencé par de nombreux mouvements tels que le symbolisme dans des poèmes comme “Le larron”, ou encore “Le signe”. Mais aussi par le romantisme à travers les thèmes de l’automne, ou encore l’influence de Baudelaire puisque le titre Alcools évoque l’ivresse assimilé à l’inspiration poétique de Baudelaire. Dès son plus jeune âge il se révèle être un des meilleurs élèves de de son collège. Puis il est inscrit au lycée Stanislas de Cannes et ensuite au lycée Massena à Nice ou malheureusement il échouera son baccalauréat et ne se représentera pas. Plus tard, il exercera de nombreux métiers comme journaliste, poètes, critique d’art mais aussi conférencier. Il connaitra alors son premier succès avec Alcools en 1913. Comme dit précédemment, Apollinaire est très imprégné de la littérature du XIXème siècle et en particulier de l’esthétique romantique que l’on retrouva dans de nombreux courants artistiques tel que le cubisme dont il inventera le mot en 1917. Il publie alors en 1913 Alcools. Ce recueil est composé de cinquante poèmes jalonnant quinze ans d’activité poétique. Ce dernier met en œuvre des thèmes variés comme la modernité, la nostalgie, l’alcool, l’amour ou encore le mythe que son auteur puise dans la poésie lyrique traditionnelle. Le recueil est divisé en thématiques appelés des sections. En premier lieu la section “Rhénanes”, inspirée de son voyage en Allemagne où il rencontrera Annie PLAYDEN, gouvernante anglaise. En deuxième partie il expose la section “A la santé” évoquant son incarcération alors qu’il est accusé d’avoir volé La Joconde. Et enfin, la section “Marie” exprimant sa relation avec Marie Laurencin, artiste peintre. Alcools a fait débat au sein de la communauté littéraire à sa publication en 1913 pour plusieurs raisons. Premièrement, Apollinaire utilise un style nouveau plus ou moins apprécié par les lecteurs de l’époque en utilisant des formes inédites, en mélangeant des formes du langage courant. De plus, certains poèmes du recueil étaient jugés vulgaire de par le langage et les images suggérées par l’auteur choquant les lecteurs étant habitués à une poésie plus traditionnelle. Nous développerons alors une partie argumentative qui sera constituée des idées principales du recueil et qui sera découpée en trois sous parties : le thème de l’amour malheureux ; le thème de l’alcool et le thème du monde moderne.
Les cinquante poèmes d’Alcools d’Apollinaire, constitue des thèmes multiples, mais nous allons nous intéresser qu'aux thèmes principaux choisis. A commencer par l’amour. Apollinaire est rempli du bonheur d’aimer et d’être aimé, avant de connaitre déceptions sur déceptions et de se renfermer face à l’amour. Cela est montré dans plusieurs poèmes d’Alcools notamment “ Pont Mirabeau”. “Pont Mirabeau ”fait partie de la section “Marie ”et est le parallèle de sa vie amoureuse avec Marie Laurencin, une artiste peintre du XXème siècle. Le poème est composé de quatre quatrains et de refrains sous forme de distique composé d’heptasyllabe. Il est organisé en forme circulaire avec le premier vers qui est repris sur la fin. Ce dernier met en place un fleuve faisant couler de l’eau comme métaphore du temps qui passe, topos de la littérature. En effet ce temps qui passe est destructeur qui emporte avec lui les amours passés. Face à cette destruction, le poète essaye de retrouver une complicité mais on sent que la solitude domine avec le verbe “souvenir” (v.3) et l’imparfait “venait toujours” (v.4). De plus, l’impersonnalité est présente “faut-il” (v.3), “il m’en souvienne” (v.4) soulignant l’effacement des personnes et renforçant cette solitude. Par la suite, le distique “Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure” est répété quatre fois dans le poème et le clôt montrant que tout est réduit à néant et tout recommence à zéro, depuis de début. Ce distique fait en effet preuve de destruction avec le champ lexical du temps qui passe “ nuit”, “heure”, “jours”. Le cœur du poème nous laisse un sentiment de doute face à ces premiers vers. Effectivement, le poète montre une sorte de permanence de l’amour avec l’utilisation du verbe “restons” et “éternels regards” marquant cette continuité. Ici le poète reprend la main sur la situation et crée du suspense, il ne lâche pas prise. Par ailleurs, cette fin de poème nous conclut bien la déception amoureuse du lecteur face à cette femme. Les répétitions de mots miroitées mains/mains et face/face peuvent se rattacher aux images dans l’eau du fleuve et montre alors une réelle illusion de cet amour en réalité fragile. Apollinaire continue par une comparaison entre la fuite du temps et la fuite de l’amour “L’amour s’en va comme cette eau courante” (v.13). On peut noter aussi la majuscule au vers 16 de “Espérance” créant ainsi un rappel du poème de Baudelaire Spleen – LXXVIII. Ce poème est composé d’une grande caractéristique de modernité chez Apollinaire, l’absence totale de ponctuation. Les vers s’enchainent alors les uns après les autres sans aucune pose à l’image de cette relation amoureuse surpassée par le sentiment de désespoir et de solitude. Pour Apollinaire, la femme est inaccessible, en effet selon lui l’amour n’est qu’un souvenir ou un prochain souvenir. Il n’y a pas d’amour heureux, la femme aimée lui échappe toujours et le poète est alors rempli de mélancolie. Enfin, ce type de déception amoureuse et d’échec amoureux est aussi mis en avant dans “La chanson du Mal-Aimé”, 3eme poème de son recueil.
Par ailleurs, le thème de l’alcool est récurrent dans le recueil. Il occupe une place importante dans le recueil d'Apollinaire car comme on peut le voir, c'est le titre de son recueil mais aussi parce qu’il comporte des références à l’alcool et à l’ivresse, des évocations des tavernes, brasseries, bars et des images poétiques en rapport avec l’alcool et la vigne. On peut noter tout de même qu'avant de trouver le titre définitif du recueil en 1912, l’auteur avait songé à intituler son recueil Eau de vie. Il y fait référence dans son poème “Zone” : “Et tu bois cet alcool brulant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau de vie”. Pour Guillaume Apollinaire, l’alcool n’est pas qu’une simple drogue, c’est un objet poétique. Ainsi dans “Nuit Rhénane” il exprime cette ivresse poétique. Ce poème composé en alexandrins organisés en rimes croisées introduit la série des “Rhénanes”' du recueil. Tout d’abord, poème de la brisure des verres, ce texte est aussi celui de l’ivresse des vers, avec ce sonnet cassé à qui il manque un vers. Le poème s’ouvre directement sur le thème de l’alcool avec “mon verre” (v.1), puis avec cette phrase “mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme” (v.1), ici pour Apollinaire boire est un synonyme de vie, d’inspiration poétique permettant d’accéder à un monde poétique et mystique. L’ivresse devient alors création poétique aidant le poète à continuer d’écrire. Puis au vers 2, le poème se met à l’écoute d’un autre poème “ Ecoutez la chanson”. Cet autre poème évoque une hallucination, probablement due à l’alcool avec ces “cheveux verts” (v.4) jusqu’à la troisième strophe avec ces “fées” (v.12). L’atmosphère peut être qualifiée de mystérieuse, en effet les cheveux vont “jusqu'à leurs pieds” (v.4), le champ lexical de la nuit met en lumière cette idée : “nuit”, “flamme”, “lune”. Il est intéressant de préciser que le poème possède une touche de lyrisme avec le champ lexical de la musicalité : “chantez”, “dansant”, “chanson” mais aussi avec la présence d’une forme personnelle je/moi aux vers 6 et 7. Apollinaire joue aussi sur l’homophonie “verre” et “vers”, associant alors directement l’alcool à une énergie créatrice permettant l’invention ce qui éclaire le titre du recueil, Alcools. Finalement, le poème se conclut par un verre qui se brise alors qu’il est introduit par “Mon verre”. On peut alors noter ici la structure circulaire du poème, comme le verre est brisé, le poème est fini. Ainsi, Apollinaire utilise l’alcool comme une métaphore de la recherche de la liberté et de l’expression de soi. Il accorde une grande importance à ce thème car pour lui, l'alcool est un parallélisme entre la vie et la poésie. Alcools peut aussi évoquer la soif, le désir de consommer la vie. La soif est donc synonyme de curiosité, de désir.
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