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Cyrulnik nourritures affectives

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r de ses sens ; l’homme en fonction du contexte socioculturel dans lequel il se trouve, invente en plus des codes, qui confèrent un sens aux objets absents. Le poil ou le vêtement deviennent alors des symboles et des discours qui peuvent même rendre compte du statut social de l’autre. Le sens que l’on accorde à ces codes va ainsi diminuer ou augmenter les possibilités de rencontre. Notre propre structure interne influence également la rencontre : nous sommes en effet attirés, par ceux dont les signaux entrent en résonnance avec notre personnalité.

Enfin, pour qu’il y ait relation, il faut que les émotions des partenaires soient synchronisées par un discours comportemental ritualisé ouvrant la création d’un espace émotif humain.

A quoi pensent les fœtus ?

Très tôt le fœtus peut voir, sentir, entendre et toucher, mais il s’agit toutefois de perceptions indifférenciées qui ne ressemblent pas à celles des adultes.

Au départ, les comportements du bébé sont synchronisés à la rythmicité de la mère, puis il s’en défusionne et l’on observe une automatisation de ses mouvements. Les stimulations sensorielles induites par cette défusion donneraient naissance à sa vie psychique.

Ensuite, les nombreux rêves du fœtus vont permettre l’intégration et la mémorisation des informations sensorielles, qui rendent l’enfant à naître capable de donner un sens à ses perceptions et de se représenter le monde. Ce développement peut néanmoins être altéré par des facteurs génétiques ou émotionnels.

A qui appartient l’enfant ?

La question de l’appartenance de l’enfant diffère selon les cultures. Celui-ci appartient à sa mère mais pas seulement. Dès sa naissance, l’enfant est façonné par son environnement culturel. Lorsqu’il entre en communication, il développe des comportements et une sensorialité propre à son groupe. Cette communication créée un lien affectif et montre que le sentiment d’appartenance prend davantage source dans l’attachement que dans l’hérédité biologique.

Appartenir à quelqu’un est indispensable à la construction de notre identité. L’histoire familiale et la filiation donnent une place à la personne dans le temps et organise sa perception du monde. Mais à trop vouloir appartenir, on n’existe plus soi-même. Un juste milieu est donc nécessaire pour ne pas tomber dans des déviances sociales ou des pathologies identitaires.

Les mutations de la famille ont conduit à la « déparentalisation du père » : celui-ci perd sa place, son rôle et devient pratiquement un inconnu pour ses enfants. Dès lors le sentiment de filiation est troublé et les jeunes perdent ainsi tout repère.

Notre société semble paradoxalement prôner l’indépendance au risque de l’angoisse et de la solitude. Les objets perdent également leur sens et leur valeur affective. La question de l’appartenance se pose à nouveau avec l’émergence des possibilités qu’offrent les sciences en matière de procréation.

La violence qui détruit serait-elle créatrice ?

L’absence de communication conduit à la destruction sereine d’un autre. La violence ne prend de sens que s’il y a communication et donc échange d’émotion entre l’agresseur et l’agressé. Le rituel permet l’harmonisation des relations et l’adaptation à l’autre.

Chez l’animal, le rituel, façonné par les sens et les émotions, régule la violence. Le monde de représentation de l’homme créé son aptitude à la violence en même temps qu’a la culture. Le rite permet une violence créatrice : l’opposition entre les diverses représentations interindividuelles permet l’élaboration d’un nouvel univers mental à l’origine de l’évolution culturelle.

Lorsque le rituel est fragilisé, la violence devient destructrice. Toute altération de l’espace ou contrainte sensorielle grippe le rituel qui dégénère en stéréotype. Un milieu trop pauvre mais aussi trop riche en stimulations favorise également l’apparition de ces stéréotypes. Dans une société humaine où la masse remplace l’individu, on assiste à une surstimulation sensorielle déritualisante qui brise le lien entre les personnes et transforme les échanges en violence. L’isolement génère de fortes angoisses psychiques et pousse à l’autodestruction. Seule la constitution de sous-groupes peut rétablir la ritualisation car, en inscrivant les sujets dans une structure stable, elle favorise la naissance de rites tranquillisants permettant le bon développement de chacun et l’évolution culturelle.

Le plus incestueux des incestes ?

Les incestes mère-enfant sont aujourd’hui moins dénoncés que ceux impliquant le père, pourtant ils restent les plus inimaginables du fait de la continuité sensorielle et biologique qui unit la mère à son enfant.

On observe dans le monde animal, des mécanismes de prohibition de l’inceste biologiques mais aussi éducatifs, qui conduisent à la l’éloignement du jeune mâle de sa mère. Pour les psychanalystes, c’est le lien affectif qui empêche l’inceste : on comprend alors qu’une distance affective mal régulée ou qu’une rupture de ce lien peuvent l’autoriser.

Il existe deux types d’incestes. Le premier est celui d’une trop grande proximité affective entre la mère et l’enfant qui annule le rituel de la rencontre et rend difficile la distinction entre soi et l’autre : les désirs sont alors confondus et la caresse prend valeur d’auto-caresse pour la mère pour qui l’inceste est impensable. Cette trop grande proximité affective témoigne de l’absence de forces séparatrices, notamment du tiers séparateur.

Le second type est celui de l’éloignement. Une séparation précoce longue et totale, empêche la mise en place du lien parental affectif interdicteur entre la mère et l’enfant. L’acte sexuel se fait dans un climat non-incestueux puisque les deux partenaires n’ont pas la représentation de leur statut de mère et enfant.

La proximité entre la mère et l’enfant est régie par les mythes culturels. Mais dans toutes les cultures, l’enfant doit se séparer du désir de sa mère par une violence libératrice qui lui permet d’être indépendant et d’échapper à l’angoisse de la possibilité incestueuse.

L’interdit de l’inceste, structure l’affectivité et donne au sexe un sens sacré qui empêche les transgressions sociales. Dans un environnement de pléthore affective avec le monopôle de la mère, un enfant qui refuse la haine nécessaire à la séparation trouve une issue dans l’homosexualité. L’inhibition du désir pour sa mère entraîne celle pour toutes les femmes.

La place du père est donc importante pour éviter que l’enfant ne soit dans la fusion ou dans l’opposition. On comprend alors que la déparentalisation et la déritualisation conduisent au passage à l’acte et à l’augmentation de la violence sexuelle.

La trace ou le récit ?

Le cerveau serait une sorte de palimpseste sur lequel viennent se superposer des strates de souvenirs souvent refoulés mais prêts à resurgir dès l’occasion venue. Le récit, raconte des souvenirs partiellement faux puisque notre affectivité et notre perception de l’événement les déforme. En effet le récit se nourrit du passé mais aussi du contexte du présent.

L’enfance peut déterminer certains aspects de la vieillesse. Si la vieillesse est déterminée biologiquement, l’environnement et ses stimulations l’influencent aussi grandement.

Quand le milieu socio-affectif ou la raison défaille, que l’homme se désolidarise progressivement du monde, le passé prend le pas sur le présent jusqu'à le remplacer : c’est « l’effet palimpseste ». C’est un moyen pour les personnes âgées de palier au présent qui désaffective l’objet, plutôt qu’un retour en enfance. L’objet garde alors une valeur historique qui maintient en vie.

Certains parlent de retour de l’attachement. Les personnes âgées dans un milieu affectif pauvre, s’attachent aux valeurs sûres de leurs premiers souvenirs qui assurent un sentiment d’unicité.

Le récit stabilise l’identité de l’âgé et l’inscrit dans une relation à l’autre. Par la remémoration de ces souvenirs, il garde une place dans le présent qui neutralise la survenue de la démence, tout comme une vie émotionnelle et intellectuelle stimulante.

Aujourd’hui, notre culture déritualisée fait taire les âgés et les poussent à la dégénérescence.

Le récit témoigne de nombreuses traces de la vie. Nous sommes depuis notre naissance conditionnés par la culture. Mais notre civilisation technique et déshumanisée nous fait mourir.

Partie 2 : Analyse critique

A travers son ouvrage, Boris CYRULNIK nous amène à nous rendre compte de la complexité de la vie affective.

Il m’a permis de mieux comprendre l’être humain et l’importance de l’affectivité à la base de l’organisation individuelle mais aussi sociale. Je pense comme lui que notre société qui prône la rentabilité et la performance oublie l’importance de l’affectivité. Notre société s’individualise, et le lien social, cher à la psychologie sociale, empêche la cohésion du groupe. L’intérêt pour l’autre s’épuise, on le comprend donc moins bien, ce qui nous pousse à la haine. Je pense

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